Paul Matthews est prof de biologie de l’évolution. Une matière très spécifique qui étudie les mécanismes de l’évolution des espèces. Pourquoi le zèbre est-il zébré ? Et si c’était tout simplement pour protéger le simple individu ? Le rendre invisible des prédateurs au sein même du groupe ? Une question fascinante pour Paul mais moins pour ses élèves, qui semblent pour beaucoup s’ennuyer durant ses cours. Comme sa fille lorsqu’il lui parle ou encore sa femme, qui l’aime mais avec qui, les relations amoureuses, avec le temps, se sont émoussées. Lors d’une soirée, Paul et son épouse croise une ancienne connaissance qui, sans raison, à rêvé de lui. Étonnant. D’autant que, bientôt, plusieurs personnes, dont certaines qu’il n’a jamais croisé, rêvent aussi de lui. Des rêves étranges dans lesquels soit il n’intervient pas, soit il se comporte violemment ou sexuellement. Peu à peu, le phénomène prend de l’ampleur et les portes d’internet et des réseaux sociaux s’ouvrent toute grandes pour le prof jusque-là totalement anonyme et inintéressant.

Rêves prémonitoires

Dream Scenario est le troisième long métrage de Kristoffer Borgli, qui en signe également le scénario. Un pitch plutôt futé qui met en parallèle la vie d’un anonyme qui a toujours tout fait pour le rester et un évènement indépendant de sa volonté qui va le sortir malgré lui du groupe et le rendre visible de tous. En toile de fond, le frisson de la notoriété mais son côté subi sur internet et les réseaux sociaux et, progressivement, la perte du contrôle de sa propre image. Un thème intéressant que Borgli peine parfois à rythmer dans une première partie qui s’étire inutilement, mais qui finit par mener à certaines scènes (le chaos aux airs de fin du monde au sein de l’université notamment) qui persistent longtemps sur la rétine.
A une narration totalement linéaire, le réalisateur norvégien préfère un traitement surréaliste, où rêves et réalité se mélangent. Un parti pris déroutant mais qui rend un peu plus palpable l’enfer dans lequel le personnage principal entre bientôt. Il ne sait plus qui il est. Nous non plus. Sur ce point, Cage est parfait, alternant à la perfection un Paul tantôt égaré tantôt inquiétant (la scène de l’ombre tapie dans le coin) voire fou et grotesque (les meurtres sanglants). Un rôle fait d’ailleurs sur mesure et qui fait tendre le film vers un côté méta assez intéressant quand on sait ce que l’image et la personnalité de Cage est devenue, au fil des années, sur la toile.

Un film de son temps, qui l’a bien compris, et qui donne à un des comédiens les plus iconiques de son époque un de ses meilleurs rôles depuis l’Adaptation de Spike Jonze.