DÉTOUR
Detour – États-Unis – 1945
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Edgar G. Ulmer
Acteurs : Tom Neal, Ann Savage, Claudia Drake, Edmund MacDonald, Tim Ryan
Musique : Leo Erdody
Durée : 68 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 12 septembre 2023
LE PITCH
Al Roberts, un pianiste raté, traverse en stop les États-Unis pour rejoindre sa fiancée. Sur la route, Haskell, un homme en décapotable, le fait monter à son bord. Ayant pris le volant, Al s’arrête pour remettre la capote sous la pluie et découvre le corps sans vie d’Haskell. Apeuré, il se débarrasse de la dépouille et reprend son chemin. Sur la route, il rencontre Vera, une mystérieuse femme qui semble connaître Haskell…
Engrenages
Pour les amateurs de polars, les années quarante sont du pain béni pour le genre. Il vit une véritable révolution en se renouvelant d’une manière habile pour marquer durablement les esprits en réinventant les codes narratifs inhérents aux films policiers.
Le Faucon maltais 1941 (John Huston), Assurance sur la mort 1944 (Billy Wilder), Le grand sommeil 1946 (Howard Hawks). Le policier est devenu Détective, il impose son style vestimentaire, sa voix off, ses sarcasmes… Idem pour le cinéma, même si cette originalité de départ est devenue cliché, le film noir se doit de réunir ses codes et bien plus ; un noir et blanc luxueux, la vamp fatale ou les fumées de cigarette. Derrière ses grands noms de réalisateurs et ses titres incunables, des œuvres dites mineures à l’époque rivalisent aujourd’hui avec eux (Le facteur sonne toujours deux fois de Tay Garnett 1946 ou En quatrième vitesse de Robert Aldrich 1955) et la liste est longue. Parmi eux se trouve un film d’Edgar G. Ulmer au nom de Détour et effectivement, il a toute sa place dans cette liste prestigieuse. Les Huston, Hawks et compagnie font des émules, le public en redemande et les studios vont les nourrir pour deux décennies très fructueuses.
Coïncidence ? Je ne crois pas !
Le romancier scénariste Martin Goldsmith s’attaque à cette histoire tragique où le destin s’acharne sur un pauvre homme brisé par ses illusions perdues. Traversant le pays pour rejoindre sa dulcinée, il a le bonheur d’être pris en stop par un chauffeur bien trop généreux pour être honnête. Pas de bol, celui-ci meurt dans son sommeil alors qu’il venait de laisser le volant à ce pauvre auto-stoppeur. Par crainte d’embrouilles et de compromission il préfère cacher le corps plutôt que de contacter les autorités. Reprenant sa route il a la mauvaise idée de prendre à son tour une auto-stoppeuse. Le sort s’acharne. Celle-ci connaît bien plus de choses sur les évènements passés et sur le propriétaire de la voiture pour le laisser tranquille. S’ensuit des trahisons, chantages, complots en tous genres. Notre pauvre gars se noie davantage au fur et à mesure que les scènes s’enchaînent. Le metteur en scène et son scénariste ne lui laissent aucun répit. Ils jonglent sur la dualité de ces deux protagonistes. Lui constamment effrayé par l’avenir et faible, elle toujours froide ayant comme mode de vie le vice et la cupidité. Edgar G. Ulmer nous offre de la mise en scène pure démarrant dans le thriller hitchcockien pour sombrer peu à peu dans un drame kafkaïen suffoquant, usant du noir et blanc et de ses cadrages pour mieux isoler le protagoniste. Son personnage principal, de plus en plus désabusé par son destin, perd la force de se battre dans ces engrenages huilés pour sa perte. Aucun répit ne lui est permis. Ce détour mérite bien sa place avec les petits classiques du film noir, aux cotés de films comme La Grande horloge de John Farrow ou Le Voyage de la peur d’Ida Lupino. Autant de titres à rajouter à votre collection.
Image
Si la copie montre quelques imperfections, le travail de remasterisation est bien là. Les contrastes du noir et blanc sont particulièrement probants sur les gros plans (la sueur sur le front des personnages) comme les plans d’ensemble (les brouillards). Ça vaut le… Détour.
Son
Pas besoin d’esbroufe pour obtenir un bon son. Une piste voix claire, une musique jamais envahissante, un bon équilibre et le tour est joué.
Interactivité
Hormis les bandes-annonces de la collection, nous retrouvons Stephen Sarrazin dans l’interactivité. Fan du film, il en fait un bel éloge malgré son ton soporifique. Bonus à ne regarder qu’après le visionnage car le monsieur aime commenter le film en mode spoiler.
Liste des bonus
Le Film par Stephen Sarrazin (15’), Bandes-annonces.