DEMONIA
Italie – 1990
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Lucio Fulci
Acteurs : Brett Halsey, Meg Register, Lino Salemme, Christina Engelhardt, Pascal Druant
Musique : Giovanni Cristiani
Image : 1.66 16/9
Son : Anglais et italien DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 89 minutes
Éditeur : Carlotta Films
Date de sortie : 4 juillet 2023
LE PITCH
Une équipe d’archéologues canadiens dirigée par le professeur Evans se rend sur les ruines d’un monastère médiéval sicilien pour entreprendre des fouilles. Mais lorsque Liza, la protégée d’Evans, part à la recherche d’une explication aux visions troublantes qu’elle a eues, elle réveille l’esprit de trois nonnes adoratrices de Satan mises à mort des siècles plus tôt par une foule violente, déclenchant une orgie de violence vengeresse sur les explorateurs qui ne se doutent de rien…
Fulci, le mort-vivant
Jamais distribué officiellement en France avant le présent Bluray, Demonia faisant partie des dernières réalisations de Lucio Fulci, fut longtemps précédé d’une réputation calamiteuse. Est-ce pour cela que l’on ne peut s’empêcher de le visionner avec indulgence ? Ou parce que derrière les airs de DTV fauché on ne cesse d’y desceller les fantômes d’un grand cinéaste en train de s’éteindre ?
Pour l’ensemble du cinéma italien, la deuxième moitié des années 80 et les années 90 seront tout simplement terribles. Une lente mise à mort d’une industrie autrefois fructueuse, aventureuse et passionnante jusque dans ses excès. Forcément Lucio Fulci fit partie des plus grandes cinéastes de cet âge d’or et tente, comme beaucoup d’autres, de s’accrocher aux murs jusqu’à la tombe. Calé après Les Fantômes de Sodome, Soupçons de mort et juste avant Nightmare Concert, Demonia fut à nouveau un projet permettant tout simplement à Fulci de continuer à tourner, à créer, quitte à se contenter d’un scénario relativement médiocre (sans doute bâclé par le réalisateur en personne) et une nouvelle collaboration avec le producteur Ettore Spagnuolo avec qui l’ambiances avait déjà été bien tendue sur un précédent Aenigma. D’ailleurs certains témoins du tournage n’hésitent pas à accuser Fulci d’avoir planté une partie de la production par pure vengeance… Ce qui vu le caractère du bonhomme est tout à fait plausible. Fauché comme les blés, doté d’un scénario pas des plus passionnants, d’une musique balourde (ou est Fabio Frizzi quand on a besoin de lui ?) et d’un casting relativement catastrophique, il n’aurait pas fallu grand-chose pour que Demonia coule définitivement comme beaucoup d’autres. Mignonnette mais terriblement fade et le regard constamment vide d’un lapin pris dans les phares d’une voiture, l’héroïne, joué (sic) par Meg Register, parait ainsi bien loin de l’intensité des anciens personnages féminins chers à Fulci.
Décompositions
Pourtant dans cette énième histoire de nones fantômes rejaillies de la tombe, dans ses effluves de possessions démoniaques Z et ses longues minutes de flottements parfois légèrement gênantes, on trouve effectivement d’authentiques restes du talent poético-morbide du signataire de L’Au-delà ou Frayeurs. Dans les flashbacks essentiellement où le décor du (véritable) couvent abandonné et de ses catacombes habitées par la mort et par une décrépitude maladive redonne un vrai souffle à la mise en scène (oui il y a plein de zooms). La photographie de Luifi Ciccarese (déjà présent sur Aenigma justement) se montre même plutôt habile pour capturer la chaleur étouffante et le soleil aveuglant de la Sicile, tout en insistant sur l’atmosphère fantomatique et irréaliste du film. Comme cette séquence de rêve particulièrement réussie capturant une pauvre Liza seule au milieu d’une arène antique désertée. Autre preuve de résistance, les nombreuses mises à mort, fermement attendues par les fans, qui jouent encore assez fièrement la carte d’un gore à l’ancienne avec un langue clouée dans le sol, quelques énucléations, un écartèlement, une victime coupée en deux… et bien entendu ces pauvres nonnes crucifiées comme lors de la grande ouverture de L’Au-delà.
On le sait déjà bien malade et fatigué, sans doute conscient que le meilleur de sa carrière appartient au passé, Lucio Fulci invoque ses monstres d’autrefois et instaure un étrange dialogue, forcément amer et désabusé, avec son heure de gloire tant regrettée.
Image
Comme Arrow l’année dernière, Carlotta reprend ici la superbe restauration effectuée en 2020 par Severin Films. Ni plus ni moins qu’un luxueux scan 4K des négatifs originaux… Sacré luxe pour une petite production comme Demonia qui forcément ne peut pas toujours atteindre les auteurs espérés. Les cadres ont été parfaitement nettoyés et stabilisés, les couleurs se redécouvrent une énergie très marquée, en particulier dans les séquences contemporaines, mais l’économie de moyen et les choix esthétiques ne facilitent pas toujours la taches. La colorimétrie souvent saturée et surtout la photographie voilée, voir carrément floue dans les passages les plus oniriques, aboutissent à une patine pas toujours ferme et solide. Le master en présence ici est cependant sans aucun doute le meilleur résultat que l’on puisse tirer sur Bluray… De là à demander un UHD…
Son
Le film étant longtemps resté inédit en France, il n’existe donc pas de version doublée. On retrouve alors sur la galette les pistes postsynchronisées italienne et anglaise. Dans les deux cas, le jeu des acteurs n’est jamais vraiment convainquant et le mixage sonore toujours assez plat et désincarné. Il est amusant de comparer les deux cela-dit pour entendre les nombreuses différences d’intentions avec des dialogues secondaires ou des bruitages qui disparaissent de l’un à l’autre.
Liste des bonus
Bande-Annonce.