DUNKERQUE

Dunkirk – Angleterre – 1958
Support : Bluray & DVD
Genre : Guerre
Réalisateur : Leslie Norman
Acteurs : John Mills, Richard Attenborough, Bernard Lee, Robert Urquhart, Ray Jackson…
Musique : Malcolm Arnold
Durée : 135 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français et Anglais Dolby Audio 2,0
Sous-titres : Français, Breton
Éditeur : Tamasa Distribution
Date de sortie : 22 avril 2025
LE PITCH
Mai 1940. Pour le caporal Binns et ses hommes, l’heure est grave : l’armée allemande pilonne les troupes à Dunkerque. L’évacuation doit commencer. De l’autre côté de la Manche, l’armée réquisitionne toutes les embarcations, des gros chalutiers jusqu’aux frêles esquifs, et fait appel aux civils pour aller récupérer les « Tommies » qui vivent l’enfer à quelques miles de là…
La débâcle
L’Opération Dynamo après avoir fait d’innombrables victimes a également fait couler beaucoup d’encre par les historiens et fait tourner beaucoup de pellicules par les cinéastes. Même si soixante ans séparent le film de Christopher Nolan avec celui de Leslie Norman, cette opération militaire a inspiré beaucoup de cinéastes tels qu’Henry King avec Un Yankee dans la RAF ou Henri Verneuil avec son Weekend à Zuydcoote.
Pour rappel, en 1940, l’armée allemande continue son avancée impitoyable en Europe. Elle met en déroute les forces alliées les unes après les autres en contraignant les troupes anglaises à se resserrer sur les plages de Dunkerque. Aux abois devant cette débâcle militaire et face à la pénurie logistique, l’armée britannique va réquisitionner toutes les embarcations des particuliers afin de venir au secours de leurs soldats coincés sur les plages pour les rapatrier au pays. Une idée aussi désespérée que payante. Le film, pour retracer ces événements, va s’inspirer de deux livres retraçant les faits : The Big pick-up de Trevor Dudley Smith et le livre Dunkirk d’Ewan Butler et J.S Bradford.
Quand l’histoire rencontre le film
Le célèbre studio anglais Ealing (plus connu pour ses comédies comme Noblesse oblige ou Tueurs de dames) va mettre les moyens pour illustrer ces moments historiques. C’est un gros budget pour le débutant Leslie Norman, protégé du producteur Michael Balcon. Celui-ci aura en charge de diriger un grand nombre de figurants prêtés par l’armée ainsi que de nombreux acteurs chevronnés. Parmi eux John Mills et le futur créateur du parc Jurassic, Richard Attenboroug (déjà réunis dans Ceux qui servent en mer de David Lean et Noél Coward). Mais Norman sait faire preuve de méthodes économiques pour combler un budget qui semble exponentiel. Il va centrer une grande partie de son histoire de l’autre côté de la Manche, en territoire britannique pour narrer une grande partie des événements. Il va ensuite judicieusement utiliser de nombreuses images d’archives militaires pour figurer les attaques aériennes qui lui serviront dans le montage de son film. Pareillement à son manque d’avions, Norman utilisera également des stock-shots du film la Mer cruelle pour illustrer le naufrage des navires anglais. Comme ces effets ne sont pas légion, ils passent plutôt habilement et arrivent à faire illusion grâce à un minutieux travail sonore. En bon artisan, le réalisateur ira même jusqu’à utiliser des films de propagande britannique pour se moquer de ceux utilisés par le Reich pour hypnotiser ses foules et faire passer ses idées antisémites. Il utilise également des cartes illustrant l’avancée allemande pour éviter de la montrer physiquement. Autant d’idées qui servent ses propos. Grâce à ce bon vieux système D, les coûts de production en sont largement réduits à la grande joie de la production. Très british, le film distribué par la MGM se verra couper d’une vingtaine de minutes pour sa distribution américaine. Au pays de Shakespeare, le film est un véritable succès se classant en troisième position du box-office annuel.
Le film, remis dans le contexte de son époque (nous sommes en 1958) n’a pas à pâlir de sa comparaison avec celui de Christopher Nolan. Même s’il est plus linéaire, il en est un parfait complément. Une manière de voir deux artisans créant avec les moyens techniques mis à leur disposition à des époques différentes. Une bonne raison de les visionner en parallèle.
Image
Le film, restauré pour sa sortie anglaise est particulièrement lumineux. Si la résolution est efficace, elle contraste avec les images d’archives insérées dans le film pour compenser le manque de budget. Ça reste un bon moyen de voir le travail de montage entre ce qui a été filmé et ce qui a été monté.
Son
Une VO proposant une bonne dynamique. Elle offre un contraste agréable entre les ambiances et les pistes centrées sur les voies. La piste française est plus étouffée et moins dominante dans les nuances. A noter, une fois n’est pas coutume, des sous-titres bretons sur le film (!).
Interactivité
Il est bon de s’attarder sur l’intervention d’Alexis Hyaumet. Elle est bourrée d’anecdotes de tournage, ce qui est un véritable supplément au film pour mieux en comprendre sa création. L’édition se complète avec les souvenirs de Sean Barrett alors jeune acteur sur le tournage.
Liste des bonus
« L’Héroïsme dans la défaite » par Alexis Hyaumet (24’), Entretien avec Sean Barrett, acteur (22’).