EVIL DEAD RISE
États-Unis, Irlande, Nouvelle-Zélande – 2023
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Lee Cronin
Acteurs : Mirabai Pease, Richard Crouchley, Anna-Maree Thomas, Lily Sullivan, Noah Paul, Alyssa Sutherland
Musique : Stephen McKeon
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais et français Dolby Atmos
Sous-titres : Français
Durée : 96 minutes
Éditeur : Metropolitan
Date de sortie : 19 août 2023
LE PITCH
Alors que Beth n’a pas vu sa grande soeur Ellie depuis longtemps, elle vient lui rendre visite à Los Angeles où elle élève, seule, ses trois enfants. Mais leurs retrouvailles tournent au cauchemar, quand elles découvrent un mystérieux livre dans le sous-sol de l’immeuble, dont la lecture libère des démons qui prennent possession des vivants…
Famille décomposée
40 ans après le légendaire Evil Dead de Sam Raimi et dix ans après le remake brillant de Fede Alvarez, Evil Dead Rise joue à son tour la carte du grand manège anniversaire. Une 5ème itération qui ne lésine heureusement pas sur le gore, les hommages et les bonnes intentions, mais l’héritage reste lourd sur ses épaules.
De film culte à (courte) saga culte, Evil Dead a aussi rapidement imposé sa nature protéiforme passant un premier épisode horrifique et malsain à l’humour noir déjà assez prononcé à un pu délire grand guignol façon Tex Avery (Evil Dead 2) et même à un hommage réjouissant aux vieux films d’aventure (Army of Darkness). Idem du coté des extensions que ce soit le remake de Fede Alvarez qui optait pour un retour brutal à un cinéma d’horreur premier degré, ultra gore mais admirablement orchestré, ou l’excellente série Ash Vs Evil Dead pure délire entre fan-service et irrévérence mordante sans doute trop frappé pour la sage télévision. Une mythologie et une chronologie bien éclaté qui, avouons-le, doit être particulièrement abscons pour le grand public. En ce sens Evil Dead Rise tente alors une nouvelle fois de revitaliser « la marque » en optant non pas pour une continuité directe (le prologue et l’épilogue le rattachant au film de 2013 ont été inséré à la truelle) mais plutôt pour une variation sur le même thème. Pas de Ash à l’horizon, Bruce Campbell se contentant d’un guest en voix of et d’une place de fier producteur, mais un volume du Necronomicon découvert cette fois-ci dans les sous-bassement d’un immeuble moderne en plein cœur de Los Angeles. Un tremblement de terre et une coupure massive de réseau plus loin et Evil Dead Rise retrouve bien entendu la figure du huis-clos désormais non pas cantonnée à une maison au fond des bois mais à un bâtiment de béton. Un petit quelque chose du Démons de Lamberto Bava dans la contamination grimaçante qui passe de couloir en couloir, du Frissons de David Cronenberg aussi un peu dans la manière cruelle dont la malédiction vient malmener l’équilibre déjà fragile d’une petite famille.
« I Know Mother hates you now ! »
Un point d’ancrage que le jeune réalisateur Lee Croning (The Hole in the Ground) aurait certainement voulu placer au cœur du film, soulignant la destruction progressive et méthodique (et pour le coup bien cruelle) de Ellie et ses enfants, tandis que sa jeune sœur Beth construit en parallèle sa propre place de mère, voir de Matrice. La vie contre la mort, la haine conte l’amour, la dévastation contre la reconstruction… Le message n’est pas vraiment asséné avec beaucoup de subtilité et de toute façon les personnages restent trop en surface pour véritablement s’y prêter. On peut aussi avoir quelques réserves quant à l’utilisation de cet espace contemporain et détonnant dans le reste de la saga Evil Dead, mais où la localisation se limite plus ou moins à deux étages et où le sort de la totalité des rares voisins se joue en une seule séquence, certes bien pensée (entièrement vue par l’œilleton de la porte) mais définitivement trop courte. Evil Dead Rise se restreint là où il aurait pu se doter de hauteurs, d’une dimension plus grandiloquente. Un peu à la manière des séries B des années 80 auquel il fait penser plus chaleureusement dans ses nombreux débordements macabres et généreusement sanguinolents. De ce côté-là, la caméra de Lee Croning de lâche rien, accompagnant avec avidité les pires transformations physiques (mention spéciale à la performance d’Alyssa Sutherland), les pires insanités déversées par les bouches possédées et les pires utilisations des ustensiles de cuisines. Méchant, définitivement méchant et impérieusement généreux Evil Dead Rise retrouve l’esprit « fête foraine » de ses modèles et en explore les effets les plus gores avec jubilation. Difficile de résister alors à un spectacle définitivement bien troussé et indéniablement efficace dans ses séquences les plus bourrines, jusqu’à un grand final terriblement grotesque et hystérique.
Sans doute que l’opus n’aura jamais le même impact que le reste de la saga Evil Dead, mais la proposition n’est jamais honteuse et provoque quelques frissons de plaisirs (douteux). Dispensable mais sympathique, comme un petit verre de digestif pour les fans, qui aide à faire oublier que le plat principal est passé depuis longtemps.
Image
Mine de rien Evil Dead Rise n’est pas forcément un film aisément transposable à domicile. L’importance et la profondeur des noirs, le jeu constant sur le manque de visibilité et de lumière, entraine par exemple la copie Bluray à perdre quelques informations en cours de route. Une définition qui fait effectivement ce qu’elle peut, assurant piqué et contrastes aux mieux de ses capacités. Là, le support UHD est certainement le plus adéquate, venant explorer avec plus de finesse ces fameuses zones opaques, leur offrant un relief supplémentaire rehaussé de couleurs HDR plus soutenues et plus marquantes. Inutile de dire que les futurs diffusions streaming seront à la rue…
Son
Des mixages Dolby Atmos s’imposaient et ces derniers sont parfaitement à la hauteur. Avec une impressionnante amplitude, une dynamique fluide et constante et une spatialisation aux petits oignons, les pistes délivrent des prestations aussi tendues que généreuses, jouant habilement sur le moindre jaillissement monstrueux, les distorsions et les bruitages scabreux. Sacrément efficace.
Interactivité
L’édition américaine est nue comme un ver. L’édition française s’en sort un tout petit peu mieux avec de très courtes présentations du film par Sam Raimi, Bruce Campbell et Lee Cronin pour une projection publique et surtout un commentaire audio de ce dernier. Coup de chance, celui-ci est plutôt loquace et partage avec l’auditoire de nombreux souvenirs de tournage et quelques considérations techniques. Pas inintéressant, mais l’absence de making of se fait sentir.
Liste des bonus
Commentaire audio de Lee Cronin (VOST), Présentations (1’), Bandes-annonces.