ET J’AIME À LA FUREUR
France – 2021
Support : Bluray
Genre : Documentaire, Comédie dramatique
Réalisateur : André Bonzel
Acteurs : Rémy Belvaux, Benoît Poelvoorde, Benjamin Biolay
Musique : Benjamin Biolay
Image : 1.33 4/3
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 et 5.1
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 97 minutes
Éditeur : L’Atelier d’Images
Date de sortie : 3 janvier 2023
LE PITCH
Depuis son enfance, le co-réalisateur de « C’est Arrivé près de chez Vous » collectionne des bobines de films. Grâce à ces instants de vie de cinéastes anonymes et ces traces d’émotions préservées, il reconstitue l’aventure de sa famille. Avec « Et j’aime à la fureur », André Bonzel déclare son amour pour le cinéma. Sur une musique originale de Benjamin Biolay, il raconte une histoire qui pourrait être la nôtre…
La vie rêvée des anges
Trente ans après, et presque autant d’absence, C’est arrivé près de chez vous crée avec ses comparses Rémy Belvaux et Benoit Peolvoorde, André Bonzel signe un nouveau documentaire. Un vrai cette fois, mais toujours en marge, combinant films de famille et pellicules anonymes pour reconstituer un portrait intime vivifiant et bouleversant.
André Bonzel est un curieux personnage. Et pas uniquement parce qu’il se nourrit presque exclusivement de frites. Un petit désordre alimentaire, illustré en première image par une photo d’enfance explicite, résurgence de troubles liés à l’enfance, à un rapport au père des plus compliqués, voir distendu, et peut-être aussi aux nombreux petits secrets qui entourent le passé de sa famille, comme celles de beaucoup de gens. Des personnages qu’il a appris à connaitre grâce à la grande passion de sa vie : les films amateurs. Un boulimique d’images argentiques, collectionnant ces petites bobines d’autrefois, souvent muettes, souvent anonymes, souvent abimées, souvent oubliées, qui va être bouleversé par la découverte inespérée d’archives de ses propres ancêtres. Là, des tantes et oncles, des grands-parents, des arrières-grands parents qu’il ne connaissait pas ou si peu, et des images impossibles dont il jurerait n’avoir aucun souvenir : son père qui lui caresse affectueusement la tête, sa mère qui rigole aux côtés de son mari. Les images peuvent-elles mentir ou capturent-elles une vérité cachée ? Bonzel remonte le film en remontant des heures et des heures de pellicules, comblant les trous et les absences avec les films de sa collection, reconstituant pas à pas son propre destin de cinéphiles et grand amoureux de la gente féminine, et de celui de ceux qui l’on précédé.
à la recherche du temps perdu
Un voyage libre, aux faits posés avec sa propre voix toute en curiosité et en ironie, mais où se mélange sans cesse d’authentiques souvenirs, d’autres rapportés et quelques poignées que l’on imagine aisément tenir partiellement du fantasme, de la rêverie même, emportée par quelques regards, quelques instants aperçus sur ces témoins de celluloïd. Un film de montage. Un film de son et de musique aussi où éclate avec beaucoup de tendresse et d’humour les talents d’hommes orchestre d’un Benjamin Biolay dont la voix ne se laissera entendre que par quelques murmures. Comme pour ne pas empiéter sur ce témoignage incroyablement intime, sincère, d’une troublante franchise parfois qui emporte le spectateur dans un kaléidoscope d’images en mouvements, de réinventions, de fragments de vies arrachés à l’oublie et la mort. Car si tous ces films amateurs ont comme point commun de ne s’intéresser qu’a des moments heureux, des instants de joies, ils ont dès lors un puissant pouvoir contre la mort, faisant constamment la nique à une disparition programmée. On revient alors à C’est arrivé près de chez vous par quelques images du tournage où Poelvoorde jeunot se demande avec un peu de vibrato où sera le trio dans 10 ans et ce qu’il adviendra de tout ce qu’ils sont en train de vivre et de créer, avant que le montage enchaine sobrement sur le regard face caméra de Rémy, comparse inoubliable qui a malheureusement mis fin à ses jours en 2006 en se jetant sous un train.
Un témoignage vibrant, tout en pudeur et en poésie, et dont la sublime poésie née de la beauté d’un montage discret mais puissant, parfois outré mais toujours évident, atteint malgré son aspect intensément personnel, une universalité qui frappe au cœur. Toutes les familles se ressemblent nous dit André Bonzel, toutes les vies aussi d’une certaine façon.
Image
Le rendu du film est forcément un peu particulier puisque croisant de nombreuses sources d’origines, de teintes (noir et blanc ou couleurs) et de conditions variables. L’idée étant même de laisser les différentes altérations et traces des années bien visibles. Taches, griffures, instabilité sont toujours présentes, mais homogénéisée par un impressionnant travail d’étalonnage à partir de scan 2K particulièrement pointu. Dès lors le grain, même gonflé et abimé, est presque toujours délicat, les argentiques toujours présents et les contrastes admirablement dessinés. Un voyage dans le temps, mais dans des conditions plus que confortables.
Son
Outre une piste DTS HD Master Audio 2.0 concentrée sur les avants et la sobriété, le film est aussi visible dans une mouture DTS HD Master Audio 5.1 beaucoup plus enveloppante et riche dans ses ambiances. Non pas que le spectacle sonore soit particulièrement spectaculaire, mais le mélange de la voix off toujours calme, des musiques de Biolay et les nombreuses petites fioritures du mixages (sons ajoutés, voix lointaines…) se marient avec délicatesse et soulignent à merveille l’émotion du film.
Interactivité
Quelques bonus simples mais finalement idéaux pour un tel film. La parole est naturellement laissée à André Bonzel qui partage une nouvelle fois sa passion pour la magie du cinéma et les petits films amateurs, qu’il rapproche du cinéma des origines, éclairant quelques vérités du film et retraçant une gestation beaucoup plus longue que prévu. Il est naturellement beaucoup question de montage, image et sonore, puis dans deux petits modules supplémentaires, des partitions d’un Benjamin Biolay qui avait juré ne plus produire de bande originale avant d’être totalement séduit par le projet.
Liste des bonus
« Et j’aime à la fureur », le regard d’André Bonzel (26′), La bande originale (4′), Benjamin Biolay en studio (3′), Bande-annonce.