DOMINIQUE : LES YEUX DE L’ÉPOUVANTE
Dominique – Royaume-Uni – 1979
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Michael Anderson
Acteurs : Cliff Robertson, Jean Simmons, Jenny Agutter, Simon Ward, Ron Moody, Judy Geeson
Musique : David Whitaker
Image : 1.77 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 100 minutes
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 1er septembre 2023
LE PITCH
À peine remise d’une grave chute, Dominique Ballard, femme d’un riche homme d’affaires, commence à être victime d’étranges et angoissantes visions. Est-elle en train de perdre la tête ? Est-elle victime d’une machination ? La demeure du couple est-elle réellement hantée ?
Vieux fantômes
Film d’épouvante ou film de complot vaguement hitchcockien, le sobrement intitulé Dominique (et pas niceuh, niceuh) tente de faire durer le suspense reposant sur quelques atmosphères à l’ancienne et un casting solide. Mais difficile parfois de donner corps à l’éthéré…
A l’origine de ce retour inattendu du cinéma britannique dans le gothique le plus classique, il y a avant tout le producteur Milton Subotsky à l’origine récente de deux films d’aventure très populaire, Le Sixième continent et Centre Terre : 7e Continent, mais qui fut surtout l’un des fondateurs de la société de production Amicus (La maison qui tue, Histoires d’outre-tombe, Asylum…) grande concurrente de la Hammer. Après quelques revers de fortune et le lancement d’une société de production de films de Fantasy qui n’aboutira pas, il se retourne donc vers un genre qu’il connait mieux et qui a longtemps fait son autorité. Quitte à opter pour un dispositif franchement éprouvé, piochant autant ses arguments dans la longue liste de thrillers noir et blanc de la Hammer, dans les bons vieux giallo de machination et bien entendu dans le défilé de thrillers nés dans le sillon des plus grands succès d’Hitchcock. Pas grand-chose de bien nouveau lorsque le film s’efforce de jouer sur la carte possible du fantastique hantant tout d’abord la pauvre Dominique jusqu’au suicide avant de la faire revenir à son tour pour tourmenter son époux. Y a-t-il vraiment de quelconques forces ténébreuses à l’œuvre ici ou tout simplement un traquenard machiavélique organisé par l’un des membres de la famille qui voudrait mettre la main sur un héritage juteux ? Le déroulé est tout de même assez prévisible et même si la révélation finale peut surprendre partiellement, c’est plus par manque de caractérisation de certains personnages que par une véritable trouvaille d’écriture.
Un petit cri dans la nuit
Peu palpitant et pas forcément aidé par le jeu assez monolithique de l’américain Cliff Robertson (devenu pour toute une génération le Oncle Ben de Peter Parker), Dominique profite cependant du savoir-faire indéniable de Michael Anderson. Un metteur en scène quelque peu oublié aujourd’hui, artisan chevronné, à l’ancienne mais plus que solide, qui livra coup sur coup les années précédentes deux films devenus cultes : L’Age de cristal et Orca. Associé au directeur photo Ted Moore (Le Voyage fantastique de Sinbad, Shalako, tous les James Bond jusqu’à L’Homme au pistolet d’or…), il tente bel et bien de créer une atmosphère mystérieuse, de retrouver les éclairages inquiétants d’autrefois à grands renforts de filtres ou de sculpter les décors baroques par des noirs écrasants, mais les longues errances du protagoniste dans les couloirs, les portes qui grincent et les voix d’outre-tombes ne font plus vraiment recettes. Quelques apparitions plus graphiques rehaussent un peu, mais clairement le film manque d’intensité. Dommage pour le reste du casting, de la grande Jean Simmons (Hamlet de Lawrence Olivier, Spartacus) à Ron Ward (Frankenstein s’est échappé, Les Trois mousquetaires) en passant par le disneyen David Tomlinson (Marry Poppins, L’Apprentie sorcière, Un Amour de Coccinelle), Judy Geeson (futur victime d’Inseminoïd) ou le vétéran Jack Warner (devenu une institution locale grâce aux plus de 400 épisodes de la série Dixon of Dock Green), sans oublier la sublime Jenny Agutter (Walkabout, L’Age de cristal, Le Loup-garou de Londres) qui semblent tous patienter en périphérie de l’action.
Michael Anderson s’en défendra d’ailleurs en accusant la production de lui avoir retiré le film des mains et coupé de nombreuses séquences assurant un meilleur équilibre dans le film. En l’état, ce dernier reste relativement honorable grâce à son élégance visuelle et une ambiance bien marquée, mais semble toujours trop tiède pour vraiment passionner.
Image
Rimini a manifestement récupéré la même source que la restauration de Vinegar Syndrome. Un travail plus que solide et éprouvé effectué à partir d’un scan 2K des négatifs 35mm qui redonne une vraie intensité filmique à l’objet. Si la photo a l’origine est très sombre, elle n’empêche pas les profondeurs, les dégradés et une présence renouvelée des couleurs et des contrastes. Quelques scories persistent encore à l’écran, quelques bords noirs frétillent un peu, mais l’ensemble préserve justement ces matières typiques d’un certain cinéma, et même le grain important, ajoute au naturel du tableau.
Son
Sobres mais fonctionnelles, les pistes monos reportées en DTS HD Master Audio 2.0 restent dans leur jus avec des restitutions frontales et directes. Dans les deux cas, même si la préférence ira à la vo, la dynamique est restreinte et un peu plate.
Interactivité
Proposé dans l’habituelle collection Angoisses avec digipack et fourreau cartonné au design reconnaissable, Dominique est accompagné comme il se doit d’un nouveau livret « making of » concocté avec soin par Marc Toullec. Pas contre rien du tout du coté du disque proprement dit si ce n’est la traditionnelle bande-annonce d’époque.
Liste des bonus
Livret de Marc Toullec, Bandes-annonces.