DARK ANGEL
I Come In Peace – États-Unis – 1990
Support : Bluray & DVD
Genre : Science-Fiction, Action
Réalisateur : Craig R. Baxley
Acteurs : Dolph Lundgren, Brian Benben, Betsy Brantley, Matthias Hues, Jay Bilas, Jim Haynie, …
Musique : Jan Hammer
Durée : 92 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais & Français 2.0 DTS-HD
Sous-titres : Français
Éditeur : MDC Films
Date de sortie : 29 juin 2022
LE PITCH
Jack Caine, un flic de Houston aux méthodes expéditives, doit faire équipe avec un agent du FBI bavard et attaché au règlement pour mettre fin aux agissements d’un tueur extra-terrestre, …
Gardiens de la paix
Devenu plus ou moins culte en l’espace d’une seule réplique bien sentie (« Je suis venu en paix ! – Et tu vas nous la foutre la paix maintenant, connard ! »), Dark Angel et son Dolph Lundgren en flic bad ass refont surface dans une superbe édition blu-ray concoctée par le nouveau venu MDC Films. L’occasion rêvée de se replonger dans les délices hypertrophiés de l’action made in USA de la fin des années 80, ses explosions en pagailles et ses dialogues orduriers. Une vraie perle de vidéoclub.
Comme beaucoup de scripts de série B conçus pour satisfaire les bouffeurs de burgers en manque de testostérone, de « fuck » assénés tous les dix minutes, de voitures qui explosent dans des boules de feu démentielles au moindre impact de balle, de héros mal rasés et bien burnés qui sortent le fusil à pompe au moindre regard de traviole et de duos mal assortis, celui de Dark Angel est le résultat d’un assortiment de formules ayant fait leurs preuves au box-office et assaisonné de clichés bien gras et bien juteux. Toute une époque ! Et ce ne sont pas Jonathan Tydor et un David Koepp à ses débuts qui viendront vous dire le contraire.
Jugez donc un peu : un extra-terrestre pas bien bavard au format culturiste et dont le look oscille entre le clochard et le chanteur de hard rock tendance Motley Crue (avec une belle crinière décolorée) débarque au Texas pour sucer le cerveau cocaïné de pauvres quidams et en extraire une drogue apparemment très populaire dans sa galaxie. Et pour parvenir à ses fins, il se sert d’un arsenal sophistiqué et dévastateur, laissant moult cadavres dans son sillage. Face à l’alien monolithique, deux flingueurs aux caractères opposés. Jack Caine (si c’est pas un nom qui sent la sueur de slip, ça!) n’est pas beaucoup aimé de ses supérieurs, casse tout sur son passage, a une relation compliquée avec sa petite amie médecin légiste, ne suit pas les règles et se réclame d’un code de l’honneur désuet mais inébranlable. L’agent spécial Smith (non, pas celui-là, un autre) a un costard sur mesure, un petit flingue (sic!), se sent supérieur à tout le monde, est incapable de la fermer et a les dents qui rayent le parquet. Les deux représentants de la loi vont d’abord se détester, puis faire équipe, puis s’apprécier en se tapant sur l’épaule et vont finir par botter le cul in extremis au méchant peroxydé. Toute ressemblance avec Predator, Terminator et L’Arme Fatale est bien évidemment fortuite.
Ministère de l’homme
Aussi prévisible soit-il, Dark Angel ménage tout de même quelques surprises fort appréciables. Comme ce gang de yuppies psychopathes et trafiquants de drogues se faisant appeler les White Boys. Une véritable petite armée de Patrick Bateman avant l’heure qui s’inspirent des criminels en cols blancs de Robocop et Wall Street et poussent tous les curseurs dans le rouge en faisant sauter des banques au C4 et en dégainant des pistolets mitrailleurs en pleine rue. Et il y a aussi Azeck, un autre extra-terrestre joué par un Jay Bilas en mode Michael Ironside, flic de l’espace menant en parallèle sa propre chasse au dealer intergalactique. Enfin, et pour coller avec la personnalité de Dolph Lundgren (dont les prestigieux diplômes hors caméra contrastent avec son image d’armoire à glace mono-expressive), la découverte de l’appartement décoré avec goût du flic Jack Caine est un joli contre-pied au cliché de la tanière crasseuse du flingueur célibataire. Par petites touches donc, Dark Angel tente de se ménager une personnalité bien à lui, histoire de se démarquer un tant soit peu de la concurrence plutôt rude de l’époque. Dommage, en revanche, que la cinégénie de Houston, quatrième ville des Etats-Unis après New York, Los Angeles et Chicago, soit si mal exploitée avec une succession de ruelles nocturnes, d’entrepôts et de parkings vus mille fois ailleurs.
