EXÉCUTIONS
Un detective – Italie – 1969
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Romolo Guerrieri
Acteurs : Franco Nero, Florinda Bolkan, Adolfo Celi, Delia Boccardo, Susanna Martinkovà…
Musique : Fred Bongusto
Durée : 100 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Italien et français LPCM 2.0 mono
Sou-titres : Français
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 01 mars 2022
LE PITCH
L’inspecteur Belli est mandaté par le célèbre avocat Fontana de faire expulser une call-girl dont son fils Mino est tombé amoureux, et d’enquêter sur un certain Romanis, le directeur d’une maison de disques, qui avait promis un poste important à Mino. Il trouve ce dernier assassiné de deux balles de revolver.
Sans scrupules
Si Le Témoin à abattre est souvent considéré comme un modèle du fameux poliziottesco, il n’était cependant pas la première enquête de l’inspecteur Belli. Déjà incarné par Franco Nero, mais mis en scène par Romolo Guerrieri (Johny Yuma, Le Temps des vautours…) Exécution, ou Un detective, connu déjà un joli succès quatre ans plus tôt.
Autre adaptation d’un des romans de Ludovico Dentice dont Belli est l’un des personnages fétiches, Exécutions n’apporte cependant pas tout à fait la même tonalité que sa future « suite » (réalisée par Enzo G. Castellari, neveux de Guerrieri), en premier lieu dans l’illustration de son personnage central. Loin du détective incorruptible, véritable machine implacable digne de la loi seul contre tous, il est ici présenté comme un flic ripoux, acceptant de part et d’autre de bonnes poignées de pots de vin et s’engouffrant dans son enquête plus par intérêt que par foi en sa mission. Misanthrope, un poil réactionnaire, misogynie cela va de soi, ce Belli n’est pas forcément des plus sympathiques, surtout que l’on note déjà une sacrée tendance à secouer les suspects et à pratique la politique de la grosse tarte dans la gueule. Frapper avant, interroger après… et cela vaut autant pour les hommes que pour les dames. Excellemment interprété par un Franco Nero froid et nerveux, il ne fait cependant pas forcément tâche dans le tableau peu reluisant que Romolo Guerrieri fait du petit monde de la mode et la musique pop italienne. Un star system habité par de superbes demoiselles (Florinda Bolkan, Delia Boccardo, Susanna Martinkovà, même Laura Antonelli… n’en jetez plus) mais gangréné par le mensonge, la perversion, la drogue, la prostitution et un chantage généralisé.
Aux innocents les mains pleines
Tout cela donne à l’affaire une forme des plus sinueuse et permet alors de multiplier les rebondissements et les faux suspects à coups de photos dénudées anonymes et de révélations sur des passés que certains auraient préféré laisser enfouis. Sortant tout juste d’un L’Adorable corps de Deborah, Romolo Guerrieri ne s’éloigne finalement que très peu du cadre du giallo, préservant la même touche d’érotisme, une réalisation qui se veut encore assez fluide, et bien entendu un whodunit dont la nature purement psychologique n’éclora lors de la révélation finale. Faisant partie des précurseurs du genre poliziottesco, alors que celui-ci hésite encore entre le modèle noir américain, le film de gangster et le western, Exécutions opte pour une voie de biais pas inintéressante, mais qui manque encore de cette hargne politisée, de cette sécheresse accablante, de cette force révélatrice d’une époque qui va en faire par la suite toute la force. Un peu bavard entre deux torgnoles, le film tente même de glisser dans cette affaire qui bat le pavé une grosse scène de voiture lancée à toute berzingue dans les rues de Rome. Excédé par le silence de la jolie mannequin qui lui sert occasionnellement de maitresse, Belli traverse la ville comme un dératé, renverse à moitié les passants et lui colle une peur bleue. Un peu gratuit mais amusant. Le film réussit cependant beaucoup mieux son final, désespéré et désenchanté comme il faut, hésitant pour l’inspecteur et l’assassin entre la rédemption impossible et une juste pénitence alors qu’un soleil cramoisi s’élève à l’horizon. L’aube du nihilisme du polar rital.
Image
Impossible de trouver pour l’instant trace sur le net d’une précédente édition HD de Un Detective, même en Italie, ce qui du coup revêt l’objet proposé par Artus Films d’une petite fierté toute nationale. Bon cela étant dit, le master est loin d’être dénué de défaut. Si les cadres sont effectivement très propres et ne laissent passer que de très rares décrochages de pellicule, on peut encore trouver les couleurs un peu ternes et surtout la définition trop en retrait. Plutôt performante dans les séquences en pleine lumière, avec même une amorce de profondeur soulignée, dès que la photographie s’assombrit, le piqué se montre moins net et quelques noirs grisonnent et paquettent légèrement.
Son
Plus directe et naturelle, la version italienne assure une clarté des plus stables sans jamais se laisser envahir par les petits grésillements et chuintements qui restent en retrait. Le doublage français d’époque est lui aussi présent mais pour le coup avec une restitution plus plate, régulièrement marquée par quelques effets de saturation. On note aussi des passages non traduits, en particulier lorsque les voix des intervenants sont of.
Interactivité
Nouveau digipack avec fourreau cartonné sobre et élégant pour Artus Films qui propose dans l’objet le disque DVD et Bluray du film. Sur ces derniers, on retrouve les mêmes suppléments avec bien entendu une nouvelle présentation complète signé Curd Ridel. Ce dernier ne s’essaye pas à l’analyse critique et préfère comme toujours retracer les vastes filmographies et carrières des acteurs et du réalisateur, ravivant dans notre mémoire nombre de productions plus ou moins célèbres, plus ou moins réussies. Suivent une toute petite intervention de Franco Nero qui repose essentiellement sur une anecdote liée à la revue de presse américaine, et une rencontre plus posée avec Romolo Guerrieri. Le réalisateur se remémore avec plaisir l’adaptation en scénario, un changement de titre qui lui fit grincer des dents et ses collaborations manifestement fructueuses avec Franco Nero et le reste du casting.
Liste des bonus
« Des tâches sur l’uniforme » : présentation du film par Curd Ridel (34’), « Traces de maquillage » : entretien avec Romolo Guerrieri (13’), Souvenir de Franco Nero (1’), Diaporama d’affiches et photos (2’), Bande-annonce.