DES HOMMES D’HONNEUR
A Few Good Men – Etats-Unis – 1992
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Rob Reiner
Acteurs : Tom Cruise, Jack Nicholson, Demi Moore, Kevin Bacon, Kiefer Sutherland, Kevin Pollack, James Marshall, J.T. Walsh…
Musique : Marc Shaiman
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos anglais, Dolby Digital 5.1 français, espagnol, allemand…
Sous-titres : Français, allemand, espagnol, anglais…
Durée : 138 minutes
Editeur : Sony Pictures
Date de sortie : 3 juillet 2024
LE PITCH
Deux jeunes marines, Louden et Dawson, abattent, au cours d’une action disciplinaire désignée « Code Rouge, » un de leurs camarades, Santiago. C’est le lieutenant Daniel Kaffee qui est désigné pour assurer leur défense lors de leur procès.
Le procès de la décennie
Au sommet de sa carrière de réalisateur Rob Reiner (Stand By Me, Quand Harry rencontre Sally…) signe un, désormais, classique du film procédural avec Des Hommes d’honneurs, production au casting 5 étoiles qui marquait aussi la découverte d’un cador de l’écriture : Aaron Sorkin.
Ex-star de la télévision devenu un cinéaste adulé durant les années 80 / 90, Rob Reiner n’a jamais caché son appartenance à une vieille école du cinéma américain. Une méthode d’artisan caméléon qui lui a permis de passer du documenteur culte This is Spinal Tap au thriller éprouvant Misery tout en versant dans le conte réinventé (Princesse Bride), la chronique de jeunesse (Stand By Me) ou la comédie romantique avec un Quand Harry rencontre Sally toujours inégalé. Une mise en scène éprouvée, posée et soignée (mais jamais figée), toujours au service de l’histoire et surtout de ses personnages / acteurs. Une méthode qui devait assez naturellement croiser l’un des sous-genres préférés du cinéma américain : le film de procès. Comme souvent d’ailleurs Des Hommes d’honneur est plus ou moins inspiré d’un fait divers réel survenu au sein des troupes parquées à Guantanamo, et qui permet de confronter le système judiciaire à la morale toute particulière des troupes militaires, leur sens de l’honneur, du respect de la hiérarchie et de l’obéissance. Une première partie en forme d’enquête quasi policière où le spectateur observe le jeune avocat et son équipe en quête de preuves pour innocenter leurs clients mais aussi batailler avec leurs propres faiblesses, et une seconde plus largement circonscrite au procès proprement dit avec ses inévitable coups de théâtres, espoirs brisés et duels d’égos.
Les cadors du barreau
Classique, bien mené, bien troussé, constamment sculpté par les sublimes lumières de Robert Richardson (JFK, Casino, Kill Bill…), un scope majestueux et un savoir-faire hollywoodien indéniable, Des Hommes d’honneurs aurait pu rester sobrement un exercice calibré et divertissant, s’il ne profitait pas de deux atouts majeurs qui font toute la différence. Le casting imparable en premier lieu où l’on croise la jeune génération d’alors (Kevin Bacon, Kiefer Sutherland… et même Noah Wyle et Cuba Gooding Jr pour quelques scènes), où Demi Moore fait montre de subtilités qu’on lui croyait inconnues et où surtout la star Tom Cruise, toujours parfait dans le rôle du petit génie à la limite du petit con arrogant, tient la dragée haute à un Jack Nicholson imposant en Colonel tyrannique aux accents inquiétants de chien de guerre. Rob Reiner est un très grand directeur d’acteurs et réussit toujours à tirer le meilleur de ceux-ci, l’apothéose étant ici bien entendu un face-à-face final électrique tout en regards et en éloquence. Il faut dire qu’ils sont tous particulièrement bien servis par un scénario plein de nuances et de subtilités et aux échanges tranchants. Jeune auteur tout juste révélé par la version théâtrale du même texte, Aaron Sorkin n’est alors pas encore la référence absolue de A La Maison blanche (une des meilleures séries de tous les temps), The Social Network, Steve Jobs ou The Newroom, mais impulse déjà cette énergie verbeuse reconnaissable, mélange de frénésie informative, de vivacité d’esprit et de bons mots tout en ironie. Sa connaissance pointue des milieux judiciaires et politiques crédibilise les dialogues rafales et une trame qui évitent les pièges des effets de robes, tout en s’approchant au plus près, et toujours avec raffinement des personnages, et surtout de leurs interactions, amicales ou professionnelles.
Dès lors Des Hommes d’honneur devient véritablement un film passionnant, classique et à l’ancienne dans sa forme, mais presque juvénile et en tout cas on ne peut plus moderne dans ses prestations. La rencontre Rob Reiner et Aaron Sorkin sonne comme une évidence et le duo remettra le couvert avec le plus léger, mais tout aussi réussi, Le Président et Miss Wade trois ans plus tard.
Image
Le Bluray (toujours visible dans cette édition) a beau dater un peu, il faut reconnaitre que le traitement y est toujours aussi solide et convaincant. Légèrement plus proche (il est sorti il y a 8 huit ans aux USA), l’UHD de Des Hommes d’honneur prolonge chaleureusement les bons soins prodigués par Sony. A partir de nouveaux scan 4K des négatifs 35 mm l’éditeur a forcément considérablement amélioré sa performante, accentuant le piqué de l’image, soulignant la profondeur des cadres, dynamisant les teintes et les contrastes dans un HDR10 plus « réaliste », tout en redisposant plus naturellement un joli grain et des argentiques du meilleur effet. Un ou deux plans sont moins percutant (un gros plan de Nicholson plus granuleux et d’autres un poil trop doux), mais l’essentiel est particulièrement convaincant.
Son
Le film de Rob Reiner est plutôt sobre sur ses intentions sonores, se reposant énormément sur ses dialogues, ses atmosphères feutrées et la musique un peu ronflante de Marc Shaiman. Avec minutie et délicatesse, la piste Dolby Atmos l’accompagne au mieux et assure un meilleur dynamique dans les échanges verbaux et un meilleur écho dans le tribunal. Sobre, énergique et naturel, loin devant le Dolby Digital 5.1 vieillissant du doublage français, de bonne qualité au demeurant.
Interactivité
Comme souvent le nouveau disque UHD ne reprend que le commentaire audio, plutôt placide mais pas désagréable, de Rob Reiner. Les autres segments sont restés sur le Bluray d’origine avec le making of « Code de conduite » au ton relativement promotionnel qui revient essentiellement sur les personnages du film, leurs interprètes et la direction d’acteurs du réalisateur, et le second, sans doute un plus intéressant, qui se consacre à Aaron Sorkin qui revient sur son travail d’adaptation de sa propre pièce et sa découverte in situe de la dynamique particulière du cinéma demandant plus de mouvements et de décors.
Liste des bonus
Commentaire audio du réalisateur, Code de conduite, De la scène à l’écran.