ECHOES OF THE RAINBOW
歲月神偷 -Hong-Kong – 2010
Support : Bluray
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Alex Law
Acteurs : Simon Yam, Sandra Kwan Yue Ng, Aarif Rahman, Buzz Chung
Musique : Henri Lai
Image : 1.66 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 7.1 et Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 117 minutes
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 28 avril 2023
LE PITCH
La famille Law mène une vie simple mais heureuse à Sheung Wan. Le plus jeune fils rêve d’être astronaute, d’épouser Petrina Fung et d’imiter la réussite scolaire et sportive de son grand frère. La corruption, la concurrence croissante et les violents typhons viennent troubler leur routine à Hong Kong.
Souvenirs couleurs arc-en-ciel
Troisième et dernière réalisation pour Alex Law (Painted Faces), réalisateur rare qui signait là certainement son œuvre la plus personnelle et intense. Un retour sur sa propre jeunesse, sur sa propre famille et sur un grand frère tendrement admiré mais parti trop tôt.
Plus souvent en place de retrait comme producteur et/ou scénariste essentiellement sur les projets de son épouse Mabel Cheung comme The Soong Sisters, Alex Law ne sera finalement passé à la réalisation que par trois fois. Pour la screwball comedy Now You See It, Now You Don’t, mais aussi et surtout pour deux œuvres portées à la fois par une illustration d’un Hong-Kong disparu, celui des années 60, et un regard à hauteur d’enfants. Si le premier Painted Faces s’efforçait d’illustrer les premières années des fameuses Seven Little Fortunes, composées entre autres de Jackie Chan, Sammo Hung et Yuen Biao, le second est une proposition beaucoup plus autobiographique. Echoes of the Rainbow retrace donc la vie de famille des Law, fabricants et vendeurs de chaussures, et de leurs deux enfants, profitant d’une vie assez sereine dans l’un des quartiers populaires de Hong-Kong. Plus encore que dans sa première réalisation donc, Alex Law redonne corps à l’époque, forcément un peu idéalisée, de sa jeunesse, et à une citée pétrie d’espoir, d’entre-aide et d’engouements populaires.
Un cordonnier n’est pas toujours mal chaussé.
Un brin fantasmé, un brin naïf, mais ce ton premier s’explique aisément par le point de vue du narrateur du film, « grandes oreilles », le plus jeune des fils, petit garçon fantasque, plein d’esprit et de conneries qui se trimbale régulièrement un bocal sur la tête, rêvant du premier alunissage. Et la frimousse et les grimaces du jeune Buzz Chung sont irrésistibles. Malgré une certaine tendance à tomber régulièrement dans les grandes effusions sentimentales, les ralentis sur fond de musiques mielleuses (toute la romance impossible du grand frère frôle le soap), le film est emprunt d’une très touchante sincérité et d’une tendresse communicative pour les personnages, oncles et voisins compris. Avec une forte prédominance des parents, incarnés par les solides Simon Yam (PTU) et Sandra Kwan (la série populaire des Gam gai), lui plutôt introverti mais fier, elle plus expansive en matrone bourlingueuse et joviale, qui symbolisent ni plus ni moins que la force de travail, l’abnégation et le courage du peuple chinois. Alex Law rend hommage à son enfance, mais n’exclue jamais totalement les zones d’ombres, revenant sur l’épisode tragique du typhon ayant ravagé l’archipel, les difficultés financières ainsi que le statut si particulier d’un peuple « pris en otage » entre le statut de colonie britannique et la future rétrocession à une Chine continentale loin d’être dépeinte comme une terre de libertés. Dans cet entredeux, c’est le grand frère Desmond (Aarif Rahman vu dans Bruce Lee naissance d’une légende), adoré par le plus petit, moteur d’espoir pour les parents, qui est le plus souvent confronté aux injustices de la situation. Comme lorsque les parents de sa petite amie tentant de l’éloigner à cause de sa basse extraction, ou qu’il doit impérativement maitriser l’anglais dans une école privée pour espérer un bon avenir.
Comme beaucoup de comédies familiales des années 2010, mais aussi et surtout comme dans la véritable vie d’Alex Law, le destin sera plus cruel encore entrainant la parenthèse gentiment enchantée de Echoes of the Rainbow vers le drame lorsqu’on lui diagnostique une leucémie mortelle… Là encore plus que la mise en scène (un peu lourde) c’est surtout la justesse des acteurs et la véracité des sentiments qui vont faire la différence pour ce petit film profondément touchant et charmant.
Image
Pas toujours facile de retracer les origines des masters HD en provenance de Hong-Kong, même pour un film relativement récent comme Echoes of the Raibow (10 ans, une paille). Celui-ci semble provenir d’une source vidéo un peu daté, mais effectivement très propre, lumineuse et bien contrastée. Les détails sont souvent là, avec des profondeurs agréables et des gros plans au piqué souligné. Le seul souci ici étant d’avoir la sensation de perdre en cours de route les matières propres au tournage sur pellicule 35 mm avec un grain absent et quelques plans au lissage trop visible.
Son
Disponible en Dolby Digital 2.0 pour les installations sobres et en DTS HD Master Audio 7.1 pour le plus chanceux, la piste originale cantonaise affirme de toute façon ses qualités de clarté et d’équilibre. La seconde développe naturellement plus de dynamique sur les ambiances avec quelques effets de spatialisation assez bien placés, discrets et naturels.
Interactivité
Doté d’un magnifique visuel sur son fourreau cartonné et sur sa jaquette, Echoes of the Rainbow profite une nouvelle fois de tout le soin éditorial que Spectrum apporte à ses sorties. On y retrouve quelques documents promotionnels d’époque directement en provenance de Hong-Kong avec un making of composé de mini-reportage très promotionnels et une petite poignée d’interviews relativement sages et polies, mais l’éditeur a eu la bonne idée de glisser en plus deux documents maison. Une rencontre inédite avec la productrice / réalisatrice Mabel Cheung (« épouse d’Alex Law) qui revient beaucoup plus généreusement sur le fonctionnement professionnel trouvé avec son époux et sur les thèmes particulièrement personnels du film pour ce dernier. Un joli témoignage précédé par une nouvelle présentation signée Arnaud Lanuque. Comme toujours ce dernier ne se contente pas refaire le petit historique du film et les évocations des filmos, mais s’efforce de le rattacher à la tradition des comédies familiales cantonaise et à son versant plus moderne en provenance de Corée. Toujours très intéressant bien entendu.
Liste des bonus
Présentation du film par Arnaud Lanuque, Interview de Mabel Cheung , Interviews d’Alex Law et Mabel Cheung, Simon Yam et Sandre Ng, Making of, Bande-annonce.