DEMON WIND
États-Unis – 1990
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Charles Philip Moore
Acteurs : Eric Larson, Francine Lapensée, Rufus Norris, Jack Forcinito, Stephen Quadros, Mark David Fritsche, …
Musique : Bruce Wallenstein
Durée : 98 minutes
Image : 1.85:1, 16/9ème
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Le Chat Qui Fume
Date de sortie : 30 avril 2022
LE PITCH
Désireux d’éclaircir son passé, Cory retourne dans la ferme familiale où vivaient autrefois ses grands-parents, mystérieusement disparus soixante ans plus tôt. Dans cette expédition, le jeune homme s’entoure de sa copine Elaine et de quelques amis. Une fois sur place, ils vont subir l’assaut d’une horde de démons, …
Un petit tour et puis s’en va
Ancien assistant passé à la réalisation le temps de quelques DTV anonymes et fauchés typiques des 90’s avant de disparaître totalement de la circulation, Charles Philip Moore a droit aujourd’hui à une séance de rattrapage avec la sortie en blu-ray de son premier long-métrage, Demon Wind, série B horrifique sous influences.
La carrière de Charles « Chuck » Philip Moore débute en 1987 sur le tournage d’Au-delà du cauchemar (Twisted Nightmare, au pays de l’Oncle Sam), une production indépendante menée par Paul Hunt et Sandy Horowit et pensée pour faire la tournée des campus et des drives in. D’électricien, Moore surprend par son enthousiasme et se retrouve aussitôt promu assistant réalisateur et ira jusqu’à réaliser une poignée de scènes lors de sessions de tournage additionnelles. Le jeune homme harcèle des producteurs qui se savent redevables et arrache au forceps la réalisation de Demon Wind, d’après un scénario dont il est lui-même l’auteur. Au croisement d’Evil Dead et des Demons de Lamberto Bava, le projet se révèle plutôt ambitieux mais doit composer avec un budget en peau de chagrin et un tournage ne pouvant dépasser une vingtaine de jours. Moore s’en tire pourtant avec les honneurs, incitant son équipe à se surpasser pour un résultat qui a de la gueule et s’avère plutôt rentable pour ses investisseurs. Il enchaîne avec des productions toujours aussi modestes et destinées à garnir les étagères des vidéo-clubs. De la castagne avec Don « The Dragon » Wilson dans Blackbelt (autre titre connu : Kickboxer Cop), du thriller carcéral avec Live By The Fist où vient cachetonner George « Sulu » Takei, du thriller sexy avec Angel Of Destruction, de la science-fiction avec New Crime City, Not Of This Earth ou Terminal Man. Moore réalise parfois, écrit tout le temps, à chaque fois au service de poulains de l’écurie Roger Corman dont un certain Fred Gallo. Et depuis 1999, plus rien, silence radio. Ou qu’il soit aujourd’hui, la paternité de Demon Wind lui revient entièrement et il peut en être fier.
Cabin Fever
Une bande de potes guidés par leurs hormones plus que par leur cervelle, une vieille bâtisse abandonnée à la campagne, des démons, des incantations, des possessions et une bonne dose de gore : Demon Wind ne secoue guère par l’originalité de son script, lequel se met à tourner à vide à mi-parcours et se révèle incapable de résoudre son déchaînement de forces maléfiques autrement que dans une certaine confusion héritée du bis transalpin. Heureusement, Charles Philip Moore a la bonne idée de nourrir son bébé de références multiples et parfaitement digérées. Le score électronique de Bruce Wallenstein, un brouillard maléfique et le siège mené par les démons sur la petite ferme font écho aux films de John Carpenter, une petite fille rousse maléfique et muette ainsi qu’un véritable amour des plaies purulentes renvoient à la poésie morbide de Lucio Fulci, l’onirisme ou le surréalisme de plusieurs scènes font autant penser à Wes Craven qu’à David Lynch et on retrouve même une touche de Lovecraft dans cette histoire de fermiers maudits par une divinité impie qui les a transformé en monstres difformes. Putride, malsaine, bizarre, pessimiste, l’atmosphère dans laquelle Demon Wind baigne est sans conteste son point fort. Et en dépit des contraintes et des effets spéciaux qui le limitent dans ses mouvements, Charles Philip Moore signe une mise en image solide et énergique. Cerise sur le gâteau, il ne se prive pas non plus de petites excentricités, comme cette petite culotte exhibée dans un dîner crasseux ou ce pote magicien qui pratique aussi le karaté et dézingue du possédé au fusil à pompe comme dans du James Cameron.
De quoi faire oublier une interprétation globalement calamiteuse, à peine dans la moyenne. Une anecdote pour conclure : venu rendre visite à sa femme, maquilleuse sur le tournage, Lou Diamond Philips fut enrôlé plus ou moins discrètement par la production et recouvert de latex pour interpréter un démon parmi tant d’autres. Un caméo bénévole et facilement repérable, la star de La Bamba étant le seul à imprimer une gestuelle crédible au milieu de figurants que n’aurait pas renié un Ed Wood cherchant à boucler en vitesse un énième nanar.
Image
On retrouve avec bonheur la copie tirée d’un scan 2K réalisé pour la sortie du film en blu-ray US chez Vinegar Syndrome. Malgré des défauts de pellicule encore visibles de ci, de là, l’image est respectueuse d’une photographie ayant eu toutes les peines du monde à jongler entre différents types de pellicules. Ce qui provoque un grain plus ou moins prononcé selon les scènes. Mais jamais au détriment de la définition et sans bidouillages numériques. Le maître mot du jour est l’authenticité.
Son
Une stéréo surpuissante qui souligne la moindre basse, le moindre coup de feu et la moindre explosion d’horreur avec une vulgarité jouissive. Le doublage français est un peu terne mais possède encore un soupçon de charme vintage.
Interactivité
Le Chat Qui Fume a eu la très bonne idée de reprendre l’essentiel des suppléments produits par Vinegar Syndrome avec un trio d’entretiens offrant chacun un angle d’approche singulier sur la production de Demon Wind. Un peu surpris d’être là, le producteur Sandy Horowitz s’emmêle un peu les pinceaux dans une poignée d’anecdotes qui semblent appartenir à une ancienne vie un peu oubliée. Plus enthousiaste, l’actrice Sherry Leigh revient sur la bonne ambiance du tournage, la personnalité entraînante de Charles Philip Moore et la fameuse participation de Lou Diamond Philips dont elle garde en souvenir un polaroïd dédicacé. Mais les propos les plus intéressants sont ceux de Thomas Callaway, le directeur de la photographie qui revient en détail sur les défis d’une production à petit budget, de la variation du stock de pellicule au contrariétés des effets optiques en passant par des décors devant être reconstruit en extérieur de toute urgence pour une scène où un cascadeur est supposé prendre feu.
Liste des bonus
Produire Demon Wind avec Sandy Horowitz (26′), Jouer dans Demon Wind avec Sherry Leigh (16′), Filmer Demon Wind avec Thomas Callaway (20′), Bande-annonce.