ESCAPE FROM MOGADISHU
Mogadisyu – Corée du Sud – 2021
Support : Bluray
Genre : Aventure
Réalisateur : Ryu Seung-wan
Acteurs : Kim Yoon-Seok, Jo In-Sung, Huh Joon-Ho, Koo Kyo-hwan, Kim So-jin
Musique : Bang Jun-seok
Durée : 121 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français et coréen DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Kinovista
Date de sortie : 21 septembre 2022
LE PITCH
Au début des années 90, la tension monte à Mogadiscio. Lorsque la guerre civile éclate dans les rues de la capitale somalienne, les ambassades de Corée du Sud et de Corée du Nord, prises entre les feux des forces gouvernementales et des rebelles, doivent trouver un moyen de s’en sortir. Quitte à laisser leurs différends diplomatiques de côté.
La Fuite faite l’union
Après le précédent, et très impressionnant, Battleship Island, déjà inspiré d’évènements historiques réels, Ryu Seung-wan a connu à nouveau le succès en Corée avec Escape From Magodishu. Une œuvre encore pétrie par un patriotisme prégnant, mais cette fois-ci pour la bonne cause : l’union.
Si le réalisateur semble une nouvelle fois décidé à illustrer la longue et absurde scission géographique et culturelle des deux Corées, c’est cependant en Somalie qu’il plante sa (ses) caméra. En 1992 pour être exacte, alors que le pays va devenir le théâtre d’une violente et tragique guerre civile entre les forces du gouvernement de Siad Barre et des rebelles tribaux. Massacre de populations, villes mise à feu et à sang, étrangers pourchassés… Dans ce contexte dramatique, les petites guerres entre les représentants des ambassades de la Corée du Sud et de la Corée du Nord, leurs tentatives mutuelles de saper les relations diplomatiques avec le gouvernement en place semblent bien anecdotiques. Avant de passer aux choses sérieuses, le film semble d’ailleurs prendre un malin plaisir à décrire toutes les manigances (pas toujours légales) et la mauvaise foi partagée des deux camps, sortes d’ersatz oubliés d’une Guerre Froide qui n’en finit plus, avant de littéralement basculer dans une description frontale et brutale des premières explosions de violence dans la ville de Mogadiscio. De la quasi-comédie sur fond d’espionnage, on passe alors au Survival plus sèchement troussé avec un mélange des genres typique du cinéma Coréen qui va s’efforcer de subsister tout du long, s’amusant régulièrement des chamailleries et des fausses différences entre les deux groupes de personnages obligés de collaborer pour espérer s’échapper définitivement.
Frontière(s)
Même si certaines images font parfois penser au chef d’œuvre La Chute du faucon noir (qui décrit des évènements qui se dérouleront deux ans plus tard) et que la mise en scène nous offre des séquences d’échappées nocturnes en pleine guérilla urbaine particulièrement tendues et oppressantes, Escape from Mogadishu n’a pas vraiment les ambitions d’un film de guerre, mais plutôt d’un divertissement d’action fédérateur. Avec des dialogues qui manquent parfois de naturel, des élans sentimentaux aux gros sabots et des parallèles pas des plus subtiles, les évènements décrits s’efforcent surtout, comme une grande part des films à grand spectacle de la Corée du Sud, à tenter de soigner des plaies toujours béantes et de rappeler l’ineptie d’une situation qui gangrène ce peuple depuis 1945 ! Les maladresses, souvent sauvées par des acteurs aussi convaincants qu’attachants (le fabuleux Kim Yoon-seok de The Chaser ou The Murderer, toujours en tête), sont heureusement vite oubliées, escamotées par des images véritablement marquantes (les enfants soldats qui « jouent » à la guerre, les civils abattus devant la foule…) et par un élan fédérateur patriotique, mais jamais chauviniste, qui culmine dans une ultime fuite en voiture cabossée, haletante, bourrée de rebondissement, tendue par une fluidité de plan séquence, où viennent autant se cristalliser le « message du film » que cet autre « choc ». Celui entre deux cultures toutes aussi fracturées l’une que l’autre.
Pas exempt de bons sentiments et de quelques naïvetés, Escape from Mogadishu n’en est pas moins un divertissement tout à fait prenant qui sait aussi surprendre avec son regard plus lucide et pertinent sur son contexte éprouvant.
Image
Entièrement capturé en numérique, sur des camera ultra performante 8K mais transféré en 2K pour la post-production, Escape From Mogadishu s’impose aisément en Bluray avec une définition impressionnante, un piqué extrêmement efficace et un travail lumineux sur les teintes chaudes de la photographie. Léché certainement, seules quelques séquences sombres se laissent envahir, gentiment, par un petit bruit vidéo moins percutant.
Son
Si le film a été mixé en Dolby Atmos pour sa sortie cinéma, sa diffusion Home Cinema en Bluray ne nous permet malheureusement pas d’en profiter ici. Le DTS HD Master Audio 5.1 fait preuve cependant d’une très grande générosité dans ses effets, déployant dès que possible une spatialisation des plus amples et une dynamique musclée et tendue. Spectaculaire, un peu plus en tout cas que la version française aux effets plus écrasés.
Interactivité
Cinq minutes pour décrire les coulisses du film, quelques secondes pour le morceau de bravoure et c’est plié. Dommage.
Liste des bonus
Making of (5’09”), Featurette : « Car Chase » (0’48”), Bande-annonce (1’25”, VOST).