EUROCRIME
Eurocrime ! The Italian Cop and Gangster FilmsThat Ruled the 70’s – Etats-Unis, Italie, France – 2012
Support : Bluray
Genre : Documentaire
Réalisateur : Mike Malloy
Acteurs : Franco Nero, John Saxon, Henry Silva, Fred Williamson, Enzo G.Castellari, Chris Mitchum, Richard Harrison, Luc Merenda, Joe Dallessandro, Antonio Sabato, Claudio Fragasso, Mario Caiano, Nicoletta Machiavelli…
Musique : Calibro 35, Mike Malloy, Matthew Miklos, Aaron Stielstra
Durée : 137 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0 Anglais et italien
Sous-titres : Français
Editeur : The Ecstasy of Films
Date de sortie : Mars 2024
LE PITCH
« Eurocrime » désigne un courant du polar italien violent, âpre, incorrect et très ancré dans la réalité politique de son époque, celle des années 1970. Ces œuvres ressemblent à des copies de films policiers américains, mais traitent en réalité de l’Italie des années de plomb. Les méthodes de production étaient sauvages.
The Italian Connection
Vous voulez tout savoir sur le néo-polar italien des années 1970, aussi appelé Poliziottesco ou Eurocrime ? Avec la sortie de l’excellent documentaire de Mike Malloy, Eurocrime, les éditions The Ecstasy of Films exaucent vos vœux !
Malheureusement trop rares à notre goût, les sorties de l’éditeur indépendant The Ecstasy of Films sont toujours de véritables cadeaux pour les amoureux du cinéma…Bis en particulier ! Alors que l’éditeur avait sorti quelques titres emblématiques du néo-polar italien comme Le cynique, l’infâme, le violent d’Umberto Lenzi ou La guerre des gangs de Lucio Fulci, c’est cette fois-ci le documentaire Eurocrime, réalisé en 2012, qui a les honneurs d’une sortie Blu-Ray et DVD.
Bien que nombre de poliziottescis italiens soient parus ces dernières années en France (merci aux éditeurs comme Artus, Le chat qui fume, Elephant Films ou encore les regrettés Néo-Publishing), l’accès à l’aspect documentaire du genre reste au néant en France (surtout comparé à ses cousins le western « spaghetti » et le Giallo), les livres du spécialiste Roberto Curti, par exemple, n’ayant jamais été traduit en français. La vision du documentaire de Mike Malloy s’avère donc indispensable pour les amoureux du genre et propose une vision intéressante. En effet, le réalisateur est américain et a découvert ces pellicules sanglantes italiennes (avec souvent des titres trompeurs et des versions incomplètes) grâce aux nombreux acteurs américains figurant au générique tels que les stars Telly Savalas, Kirk Douglas, John Cassavetes, Charles Bronson…
En proposant les interviews de nombreux acteurs et doubleurs américains (un studio de doublage américain était présent à Rome à cette époque) qui reviennent sur leurs expériences, le documentaire appuie sur le décalage de moyens avec les films « made in USA » et un certain art de copier les grands standards du polar américain des années 1970 comme L’inspecteur Harry, The french connection ou Le parrain.
Bobines de plomb
Le documentaire rappelle aussi l’importance d’un genre pourtant méconnu du grand public et qui devint durant quelques années une référence du polar international. Car si le cinéma Bis italien adore s’inspirer des productions américaines, il a toujours su y ajouter une sauce latine et ainsi s’approprier le genre comme avec le western. Ainsi, les intervenants italiens (Franco Nero, Mario Caiano, Antonio Sabato…) et américains (dont certains vécurent en Italie comme Richard Harrisson ou Leonard Mann) reviennent sur le contexte italien des années 1970 avec Les années de plomb, marquées par de nombreux attentats, et la présence de la Mafia, et plus particulièrement de la Camorra puisque de nombreux polars furent tournés à Naples. De nombreux « gimmicks » présents dans ces films sont aussi remis dans leur contexte comme les nombreux kidnappings qui se déroulaient alors ou les vols à la tire en moto, appelé en italien « scippo ».
