DEUX ESPIONNES AVEC UN PETIT SLIP À FLEUR
Ópalo de fuego: Mercaderes del sexo – Espagne, Portugal, France – 1980
Support : Bluray & DVD
Genre : Érotique, Espionnage
Réalisateur : Jess Franco
Acteurs : Lina Romay, Nadine Pascal, Olivier Mathot, Joëlle Le Quément, Mel Rodriguo…
Musique : Daniel White
Durée : 96 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 01 février 2022
LE PITCH
Une traite de blanches est organisée pour de riches clients. Le sénateur Connoly propose la mission à Cécile et Brigitte en échange de leur libération de prison. Sous de faux noms, elles se font engager dans un cabaret pour débuter leurs investigations.
Drôles de dames
Cinéaste touche à tout et incroyablement productif, Jess Franco n’aime jamais rien autant que mélanger les genres… et pourquoi pas ses préférés. Ici un croisement hautement improbable entre l’érotisme gratuit, l’espionnage au féminin et bien entendu quelques fibres de SM gothique.
Stakhanoviste increvable, Jess Franco revenait donc du côté d’Eurociné après quelques années de péloches concoctées pour le producteur suisse-allemand Erwin C. Dietrich et trois films X (dont le fameux Je Brûle de partout) relativement lucratives. Coproduction avec l’Espagne Deux espionnes avec un petit slip à fleur au titre assez fabuleux, résonne alors surtout comme une récréation pour toute l’équipe, des retrouvailles assez festives, permettant au réalisateur d’explorer à nouveau un ton semi-parodique qui en général lui réussit pas mal, comme ce fut le cas sur le réjouissant Opération Re Mida. Encore une trame de film d’espionnage d’ailleurs, avec ici des contours moins fumeti et James Bond et une atmosphère plus crue que l’on pourrait rapprocher, en faisant beaucoup d’efforts, avec les fameux thrillers paranos de la décennie passée. Ici aussi on se bat que pour la réalité explose, ici aussi les puissants manipulent la réalité et éliminent sans vergogne les tireurs d’alarmes… Mais les deux héroïnes sont deux strip-teaseuses au spectacle assez pathétique, censées enquêter entre deux parties de jambes en l’air sur les disparitions répétées de jeunes femmes célèbres.
Sans culottes
On découvrira qu’il s’agit là d’une affaire de traite des blanches organisée par un couple déviant hypnotisant les demoiselles, les violant, les torturant avant de les revendre à quelques milliardaires pervers. Des séquences qui d’ailleurs par leur cruauté, leur sexualité malade, et l’étrange déséquilibre du couple, viennent souvent trancher avec la franche pochade qui les entoure. Il faut dire que Lina Romay, avec un accent portugaish improbable, et sa collègue Nadine Pascal (Six Suédoises à la pompe) surjouent surtout la comédie paillarde et se vautrent dans le mauvais goût et la caricature outrée. Impossible aujourd’hui en effet d’imaginer un personnage comme leur pauvre assistant, jeune folle plus maniérée tu meurs faisant ressembler la bande de La Cage aux folles à une troupe de théâtre psychologique russe. Tout est dans le cliché, le ridicule, à l’instar là encore d’une joyeuse bande de hippies vivant dans des grottes et ne se nourrissant que d’amour libre, de chansons autour du feu et de révolution contre l’oppresseur. Jess Franco n’a jamais été totalement étranger aux nanars, aux vrais, ceux dont le résultat hésite entre l’improbable involontaire et la grosse artillerie irrésistiblement débile. Sommet d’un spectacle calamiteux mais rigolard, la longue et luxueuse (?) poursuite entre un hélicoptère, piloté par deux vilaines lesbiennes, et cette chère Lina Romay en bikini doré bien trop petit pour ses formes généreuses et un bonnet brillant des plus saillants vissé sur le crâne, vaut son pesant de cacahuètes.
Image
Second transfert 2K après Shining Sex, Deux espionnes… est forcément lui aussi marqué par ses origines modestes et une source sans doute assez abîmée. Quelques plans légèrement instables, une ou deux traces qui persistent encore, ce dernier sans sort tout de même bien mieux que le premier même si là encore les outils numériques de lissage sont parfois très visibles. Cela n’empêche pas l’objet de nous apparaître dans une forme extraordinaire par rapport à ses distributions précédentes, de profiter de cadres très propres, de couleurs assez bien tenues et d’une définition inespérée pour un tel projet.
Son
Artus privilégie une nouvelle fois le doublage français, le seul présent ici, avec une diffusion sobrement 2.0. La source est plutôt claire et assez homogène, mais cela ne sauvera pas forcément une post-synchronisation très approximative.
Interactivité
Pour cette seconde édition en digipack avec fourreau cartonné, on retrouve les mêmes intervenants que précédemment avec en premier lieu le collègue producteur Daniel Lesoeur, fils du fondateur d’Eurociné, qui livre quelques souvenirs sur ses petites retrouvailles avec Jess Franco, sur un opus plus léger que d’habitude, les actrices, la communauté hippie et le tournage aux îles Canary. Il laisse ensuite place au spécialiste de Jess Franco, Stéphane du Mesnidot, qui a forcément un peu moins d’analyse à apporter que sur le plus complexe Shining Sex. Il dresse les petites parallèles avec d’autres œuvres du cinéaste, les effets voulus de ses longues séquences que certains qualifient de remplissage et la personnalité plus comique mise en avant par Lina Romay.
Liste des bonus
Présentation par Daniel Lesoeur (17′), Présentation par Stéphane du Mesnildot (20′), Diaporama d’affiches et photos, Bande-annonce originale.