DEADPOOL & WOLVERINE
Etats-Unis, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Canada – 2024
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Comédie, Super-héros
Réalisateur : Shawn Levy
Acteurs : Ryan Reynolds, Hugh Jackman, Emma Corrin, Morena Baccarin, Rob Delaney, Jennifer Garner, Wesley Snipes, Channing Tatum, Chris Evans…
Musique : Rob Simonsen
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Audio 7.1 Français, Allemand, Italien…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, italien…
Durée : 128 minutes
Editeur : Marvel Studios
Date de sortie : 27 novembre 2024
LE PITCH
Après avoir échoué à rejoindre l’équipe des Avengers, Wade Wilson passe d’un petit boulot à un autre sans vraiment trouver sa voie. Jusqu’au jour où un haut gradé du Tribunal des Variations Anachroniques lui propose une mission digne de lui… à condition de voir son monde et tous ceux qu’il aime être anéantis. Refusant catégoriquement, Wade endosse de nouveau le costume de Deadpool et tente de convaincre Wolverine de l’aider à sauver son univers…
Les avengés
Carton monumental de l’été dernier et ultime sursaut d’un univers cinématographique Marvel que tout le monde disait déjà anéanti, Deadpool & Wolverine s’engouffre tête baissée dans tous les travers du film de super-héros, s’en moque, et ne fait pas beaucoup mieux, mais avec une bonne humeur foutraque, et presque naïve, assez réjouissante. Mais, et s’il y avait aussi un petit cœur qui bat là-dedans ?
S’il y a bien un acteur qui s’est totalement accaparé son personnage, c’est bien Ryan Reynolds et son Deadpool qu’il aura sauvé de sa première incarnation foireuse croisée dans le premier film solo de Wolverine, le transformant en projet incontournable pour la Fox grâce à une petite opération marketing bien sentie déjà aux airs d’entourloupe généralisée. Quelques X-Men dépassées et licornes chevauchées plus loin, Deadpool s’élève même au-dessus de la mêlé d’un monde Marvel en plein déclin, s’imposant solidement au box-office et sur le marché vidéo, tout en restant une figure d’autant plus populaire qu’elle se veut foncièrement irrévérente et n’hésite jamais à se moquer des camarades du Marvel Studio. Bref un candidat idéal au rôle de sauveur pour une entreprise qui boit la tasse. Voilà qui réjouit forcément Reynolds / Deadpool, qui devient effectivement dans ce troisième opus le dernier espoir du Multivers. Ce fameux truc sous lequel sont en train justement de s’étouffer les Avengers et autres Spider-man, mais qui devient surtout l’occasion de définitivement légitimer l’existence du personnage dans la grande histoire Marvel en invoquant une branche de films qui avaient préfigurés ou qui étaient restés à bonne distance de la chronologie officielle. Comme annoncé fièrement dans un pré-teaser hilarant (et c’est dans le titre aussi), Deadpool & Wolverine fait donc revenir sur le devant de la scène un Logan auquel Hugh Jackman avait fait de superbes adieux avec le duo X-Men Days of Future Past et Logan, mais qui par le petit jeu des réalités alternatives (et des hommages appuyés à des décennies de comics) se pare désormais de son costumes jaune historique et de sa mauvaise humeur habituelle.