Les anecdotes savoureuses sont nombreuses notamment en ce qui concerne les cascades. John Saxon ne semblait pas s’être remis d’une scène du film Baciamo le mani où on tirait à balles réelles (!), Luc Merenda rappelle que suite à une cascade sur L’exécuteur vous salue bien il conserve un handicap de 30 % ou encore l’excellent Henry Silva, bien plus sympathique que ne le laisserait croire ses rôles, nous avouait qu’il s’était « pissé » dessus suite à une cascade sur les toits ! Les tournages sans autorisation dans les rues, les placements de produits sont également évoqués comme la place, marginale, des femmes dans ces productions. Seule intervenante du documentaire, Nicoletta Machiavelli refusait ainsi souvent des rôles dans ces films… toutefois, elle figure dans Big guns, avec Alain Delon, l’un des néo-polars italiens les plus violents envers les femmes !
Alors qu’un tel film, avec ses nombreux intervenants, aurait pu s’avérer ennuyeux, Eurocrime parvient à être aussi tranchant sur le fond que sur la forme grâce à un excellent montage qui nous fait passer d’une thématique à l’autre avec l’excellente Bande originale composée par Calibro 35, groupe italien s’inspirant des standards du poliziottesco. En somme, un documentaire passionné et passionnant, indispensable pour les amateurs du cinéma Bis italien et du polar en général.
Image
Remastérisée en haute-définition, la version proposée propose une bonne définition et des cadres stables malgré la variété des sources présentes (extraits de films et d’interviews).
Son
Avec un Master DTS-HD stéréo, le son du documentaire est parfaitement retranscrit, comme la musique. Le film est proposé en version originale (anglais et italien) avec sous-titres français.
Interactivité
Réalisée grâce à une campagne de financement participatif, l’édition de The Ecstasy of Films s’avère particulièrement généreuse notamment avec les superbes visuels réalisés par Melvin Zed (illustrateur et auteur de Mad Max, ultraviolence dans le cinéma).
Dans les bonus, on retrouve avec grand plaisir, l’un des grands absents du documentaire, l’italo-cubain Tomas Milian. Dans une interview très décontractée, il revient sur ces personnages de Monezza, Il Gobbo et Nico Giraldi qu’il endossa dans une dizaine de films.
Des scènes coupées du documentaire nous sont aussi proposées, parmi elles un émouvant moment où le doubleur Michael Forest revient sur son amitié avec Frank Wolff, rencontré sur le tournage de Atlas de Roger Corman, qui s’est suicidé en 1971 à Rome. Ironie du destin, c’est Forest qui dut se charger du doublage pour Milan calibre 9…
Le Yankee Doodle Tanzi revient rapidement sur les difficultés des acteurs américains par rapport à leurs nationalités oui origines. Ainsi, Saxon avoue que le fait d’être italo-américain lui avait peut-être fermé des portes… notamment celle de Bernardo Bertolucci !
Enfin, même si les bandes-annonces ne sont pas à priori les bonus les plus consultés, saluons l’initiative de l’éditeur d’avoir regroupé plus de deux heures de Trailer de néo-polars italiens. Un régal qui nous donne envie de voir encore de nombreux films sortir dans nos contrées !
Liste des bonus
Velu, bossu et crasseux : les polizieschi comiques de Tomas Milian (15’) ; Scènes coupées et raccourcies (7’) ; Yankee Doodle Tanzi : parenthèses sur les origines ethniques et nationalités (5’); Bande-annonce documentaire Eurocrime (5’); Bande-annonce : les sorties Artus (24’) ; Elephant Films (21’) ; Le chat qui fume (18’) ; Et caetera (75’) ; Titres du catalogue (15’).