DEAD END DRIVE-IN
Australie – 1976
Support : Bluray
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : Brian Trenchard-Smith
Acteurs : Ned Manning, Natalie McCurry, Peter Whitford, Wilbur Wilde
Musique : Frank Strangio
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français Dolby Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 88 minutes
Éditeur : Extralucid Films
Date de sortie : 29 mars 2023
LE PITCH
Dans un futur proche, les drive-in sont transformés en camp où la jeunesse défavorisée et désœuvrée est parquée dans des conditions atroces. Crabs et sa jeune amie sont conduits dans un de ces camps, dont ils feront tout pour s’échapper.
Australian Graffiti
Rejeton relativement tardif de la grande vague du cinéma d’exploitation australien, Dead End Drive-in, ou Le Drive-In de l’enfer en France, est un mélange détonnant de série B adolescente et de brûlot politique sur fond de dystopie pré-apocalyptique. Un film mutant comme seule la Ozploitation pouvait en offrir.
Réalisateur souvent mal considéré à cause d’une carrière entièrement tournée vers la série B (voir Z) et souvent résumée à de bien tristes exactions (Leprechaun 3 et 4…) à partir des années 90, Brian Trenchard-Smith fut pourtant l’un des premiers metteurs en scène australien à imaginer dès 1975 un renouveau du cinéma populaire local avec, par exemple, L’Homme de Hong Kong, tentative étonnante de film de Kung-Fu à Sidney avec la participation de l’illustre Jimmy Wang Yu. Il connait même quelques petits succès au début des années 80 avec Les traqués de l’an 2000, Le Gang des BMX (où on aperçoit une toute jeune Nicole Kidman) et le rip off des Goonies : Le Secret du lac. A une époque où le soufflet du boom de l’industrie est en train de méchamment retomber, il signe pourtant son meilleur film : Dead End Drive-In. Un lointain cousin de Les voitures qui ont mangé Paris de Peter Weir et bien entendu de Mad Max de George Miller, où une nouvelle fois dans un futur proche et au bord de l’effondrement, la dernière valeur résistante semble être la culture de la grosse cylindrée, de la vitesse, de la voiture rutilante et puissance, modèle d’une réussite, d’une liberté et d’une rébellion datant… des années 50. Ici les accidents et les morts se multiplient, tandis que les carrossiers se battent sur les cadavres pour récupérer les épaves, et les Drive-In, hauts lieux de la jeunesse célébrée avec nostalgie dans le American Graffiti de George Lucas, sont devenus des sortes de ghetto dans lesquels sont parqués les jeunes rebelles.
Génération oZ
Une prison à laquelle la plupart semblent assez bien s’adapter puisqu’ils sont continuellement gavés de films violents, de bouffes grasses et de boissons sucrées (« jus d’orange ? n’y en a pas ici ! ») incités continuellement à laisser s’exprimer leurs plus bas instinct. Une vision totalement décadente de la société du divertissement où les jeunes générations se vautrent dans le nouvel opium du peuple, totalement contrôlées par les autorités qu’ils prétendent rejeter, s’enfonçant même volontier dans les discours propagandistes nauséeux lorsque les bus de flics viennent déverser dans ce parc concentrationnaire des nouveaux pensionnaires immigrés. Le Drive-In de Brian Trenchard-Smith fonctionne comme une cocotte-minute, une Australie montée sous pression, mais avec l’habillage pop et sexy du ciné de genre à la mode : esthétique pétante, néons partout, musique rock, looks punks, un soupçon de nudité… Le film se paye même une partie des cascadeurs de Mad Max 2 pour délivrer une évasion finale filmée avec nervosité à raz le bitume et détruisant avec bonheur le décors fait de cadavres de voitures remodelées.
Dead End Drive-In n’a certainement pas l’outrecuidance de se croire subtile dans ses connotations politiques balancées joyeusement en pleine face et son metteur en scène est souvent loin de la perfection de George Miller, mais ce mélange détonnant, particulièrement acide, n’a fait que se bonifier avec le temps. Pur produit de son époque certes, mais avec un soupçon de triste pertinence intemporelle en plus.
Image
Restauré il y a déjà plus de cinq ans, mais avec beaucoup de soin, Dead End Drive-In a connu les honneurs d’un scan 2K des négatifs originaux et un nettoyage éprouvé de toutes les images du film. De quoi éliminer pratiquement toutes les taches, griffures et autres traces sur la pellicule, mais aussi de réétalonner les couleurs pour leur redonner toute leur flamboyance 80’s à coups de filtres rougeoyants, de néons et d’effets légèrement vaporeux. Avec une source très granuleuse et ces particularismes esthétiques, le master HD doit forcément parfois un peu s’accrocher pour rester limpide et parfaitement défini, mais les apparitions floconneuses et les légers artefacts de compressions sont vraiment très rares.
Son
Si la version française est bien présente, on ne saura que trop la déconseiller tant son interprétation calamiteuse lui donne des airs de DTV fauché. La version originale beaucoup plus soignée, remasterisée elle aussi, se dote d’une énergie beaucoup plus soutenue avec une restitution DTS HD Master Audio 2.0 forcément frontale, mais équilibrée et énergique.
Interactivité
Dans son petit digipack avec fourreau tout fin, Extralucid Films a glissé quelques bonus intéressants. A commencer par une interview inédite du réalisateur Brian Trenchard-Smith qui se remémore avec plaisir la réécriture du scénario, le tournage du film et sa difficile distribution. Il y discute aussi les liens entre le film et le reste de la Ozploitation, et en particulier le phénomène Mad Max. Il en est forcément à nouveau question dans la rencontre avec Melvin Zed, auteur de Mad Max Ultraviolence dans le Cinéma, qui revient sur la nouvelle originale Crabs de Peter Carey, le report amoureux des australiens avec la culture de la grosse voiture, sur les évolutions économiques du cinéma australien et sur les visions dystopiques inoubliables qu’il a pu nous offrir.
Liste des bonus
Entretien avec Brian Trenchard-Smith (21’), Entretien avec Melvin Zed (28’), Un message de Brian Trenchard-Smith (1’), Bande-annonce.