DARK WATER
仄暗い水の底から -Japon – 2002
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Hideo Nakata
Acteurs : Hitomi Kuroki, Rio Kanno, Mirei Oguchi, Asami Mizukawa, Fumiyo Kohinata
Musique : Kenji Kawai, Shikao Suga
Image : 1.85 16/9
Son : Japonais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 101 minutes
Editeur : The Jokers
Date de sortie : 19 avril 2023
LE PITCH
En instance de divorce, Yoshimi et sa fille de six ans Ikuko emménagent dans un immeuble vétuste de la banlieue de Tokyo. Alors qu’elles tentent de s’acclimater à leur nouvelle vie des phénomènes mystérieux se produisent. Qui est cette fillette en ciré jaune qui se promène dans les couloirs ? Pourquoi un petit sac pour enfant rouge ne cesse d’apparaître entre les mains d’Ikuko ? Quelle est l’origine de ces ruissellements qui s’étendent sur les murs et le plafond de leur appartement ? Une menace venue de l’au-delà va tenter de séparer la mère de sa fille.
Terreurs amniotiques
Instigateur (presque involontairement) de l’émergence de la J-Horror à l’internationale avec ses deux opus tétanisant de Ring, Hideo Nakata enfonçait le clou trois ans plus tard avec Dark Water, nouveau récit fantomatique aux lignes épurées où l’effet aurait encore moins d’importance par rapport à l’affect.
Nouvelle adaptation du romancier culte Kôji Suzuki , créateur de la saga littéraire Ring, Dark Water pouvait sonner comme une nouvelle variation autour des codes déjà bien inscrit du la J-Horror : un contexte urbain contemporain, un décor oublié, des fantômes qui habitent l’écran par leur silhouettes entraperçues… Et puis il y a Yoshimi et sa petite Ikuko, duo plongé au cœur d’une malédiction où la force de la mère protectrice prendra à nouveau tout son sens comme un écho des Mai et Yoshi de Ring 1&2 desquels Nakata avait justement gonflé l’importance par rapport à la source littéraire. Un prolongement certainement où il n’est plus question de grésillements cathodiques entêtants mais d’un goutte à goutte obsédant, de ruissèlements constant, d’une pluie omniprésente qui ne lave pas immontrable mais le révèle. En réduisant l’essentiel du film à un immeuble quasi désert, aux murs décrépis et aux plafonds pourrissant, Nakata en profite pour dégraisser son scénario et son dispositif jusqu’à l’os retrouvant une épure, une ligne simple et directe renouant avec le grand classicisme des récits de maison fantôme (on pense naturellement très souvent au formidable La Maison du diable de Robert Wise) où la sensation de peur ne nait pas de l’effet mécanique mais d’une longue et lente installation d’un sentiment de terreur inéluctable.
Monté des eaux
Une affaire d’ambiance à la mise en scène impressionnante de finesse et de précision portée par une utilisation impeccable des longs couloirs glauques et vides et la spatialisation verticale de l’immeuble (ce qui s’imprègne par le haut contamine tout le reste) et par les musiques planantes, angoissantes, mais toujours déchirantes de Kenji Kawai (Ghost in the Shell). Là aussi des motifs qui se répètent inlassablement, témoin d’un quotidien bouleversé pour cette mère et sa fille (formidables Hitomi Kuroki et Rio Kanno, petite poupée des plus irrésistibles) plongés en plein divorces et batailles, inégales, pour la garde de la gosse. Inégale car la société nippone, patriarcale et libérale à l’extrême, n’est pas pensée pour une mère célibataire bataillant pour retrouver un travail (après l’avoir quitté pour devenir femme au foyer) et une place stable dans la société. Fragile, manifestement elle aussi marqué par une sensation d’abandon dans sa prime jeunesse, elle est constamment mise à mal par le regard des autres, que ce soit dans le cabinet d’avocat ou à la sortie de l’école où elle est à nouveau en retard. Derrière le fantôme d’une petite fille perdue en quête de possession et d’une mère de substitution, se joue surtout en définitive le reflet d’une injustice sociale cuisante et d’une culpabilité qui cible manifestement uniquement les mauvaises personnes. Moins flippant que bouleversant, Dark Water est le combat d’une mère au-delà de tout, même de l’au-delà.
Image
Comme pour Ring, Dark Water profite d’une toute nouvelle copie Ultra HD. Un nouveau scan 4K à la source, un traitement rigoureux pour rajeunir parfaitement la copie, des cadres d’une stabilité imperturbable et surtout une limpidité de définition totalement inédite. Une vraie redécouverte qui redonne aux teintes grisâtres, et verdâtres des reflets beaucoup plus subtils qu’autrefois (merci le Dolby Vision) et qui assure des cadres creusés, affichant relief et naturel à même de consolider les nombreux effets de profondeurs. Grain, textures sont bien entendu revitalisés et harmonieux.
Son
Comme souvent le doublage français n’est qu’à moitié convaincant dans ses intentions mais reste plutôt efficace avec son mixage DTS HD Master Audio 5.1. Dans une proposition équivalente, la version originale est naturellement beaucoup plus fluide, équilibrée dans son rendu. Le travail sur les atmosphères sonores, la sensation constante de suintements et de liquides fonctionne à merveille et vient constamment ajouter à la sensation d’étouffement qui se resserre.
Interactivité
The Jokers propose ici une partie des suppléments disponibles sur l’édition anglaise. La section s’ouvre par une rencontre avec le réalisateur Hideo Nakata qui ne se résume pas à une évocation de ses souvenirs du projet Dark Water mais qui consiste bien à un retour assez complet sur ses débuts dans le cinéma d’horreur avec Joyû-Rei, le succès surprise de Ring, sa suite et ses expériences à Hollywood ou en Angleterre. Collaborateur privilégié du cinéaste, le directeur photo Junishiro Hayashi fait plus ou moins de même en s’attardant plus longuement sur Dark Water mais en explorant surtout son travail avec le réalisateur et leur relation professionnelle.
Liste des bonus
Interview de Hideo Nakata (26’), Interview de Junishiro Hayashi, directeur de la photographie (29’).