ÉPOUVANTE SUR NEW YORK
Q – The Winged Serpent – Etats-Unis – 1982
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Larry Coen
Acteurs : Michael Moriarty, Candy Clark, David Carradine, Richard Roundtree, James Dixon, Malachy CCourt…
Musique : Robert O. Ragland
Image : 1.77 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 92 minutes
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 23 août 2024
LE PITCH
À Manhattan, les forces de police sont confrontées à plusieurs crimes aussi atroces qu’étranges. Au même moment, un énorme monstre volant est aperçu dans le ciel de New York.
La vengeance du serpent ailé
De part son affiche et la présence d’un curieux volatile gênant, Épouvante sur New York est peut-être le film le plus célèbre de la carrière du prince de la série B Larry Coen. Un film de monstre, mais pas que, tourné en quelques semaines et en désespoir de cause… mais toujours avec la solidité et l’amour du genre du bonhomme.
Scénariste talentueux et productif, aussi bien reconnu pour sa célèbre série Les Envahisseurs, pour ses collaborations avec le copain William Lustig (les Maniac Cop, Uncle Sam…) que quelques sorties plus mainstream (Pacte avec un tueur, Body Snatchers, L’Avocat du diable, Phone Game), Larry Coen se montre beaucoup plus restrictif sur ses réalisations. Des exigences de liberté et de contrôle total, quitte à opter pour des budgets plus limités et des tout petits distributeurs, qui ont effectivement donnés tout leur sel à des propositions comme Le Monstre est vivant, Meurtres sous contrôle ou The Stuff. C’est aussi ce qui l’a poussé à s’échapper de la production entamée de J’aurai ta peau, nouvelle aventure de Mike Hammer avec Armand Assante, Barbara Carrera et Paul Sorvino, sentant les tensions et les dettes s’accumuler dangereusement. Et pour ne pas perdre la main, et sans doute aussi la face vis-à-vis de producteurs peu amicaux, il ressort immédiatement de ses tiroirs un scénario écrit quelques mois plus tôt, parlant d’une réincarnation de Quetzalcoatl cherchant ses victimes sous le ciel de Manhattan et faisant son nid en haut du Chrystler Buidling. Quelques révisions scénaristiques, quelques financiers dégottés au débottés, le pote David Carradine appelé en renfort au dernier moment et le rôle principal Michael Moriarty (alors devenu célèbre pour sa participation à la mini-série de luxe Holocauste) rencontré dans un restaurant, et vogue le navire.
L’oiseau fait son nid
Une énergie et une conviction qui ne lâchent jamais Épouvante sur New York, film d’exploitation certes, mais qui démontre encore et toujours le savoir-faire indéniable de son auteur. Là où certains se seraient contenter de jouer pendant 90 minutes à la simple chasse au monstre, Coen lui muscle considérablement son script extravagant, en se concentrant constamment sur les personnages, et en le nourrissant de trames secondaires qui finiront par se croiser, plus ou moins naturellement, dans les dernières minutes. D’un coté donc deux flics (Carradine et Richard « Shaft » Roundtree) enquêtant sur des meurtres sacrificiels un poil gores et aux contours mayas et de l’autre le destin de Jimmy Quinn (Moriarty donc, marié tant qu’à faire à Candy Clark d’American Graffiti) aspirant pianiste mais surtout truand à la petite semaine qui espère échapper à son statut de looser en profitant de sa découverte inopinée du nid du terrible prédateur. Des acteurs solides, des dialogues jamais stupides et une écriture nettement au-dessus de la moyenne, Épouvante sur New York marque aussi sa différence en laissant consciencieusement, autant pour des questions de budget que d’efficacité, en arrière-plan, n’apparaissant dans un premier temps que par quelques visions subjectives survolant la ville, l’effroi dans le regard des victimes et des témoins et l’amorce d’une patte ou d’un bec aperçu.
Malgré une affiche et une campagne promo qui jouaient la concurrence avec le remake de King Kong de John Guillermin, Épouvante sur New York préserve son attraction principale pour les vingt dernières minutes et sa bataille avec les forces de l’ordre de la ville. On notera d’ailleurs là l’excellente prestation, malgré les délais et les fonds limités, de l’équipe d’effets spéciaux menée par Randal Cook (que l’on retrouvera bien plus tard sur la trilogie du Seigneur des anneaux) et l’artiste de stop-motion David Allen, véritable successeur de Ray Harryhausen dont on a aussi pu apprécier les prouesses dans Hurlements, Willow, Chérie j’ai rétréci les gosses ou la série des Puppet Master.
Beaucoup de débrouille, mais aussi beaucoup de talents pour un mix assez réussi entre l’hommage touchant aux vieux films de monstre et le thriller / drame beaucoup plus contemporain, où l’on retrouve d’ailleurs l’attrait de Larry Coen pour les personnages en marge, un peu paumé et limite pathétiques comme ce Quinn qui semble trouver dans Quetzalcóatl (aux USA le film s’appelle sobrement Q…) une personnification de son besoin de revanche, d’existence et de reconnaissance. De la série B+ en sommes.
Image
Loin d’être parfaite la copie disposée ici par Rimini est la seule existante à l’heure actuelle. Une source plus toute jeune a manifestement été utilisée et de toute façon le film n’a jamais été un modèle de beauté, marqué très rapidement par de nombreuses taches, instabilités et transitions un peu abrupte.s Forcément les scènes à trucages optiques sont celles qui détonnent le plus avec un grain très marqué et un piqué moins acéré, tout comme les scènes les plus sombres légèrement plus plates. Cela étant dit, l’essentiel du film, dans la lumières estival New New-yorkaise délivre tout de même des performances honorables, assurant un piqué efficace, un peu de profondeur et surtout une palette chaude et vive.
Son
De la même façon, comme annoncé par un carton de l’éditeur, les pistes sonores accusent leur âge mais aussi leurs origines. Malgré le travail effectué sur la piste mono originale et son transfert en DTS HD Master Audio 2.0 toutes les fluctuations sonores n’ont pas pu être gommées. Le reste est clair et agréable, mais ne peut effectivement cacher une captation plutôt modeste. De son coté le doublage français, très typé, est plus marqué par un souffle et quelques grésillements.
Interactivité
Nouveau titre qui rejoint la collection Angoisses de Rimini Editions, Épouvante sur New York est donc proposé sous la forme d’un digipack cartonné et de son fourreau, avec naturellement à l’intérieur, l’incontournable livret making of signé Marc Toullec. Une lecture toujours aussi documentée qui est bien complétée sur le disque proprement dit par un sujet assez complet sur les effets spéciaux, la stop motion et les prestations techniques de David Allen et Randall William Cook, signé par le réalisateur Jean-Manuel Costa (Démons et merveilles).
Mais le met de choix ici reste encore et toujours le commentaire audio de Larry Cohen, accompagné de William Lustig, enregistré pour une ancienne sortie DVD. Une discussion échevelée et sans temps mort qui revient sur toute « l’épopée » du film, la collaboration avec Michael Moriarty, l’arrivée presque en catastrophe de Carradine, les soucis avec la mairie, les mises en danger de l’équipe de tournage, les ajouts gores, le succès du film et même les emprunts qu’auraient fait Roland Emmerich pour son Godzilla. Passionnant et bourré d’anecdotes.
Liste des bonus
Le livret « Un drôle d’oiseau » écrit par Marc Toullec (24 pages), Commentaire audio de Larry Cohen (VOST), « Épouvante sur New York » : effets spéciaux et stop-motion par Jean-Manuel Costa, réalisateur spécialiste de la stop-motion (17’), Bande-annonce.