DEAD SILENCE
États-Unis – 2007
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : James Wan
Acteurs : Ryan Kwanten, Amber Valletta, Donnie Wahlberg, Michael Fairman, Joan Heney, Judith Roberts
Musique : Charlie Clouser
Image : 2.40 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 91 minutes
Éditeur : BQHL éditions
Date de sortie : 26 avril 2023
LE PITCH
Depuis que la maléfique ventriloque Mary Shaw a été pourchassée et assassinée, le petit village de Ravens Fair est en proie à une série de meurtres sordides. Alors qu’il retrouve sa femme sauvagement tuée, un des habitants du village décide d’élucider lui-même le mystère terrifiant de Mary Shaw : pourquoi ne doit-on jamais hurler de peur en la voyant ?
Chuuuut. Y a Bambi qui dort.
Bien longtemps avant les franchises Insidious et The Conjuring, juste après le malin Saw et avant le couillu Death Sentence, le jeune James Wan se lançait avec Dead Silence dans un film d’horreur old school habité par des pantins machiavéliques et une sorcière terrorisante.
Parachuté nouveau petit maitre du cinéma d’horreur après le succès phénoménal du premier Saw, James Wan a très vite senti qu’il avait intérêt à s’écarter quelque peu d’une nouvelle série qui plongeait rapidement dans les effets tocs et la violence purement gratuite. Un peu de production, une participation au script du troisième, Wan préfère se consacrer à une vraie carrière de fan de films de genre, plutôt que de se faire enfermer dans son propre concept. Loin donc du torture-flick contemporain, Dead Silence montre tout l’amour immodéré du jeune homme (31 ans à peine) pour les grands classiques de l’horreur gothique. Un tableau superbement photographié par John R. Leonetti (The Woods) qui recherche autant les reliefs de l’architecture anglaise façon Hammer, que la palette saturée de rouge de l’école italienne et en particulier des univers de Mario Bava et Dario Argento, idoles avouées de Wan. Clairement, Dead Silence prouva à tous ceux qui en doutaient encore, que le réalisateur reste sans doute l’un des meilleurs esthètes du cinéma d’épouvante de ces dernières années. Visuellement somptueux, le métrage écarte donc toute la sophistication des productions actuelles au profit de la recherche d’une ambiance lourde, faisant naitre dans chaque recoin de l’image, dans chaque zone d’ombre, une présence inquiétante, un écho trouble et oppressant.
Tout bien du ventre
On reconnait déjà, quelques années justement avant Insidious ou The Conjuring, la tentation de développer une mythologie horrifique à la fois inédite et aux origines fermement ancrées dans les racines du conte gothique. Ici donc un village oublié, entièrement sous le coup d’une légende funèbre et d’une malédiction portée par une ventriloque que l’on aurait enterrée avec ses poupées. Comme il se doit, Jamie Ashen (Ryan Kwanten) sur les traces de la personne qui aurait assassiné sa femme de manière des plus spectaculaires (en lui arrachant sauvagement la langue), remonte le fil de son passé, de ses origines, et tente de faire la part de vérité dans les vieilles histoires qu’il avait entendu enfant. James Wan sait pertinemment que le scénario qu’il a rédigé avec son comparse Leigh Whannell est foncièrement classique et même relativement prévisible, mais il en dépasse constamment les dialogues un peu lourds et la présence embarrassante d’un détective exaspérant interprété par Donnie Wahlberg, en multipliant les grandes séquences de frousse. Le réalisateur ne joue pas au petit malin mais use au maximum de son théâtre macabre (le décor final est splendide), de l’inquiétante étrangeté de ces fameuses poupées de ventriloque, et même de la personnalité élégante de sa croquemitaine, capable de se métamorphoser rapidement en variante beaucoup plus déviante.
Trop souvent oublié dans la carrière de James Wan, Dead Silence était pourtant une vraiment démonstration de maitrise stylistique, un film d’épouvante à l’ancienne mais modernisé avec talent. Un film qui comme ses meilleurs opus, peut authentiquement foutre la pétoche.
Image
BQHL reprend naturellement la copie HD exploitée autrefois par Universal. Pas de soucis à cela, cette dernière était extrêmement performante avec une définition pointue, une palette de couleurs fortes et subtiles, un grain et des argentiques bien présents même si on pourra desceller parfois de très légers scintillements.
Son
Reposant essentiellement sur les ambiances, Dead Silence profite ici de pistes PCM 5.1 5.1 particulièrement enveloppantes, jouant parfaitement des effets arrières et des atmosphères envahissantes et dynamiques. A noter bizarrement un niveau sonore un peu bas qui oblige à monter le niveau entre le menu du Bluray et le film proprement dit.
Interactivité
Dead Silence a semble-t-il connu quelques hésitations en post-production, comme en attestent les quelques courtes scènes coupées, ainsi que l’ouverture et fin alternatives. De courts passages inédits présentant un personnage passé à la trappe (le serviteur du père du héros) et surtout toute une trame désormais gommée. Difficile de savoir quelle version convenait le mieux au réalisateur, mais il faut reconnaitre que le final présent dans les suppléments s’avère encore plus tarabiscoté et malsain que celui inclus dans le montage final et aurait clairement changé la donne. Dead Silence n’ayant pas été un grand succès (loin de là), il faudra se contenter en sus d’une courte featurette sur le tournage, d’un sujet sur Mary Shaw (avec légende et effets spéciaux à l’appui) et un dernier passage sur les évolutions d’une séquence de la conception jusqu’au final généré par infographie.
Tout ces suppléments étaient déjà proposés sur le Bluray d’Universal. BQHL y ajoute une présentation inédite par le journaliste Vincent Nicolet (Culturopoing) qui replace Dead Silence dans la carrière débutante de James Wan, évoque ses multiples références, son style et plus largement son statut actuel dans l’industrie américaine.
Liste des bonus
Présentation du film par Vincent Nicolet (29’), Début alternatif (2’), Scènes coupées (4’), Fin alternative (4’), Making of (12’), Les Secrets de Mary Shaw (7’), Les dessous des effets spéciaux (4’).