DE SI GENTILS PETITS MONSTRES
The Children – États-Unis – 1980
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Max Kalmanowicz
Acteurs : Martin Shakar, Gil Rogers, Gale Garnett, Shannon Bolin, Joy Glaccum
Musique : Harry Manfredini
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Durée : 93 minutes
Éditeur : Pulse Vidéo
Date de sortie : 31 mai 2023
LE PITCH
En rentrant de l’école en bus, les enfants d’un petit village passent près d’une centrale. Entrant dans un nuage toxique, les adorables garnements vont être transformés en petits monstres, capables de faire frire leurs victimes en les enlaçant !
La Mauvaise éducation
Surprenant succès dans les drive-in américain et grand classique des vidéoclubs français quelques années plus tard, De si gentils monstres marqua clairement les esprits par son affiche stylée, ses quelques gamins transformés en zombies et de rares maquillages habillement bricolés… Un peu moins pour ses grandes qualités artistiques.
Né un peu par hasard dans l’esprit de quelques cinéphiles rêvant de faire un jour leur place dans l’industrie, quitte à commencer par la toute petite porte, The Children s’est essentiellement constitué autour du trio Carlton Albright, Edward Terry et Max Kalmanowicz, chacun ayant apporté leur petite pierre à l’édifice : le pitch de départ pour les deux premier, une équipe technique fraiche et dispo pour le second, et quelques maigres finances pour les trois. A la débrouille en somme mais non sans un soupçon d’ambition puisque les trois compères ne furent pas loin d’embarquer Kevin McCarthy, héros de L’Invasion des profanateurs de sépultures, dans l’affaire. Las, finalement le casting n’est composé que de visages anonymes, de seconds seconds rôles, de starlettes et de gamins dont certains font partie de la famille. Difficile dès lors d’attendre beaucoup de justesse dans les interprétations, jamais très loin de l’amateurisme, entre regards hagards, hésitations malheureuses et réactions outrées voir hystériques. Même les gosses qui ne doivent pourtant se contenter que de tendre les bras en gémissants « mummy ou Daddy » à l’occasion, semblent tourner un home video. Il faut dire que ces zombies en culottes courtes, victimes d’une contamination radioactive très sélective, se révèlent étrangement bien plus malins lorsqu’il s’agit de déverrouiller une porte, grimper sur les toits ou tendre des pièges à leur infortunés parents.
« Prendre un enfant par la main… »
Faut-il vraiment chercher une cohérence ici ou une quelconque crédibilité ? Pas vraiment, The Children, pure série B (voir Z parfois), ne se gène même pas lorsqu’il faut présenter une pauvre grosse démembrée de ressortir quelques bouts de mannequins même pas sanguinolents. Plus convaincant, les victimes de l’étreinte toxique des petits monstres affichent des visages squelettiques et cramés plutôt réussis. De quoi relancer régulièrement l’intérêt du spectateur pas forcément très aidé par la mise en scène assez pataude de Max Kalmanowicz (on le retrouve 4 ans après aux commandes du trip sexy alien Dreams Come True et puis c’est tout) et par un scénario qui comble souvent les trous comme il peut en multipliant les personnages secondaires inutiles et en se trainant derrière une enquête policière peu énervée. La seconde partie du film, se resserrant sur la demeure de parents attendant leur petit dernier, se montre heureusement un poil plus efficace et surtout bien plus cruelle quant au traitement réservé aux enfants innocents (ou non). Un soupçon d’humour noir, une vague critique environnementale et sociétal (le monde adulte est tout de même bien à la ramasse), De si gentils petits monstres gagne in extremis ses galons de petite madeleine de Proust de l’horreur, rappelant la belle époque des séries B bricolées avec plus d’amour que de talent, mais aussi les premiers pas d’une équipe technique que l’on retrouvera à peine quelques semaines plus tard sur le bien plus culte Vendredi 13. Un certain Barry Abrams, directeur photo qui sauve par ses effets de lumières et ses effets de profondeur pas mal de plans, et Harry Manfredini compositeur qui entre deux hommages à Psychose travaille consciencieusement les futurs thèmes qui le rendront célèbre.
Un tout petit film mais définitivement attendrissant (à défaut d’être flippant) et qui rappellera forcément plein de souvenirs aux bisseux qui eux non plus n’ont pas toujours très bien vieilli.
Image
Longtemps distribué par-dessus la jambe (on aime bien les copains de Troma mais bon…), The Children a brillamment été repris en main par Vinegar Syndrome qui a effectué, comme à son habitude, une restauration impressionnante. Un nouveau master composite basé à la fois sur un scan 2K du négatif original et sur certains segments hérités d’une copie 35 plus abimées pour combler les trous. Les passages de l’un à l’autre son visibles avec bien entendu un grain plus proéminent, des teintes moins tenues et quelques griffures encore visibles pour la seconde, mais qui n’entache en rien la précision redoutable et la définition impressionnante de toutes les autres séquences. Le grain y est fin et organique, les couleurs naturelles et subtilement contrastées… Toujours étonnant de voir les petits miracles que ces techniciens arrivent à obtenir, même avec ce type de petites séries B.
Son
Nettoyées elles aussi, les pistes monos d’origine restent forcément un peu dans leur jus. La clarté est plus poussée, mais la version anglaise est toujours habitée par quelques crissements et autres effets de distances, tandis que le doublage VHS écrase le moindre relief.
Interactivité
Nouvelle collection nostalgique pour Pulse Vidéo qui plonge dans la belle époque des séries B prenant la poussière sur l’étagère de réserve des vidéoclubs du coin. Logique donc de proposer le film dans sa mouture VHS bien crado et brutalement recadrée question de rappeler quelques antiques sensations. On reste dans la même idée avec l’excellent programme de vieilles bandes annonces avec voix off pourris et doublages expédiés où l’on croise pêlemêle Cinq fois la mort, Les Aventuriers de la 4ème dimension et même Braindead !
Plus classique, mais tout aussi étonnante, la rencontre avec Carlton J. Allbright et David Platt permet aux deux vétérans de se remémorer la production du film, la participation manquée du grand Kevin McCarthy dans le rôle principal, les qualités discutables de metteur en scène de Max Kalmanowicz, et même les propositions douteuses autour de la scène avec un chien mort ou la participation d’un dealer de drogue du coin. Pas de langue de bois pour sûr. L’édition s’achève par un petit retour pépère sur les différents lieux de tournages avec l’effet hier / aujourd’hui.
Liste des bonus
Le film en VHS Vision, Interview avec le scénariste et coproducteur Carlton J. Allbright et le directeur de production David Platt (17’), Retour à Ravenshack (10’), Bandes-annonces, Programme de bande-annonces VHS concocté par Otto Rivers (30’).