DELIRIO CALDO

Italie – 1972
Support : Bluray
Genre : Giallo, Thriller psychologique
Réalisateur : Renato Polselli (sous le pseudo Ralph Brown)
Acteurs : Mickey Hargitay, Rita Calderoni, Raul Lovecchio, Carmen Young, Christa Barrymore, Tano Cimarosa…
Musique : GianFranco Reverberi
Durée : 102 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Italien et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Le Chat qui Fume
Date de sortie : 30 décembre 2024
LE PITCH
Psychiatre criminologue de profession, Herbert Lyutak mène une double vie. Tueur en série psychopathe souffrant d’impuissance, il assassine des jeunes femmes, tout en collaborant avec la police chargée de retrouver le tueur. Lorsque Marzia, son épouse, fouille dans ses affaires, un linge taché de sang lui confirme les soupçons qu’elle avait déjà. Alors que Lyutak devient suspect aux yeux de la police, un nouveau meurtre vient le disculper totalement. Les soupçons s’orientent bientôt vers Croquette, voiturier d’une boîte de nuit…
Et elle m’a mis la fièvre !
Film longtemps interdit en France, puis classé X, Delirio Caldo de Renato Polselli est un Giallo assez surprenant, qui ose le mariage des genres, les scènes de sexe décomplexées, tout en associant une intrigue ramifiée et des visions cauchemardesques et baroques.
Renato Polselli est un cinéaste italien qui a œuvré autant dans le mélodrame (Ultimo perdono et Delitto al luna park), que dans l’horreur gothique (La Maîtresse du vampire et L’Orgie des vampires), avant de bifurquer vers le Giallo et d’achever sa carrière dans la pornographie. Sa particularité étant d’avoir toujours joué sur la porosité entre les genres. Delirio Caldo, qu’il réalise en 1972, est ainsi un Giallo qui soulève des thèmes dramatiques tout en proposant des images horrifiques et, bien évidemment, de caviarder le tout de scènes à l’érotisme très cru. L’une des singularités du scénario de ce Giallo un peu hors du commun, est de présenter son « héros », Herbert Lyutak, comme un psychiatre œuvrant volontiers aux côtés de la police afin d’apporter ses lumières sur certaines affaires. Or, il s’avère être en parallèle un furieux psychopathe qui dessoude des jeunes femmes afin d’assouvir une passion et une lubricité contrariées, puisque Lyutack est impuissant. Dès la première séquence, le personnage est ainsi présenté alors qu’il traque une proie avant de l’assassiner dans un torrent. Tout le paradoxe du personnage, sa complexité sont ainsi exposés. Alors que sa femme, Marzia, ne va pas beaucoup mieux, elle qui lui est dévouée corps et âme, l’attend patiemment, tout en assouvissant ses propres pulsions sexuelles avec une amie et l’employée de maison. Un tableau chargé en termes de refoulé et de sexualité extrêmement (dé)bridée. C’est ce qui fait la saveur de ce Giallo qui lorgne plus assurément vers le thriller psychologique. L’enquête policière qui enserre progressivement Lyutack, alors que Marzia commence également à avoir de sérieux doutes sur son mari, prend une tournure à la fois surprenante lorsqu’un autre tueur, qui agit suivant les mèmes méthodes, commence à essaimer les cadavres de jeunes femmes, alors que le psychiatre s’avère automatiquement disculpé.
Couple au bord de la crise de nerfs
Pour composer ce couple au bord de la crise de nerfs, Renato Polselli réunit le comédien américain Mickey Hargitay (Les Vierges pour le bourreau, Lady Frankenstein) et l’actrice italienne Rita Calderoni (Les Nuits perverses de Nuda), pas les deux acteurs les plus mémorables qui soient, mais deux comédiens qui apportent un côté fiévreux et frappadingue à leurs personnages. Le film se singularise également par ses nombreuses scènes oniriques, quasi psychédéliques, des visions généralement saphiques, aux fantasmes décomplexés et au cours desquels le mâle impuissant se retrouve témoin et enchaîné, sous des éclairages vifs, assumant un côté baroque, imbibé d’un aspect malsain. Si l’identité du second tueur ne laisse pas trop place au mystère, malgré quelques suspects potentiels évidents, les scènes de meurtre, adoptant les codes du Giallo, s’avèrent souvent plutôt bien vues. Tout autant que les passages érotiques, dont la gratuité ne dissimulant absolument rien des charmes de ses interprètes, est contrebalancée par une résonance au sein de l’intrigue qui justifie le caractère sexuellement prononcé et déviant d’à peu près tous les personnages. Le film s’achève dans un délire paroxystique de démence et de folie incontrôlable. Même si l’ensemble finit par faire fi de tous les garde-fous et côtoyer le n’importe quoi, Delirio Caldo s’avère avoir suffisamment de personnalité pour s’extraire du tout-venant des Giallos classiques. C’est pourquoi on le considérera plus comme un thriller psychologico-psychédélico-érotique, auquel le réalisateur Renato Polselli apporte une vraie identité visuelle. En termes de bizarreries imparfaites mais à découvrir, Delirio Caldo se pose là, vaillamment !
Image
Fidèle à ses habitudes, Le Chat qui Fume livre ici une édition à l’image restaurée vraiment de toute beauté. Même si certains rares passages baissent en qualité (définition moins probante, flou, couleurs qui bavent), l’ensemble du film s’avère visuellement très attractif, mettant en valeur ses gros plans et la photographie souvent très inspirée de Ugo Brunelli qui y est magnifiée.
Son
La qualité sonore des séries B italiennes et autres Giallos des années 70 n’est bien souvent pas le point fort des éditions vidéo, contraintes de faire avec un matériel souvent défectueux d’origine. Ici, on est en présence d’un film qui sort de l’ordinaire sur ce point, tant les dialogues et l’ambiance sonore générale s’avèrent d’une clarté assez incroyable. La musique de GianFranco Reverberi n’est d’ailleurs pas en reste.
Interactivité
L’éditeur propose un entretien téléphonique du réalisateur Renato Polselli, datant d’il y a quelques années, ce-dernier évoquant sa carrière de manière générale avec beaucoup de générosité. Dommage cependant de ne pas avoir un focus plus orienté sur le film qui nous intéresse ici. C’est ensuite le compositeur Gianfranco Reverberi qui s’exprime au sein d’un échange où il évoque son travail. Enfin, une section séquences coupées donne à voir des chutes de scènes intégralement issues des moments érotiques, où l’on découvre des extensions plus gratinées de ce qui figure dans le film.
Liste des bonus
Radio Polselli (21’) ; Du pure délire avec le compositeur Gianfranco Reverberi (14’) ; Séquences coupées ou alternatives du montage français (5’).