Équipe bis
Mais il ressuscite aussi de vieux fantômes comme la torche des 4 fantastiques incarnée par Chris Evans (gros délire méta à la clef), l’Elektra de Jennifer Garner ou l’énorme Blade de Wesley Snipes, dans un ultime au-revoir à une ère beaucoup moins cohérente, pas toujours des plus glorieuses, mais peut-être plus libre et moins markettée. Des funérailles pour l’antique 20th Century Fox (le logo géant en ruine et visible dans un désert de concepts perdus), et d’une certaine façon un traitement de ce multivers chaotique sans doute plus légitime que la plupart des essais concurrents (de No Way Home à The Flash) apportant un peu d’émotion et de nostalgie dans une farce gigantesque qui fuse aussi vite que le débit de parole d’un Deadpool infatigable. Même si le charisme de Hugh Jackman est toujours aussi éclatant (et sa musculature plus désirable que jamais), c’est une nouvelle fois Ryan Johnson qui fait le show, insuffle le tempo et embarque tout le monde dans son impertinence de cartoon, son mauvais goût de comédie trashouille, brisant le quatrième mur comme on crashe dans la soupe, soulant les grands vilains (Cassandra Nova avait un fort potentiel…) par sa volubilité éreintante et ses références à foison allant jusqu’à se démultiplier dans un mélange de mégalomanie et d’auto-flagellation sidérante. Au milieu de toute cela, il faut reconnaitre qu’il ne reste plus beaucoup de place pour donner un peu corps à la tragédie personnelle de Wade Wilson et cette humanité qu’il peine à retrouver, voir même pour cette vague histoire de destruction des réalités défaillantes en lien avec la fameuse TVA initiée dans la série Loki, qui tourne inévitablement à la farce eau-de-boudin.
Accompagné par son vieux compère Shaun Levy (Free Guy, Adam à travers le temps) à la réalisation, Ryan Reynolds persiste et signe, réussissant même à faire oublier les temps morts et l’onanisme des deux premiers films pour se livrer à une performance en duo qui appelle rapidement à un tombé de rideau collectif qui n’est pas sans une petite once de tendresse. Certains le trouveront toujours aussi fatigueant (Wolverine en témoigne), mais en poussant sa folie jusqu’au bout, Deadpool montre qu’il vaut mieux du Marvel schyzo que du Marvel sans personnalité.
Image
Tout beau, tout numérique et entièrement capturé par des caméra Arri Alexa de dernière génération avant d’être transféré en 4K, Deadpool & Wolverine a toutes les qualités techniques des derniers blockbusters Marvel en date, affirmant totalement son esthétique tape-à-l’œil, ses couleurs pimpantes, ses contrastes massifs et plus généralement son identité de comicbook live. Si déjà le disque Bluray en met plein la tronche sans jamais défaillir, son homologue UHD accentue encore considérablement ses effets grâce à une définition nettement plus creusée, des variables et intensités de teintes plus poussées encore et un meilleur traitement (à deux-trois exceptions prêt) des images de synthèses. De la Rolls 4K en sommes, rutilante, toute lisse et un peu là pour craner (ou compenser quelque chose).
Son
Naturellement la piste anglais Dolby Atmos reproduit à merveille tous les excès spectaculaires et les monologues incessants de Ryan Reynolds, avec une dynamique extrêmement ample et énergique, multipliant les effets de spatialisation avec une rare générosité. Calibrée, limpide, toujours claire et percutante, elle fait de l’ombre au pauvre petit Dolby Audio 5.1 du doublage français qui semble lui coincé sur un DVD, pointu certes, mais DVD quand même.
Interactivité
Au vu du sujet principal du film, on aurait tellement aimer retrouver ici un vrai documentaire sur l’ère près-MCU. Malheureusement le sujet se réduit à une petite featurette un peu nostalgique avec nos acteurs sur le retour, placée proprement aux côtés d’un sujet sur le comeback de Wolverine, un making of de la grande scène finale et son plan séquence deadpoolien, et les attendus bêtisier et délire en roue libre de Reynolds pour les affamés. Le petit portrait hommage réservé à l’architecte décorateur Ray Chan permet de mettre en lumière un travail trop souvent oublié dans les sections bonus.
Un contenu qui reste cependant très classique et un peu expédié, heureusement sauvé par l’excellent commentaire audio enregistré par le réalisateur et son acteur / scénariste qui délivrent très généreusement de nombreux éclairages sur la création du film, ses inspirations et certains choix techniques… entre deux blagues bien entendu.
Liste des bonus
Commentaire audio de Shawn Levy et Ryan Reynolds (VOST), « Sur du Madonna : Le plan ultime » (6’), « Du réel ou rien : Hommage à l’art de Ray Chan » (10’), « À toutes fins utiles : Les héros de l’héritage » (10’), « Wolverine » (6’), « La Hotte de Deadpool Hohoho 3 » (3’), Bêtisier (4’), 3 scènes coupées (2’).