DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT
Silent Night, Deadly Night – Etats-Unis– 1984
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Charles E. Sellier Jr.
Acteurs : Lilyan Chauvin, Gilmer McCormick, Toni Nero, Robert Brian Wilson, Britt Leach, Nancy Borgenicht, Linnea Quigley…
Musique : Perry Botkin Jr.
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 82 minutes
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 07 décembre 2023
LE PITCH
C’est l’histoire terrifiante de Billy Chapman. Traumatisé par le viol et le meurtre de ses parents lors d’un réveillon de Noël, le petit Billy est recueilli dans un orphelinat dirigé par des nonnes sadiques qui vont le brutaliser pendant des années. Devenu adolescent, Billy doit se déguiser en Père Noël pour le réveillon et cela va déclencher chez lui une fureur dévastatrice et sanglante : il croit avoir pour mission de tuer les méchants.
Père fouettard
Tous les ans le petit papa Noël descend du ciel avec ses cadeaux par milliers et fait le bonheur des gosses pourris gâtés qui finiront avec une crise de foie. Et puis il y a les sadiques qui en profitent pour se revisionner Douce nuit, Sanglante nuit petit slasher bien sympathique et forcément méchant qui transforme l’ami des enfants en serial killer venu punir ceux qui n’ont pas été sages. Et ils sont nombreux on le sait.
Milieu des années 80, les slashers sont à la mode et le détournement version horreur des fêtes, ou dates, américaines est devenu le petit jeu préféré des distributeurs. Les sacro-saintes fêtes de Noël n’ont d’ailleurs pas été épargnées puisque dès 1974 le genre avait forcément été traumatisé par le classique Black Christmas de Bob Clark. On compte aussi un You Better Watch Out, ou Christmas Evil signé Lewis Jackson en 1980, et qui déjà plaçait un sociopathe sous la défroque toute de rouge et blanc du célèbre distributeur de cadeaux. La ressemblance avec le présent Douce nuit, Sanglante nuit est d’ailleurs parfois assez troublante, en particulier dans l’exploration des traumatismes du personnage central qui n’est donc pas un tueur immuable, insensible et presque anonyme comme Michael Myers ou Jason, mais bien un pauvre type traumatisé. Le film de Charles E. Sellier Jr. (devenu depuis producteur de téléfilms cathos… euh ?) enfonce même clairement le clou en se concentrant durant toute sa première partie sur l’enfance de Billy, pauvre gamin qui trépignait à l’idée de rencontrer le Père Noël et qui après avoir été flippé par un grand-père sénile (mais bien sadique), va assister au meurtre de ses parents et au viol de sa mère. Et question de bien le remettre en selle, il est envoyé par la suite dans un établissement de bonnes sœurs où la mère supérieure soigne les troubles traumatiques à sa manière.
La trêve des confiseurs
Ce sont ces mauvais traitements, mélange de rigorisme religieux, de culpabilisation à outrance et de coups de ceintures qui sont les passages les plus flippants et les plus intéressants du métrage. Car une fois devenu jeune homme, après avoir essayé de se contenir comme il pouvait en tant que gentil magasinier dans une boutique de jouets (non mais quelle idée ?!), on le force à prendre la place du Père Noël et recevoir les doléances des gamins (non mais quelle idée ?!). Témoin ensuite d’une tentative de viol sur la gentille et mignonnette collègue, Billy dévisse et se met en tête de trucider tous les vilains du coin. Forcément beaucoup plus primitive et primaire, la seconde partie rejoint pour le coup beaucoup plus franchement les codes habituels du slasher, se plaçant directement dans la tradition des Vendredi 13 en zigouillant quelques adolescents passablement crétins et d’autres aux hormones en ébullition, nous permettant de profiter une nouvelle fois, et gratuitement, de la poitrine de Linnea Quigley. La mise en scène extrêmement plate de Charles E. Sellier Jr. empêche le film de décoller et de s’installer comme un authentique classique, mais il faut lui reconnaitre un mélange d’humour noir et de cruauté gratuite plutôt sympa, avec même en prime quelques effets gores bien placés. La jolie donzelle qui se fait embrocher sur une tête de cerf, le gamin décapité en plein descente de luge…
Enfin cela n’est vrai que pour la version uncut du film, reconstituée récemment, puisque la sortie du film en salle fut accompagnée d’un petit scandale mené par quelques associations de parents inquiets (et très chrétiens cela va sans dire) qui a défaut d’obtenir une interdiction totale obtiendront de nombreuses coupes : quelques effets sanglants, mais aussi quelques dialogues ou des plans de Billy insistant à priori bien trop sur son interprétation menaçante du Père Noël. Quelques minutes à peine et des plans alternatifs mais qui castrent littéralement un slasher qui devenait alors bien timide et lacunaire. Et plaisir d’offrir, joie de recevoir, les deux montages sont disponibles dans l’édition de Rimini. Joyeux Noël !
Image
Largement exploité en VHS puis DVD mais toujours sous la forme d’éditions pas franchement soigneuses, Douce nuit, sanglante nuit connu même un premier passage difficile sur support Bluray aux USA. En 2017 Shout Factory a heureusement revu tout ça avec un impressionnant scan 4K des négatifs permettant de lui offrir une seconde jeunesse. Un travail solide et creusé, assurant une définition creusée et pointue, redonnant toute leur intensité aux couleurs (et le rouge est important), mais aussi préservant autant le grain de pellicule et les reflets argentiques, que certaines griffures bien visibles. Le film garde son petit côté « exploitation ».
Attention cependant, il s’agit là de la version cinéma du film. Le montage uncut n’a pu être reconstitué qu’à partir de sources bien plus datées, dont manifestement des éléments tirés d’une VHS, et qui tranchent forcément avec le reste.
Son
La version anglaise s’offre un DTS HD Master Audio 2.0 qui lui permet de s’installer avec plus de clarté et même de surprendre par quelques petits élans dynamiques sur les enceintes latérales. L’ambiance est bien posée et ferme. On ne peut pas en dire autant de la version française, assez plate et pas incroyablement interprétée, de toute façon uniquement disponible sur le montage cut.
Interactivité
Une nouvelle petite perle du cinéma d’exploitation rejoint la collection Fantastique / Horreur de Rimini. Un digipack avec fourreau cartonné au design désormais bien connu qui contient comme le veut la tradition un petit livret making of rédigé par l’increvable Marc Toullec. Dommage de ne pas trouver de suppléments vidéo sur les disques de l’édition là où les copains américains avaient eu le droit à un long documentaire, deux commentaires audios et quelques interviews en garnitures.
Reste que même en faisant grise mine, difficile de passer à coté de cette édition qui nous propose pour la première fois le montage complet du film, bien mieux équilibré, plus cruel, plus gore et largement plus efficace. En soit ça fait déjà un programme alléchant.
Liste des bonus
Le livret « SOS Père Noël » rédigé par Marc Toullec (24 pages), film en version non censurée (92’, VOST).