Derrière la caméra, l’ancien cascadeur Craig R. Baxley (le sympathique Action Jackson avec Carl Weathers), bien épaulé par le monteur canadien Mark Irwin, signe un actionner carré et rythmé, d’une efficacité indiscutable. Adepte du coverage, méthode consistant à filmer la même scène avec un maximum de caméras sous plusieurs angles et avec plusieurs focales pour se donner de la matière au montage, Baxley a du flair pour multiplier les cadrages dynamiques même s’il bouge très peu sa caméra. D’où un style convenu mais plaisant, à mi-chemin entre la série télé 80’s et le comic book. Sortant tout juste du tournage de The Punisher, Dolph Lundgren joue autant de son physique de videur de bar que de son charisme scandinave pour donner un peu de vie à une énième variation de l’inspecteur Harry. Et l’alchimie est réellement au rendez-vous avec un Brian Benben à l’arrogance millimétrée. Les deux acteurs se font pourtant bouffer tout crus par le surprenant Matthias Hues, ancien athlète teuton dont la présence imposante et le jeu sans filtre suffisent à rendre crédible la menace que porte Talec, bad guy pas tout à fait dénué d’émotions, sadique et enragé juste ce qu’il faut.
Image
Pour un nouvel éditeur, la première livraison fait souvent office de note d’intention. MDC Films fait preuve de bon goût en s’appuyant visiblement sur le très bon master US de l’édition Shout Factory de 2013. Il en récupère certes quelques menus défauts dont le manque de relief lors de courtes scènes en intérieurs et un grain très doux que l’on pourrait presque confondre avec du réducteur de bruit (mais ce n’est heureusement pas le cas). La très belle colorimétrie et une définition très satisfaisante sur les gros plans et les plans serrés emportent pourtant largement le morceau et redonnent une seconde jeunesse à un film dont les souvenirs remontent à la grande époque de la VHS et qui n’était jusqu’alors disponible que dans une édition DVD qui ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Première salve d’applaudissements.
Son
Version française ou version originale, peu importe le choix, nous voici face à de la stéréo à l’ancienne, brut de décoffrage, sans retouche numérique destinée à séduire les accrocs du 5.1 et autres formats multicanaux. L’authenticité est de rigueur avec des pistes nettoyés, soigneusement mixées et restituant avec une fidélité louable l’expérience qui a pu être vécue en salles lors de la sortie du film … ou à la maison, en reliant le magnétoscope à la chaîne hi-fi pour avoir un « gros son ». Deuxième salve d’applaudissements.
Interactivité
Les bonus sont regroupés sur le blu-ray que l’on retrouve au côté d’un DVD (non, le format n’est pas mort !), les deux galettes étant nichées dans un joli digipack reprenant le visuel de l’affiche d’époque, ce qui vaut toujours mieux qu’un nouvel artwork discutable. Avant le lancement du film, il est possible de choisir entre une présentation par Dolph Lundgren, très sobre, et une autre un peu plus excentrique par un Matthias Hues se filmant dans sa voiture (!) et répétant sa célèbre ligne de dialogue « I come in peace ! ». Déjà utilisé par Le Chat Qui Fume et Pulse Store sur une poignée de titres, le gadget VHS Vision permet d’ajouter une grosse louche de nostalgie en revoyant le film en qualité analogique et vintage. Marrant et idéal pour une soirée pizza bière entre sales gosses des 90’s. Le making rétrospectif de 25 minutes avec le réalisateur Craig R. Baxley, Dolph Lundgren et Brian Benben est issu de la galette Shout Factory et s’inscrit dans le haut du panier des documentaires rétrospectifs produits pour ce genre d’éditions avec force anecdotes passionnantes et un recul bienveillant mais sincère. On passe ensuite aux entretiens spécialement produits pour le présent blu-ray. Un entretien d’une demi-heure avec Mark Irwin permet de rappeler l’inestimable apport de ce monteur canadien ayant fait ses premières armes avec David Cronenberg. Ancien d’HK Video et spécialiste du film d’action, Jérémie Damoiseau revient longuement sur le film et la carrière de Dolph Lundgren, d’abord en solo puis dans une discussion passionnée avec Hélène Merrick, une autre passionnée que l’on a pu voir sur plusieurs bonus consacrés à JCVD sur les récents collectors d’ESC Editions. Enfin, MDC Films n’a pas ménagé ses efforts pour obtenir de longs entretiens avec Dolph Lundgren, détendu mais un petit peu surpris de la longévité du film, et Matthias Hues, grand gamin de soixante balais qui n’a presque pas pris une ride et qui prend un plaisir fou à raconter son expérience sur un tournage dangereux mais qui lui a pourtant apporté un début de célébrité et une petite carrière dans la série B, voire Z. L’histoire de Hues est assez édifiante sur la mentalité des agents promettant la gloire pour mieux vous oublier le lendemain et l’acteur révèle une personnalité attachante et naïve et rêve encore de voir produite une suite à Dark Angel. La preuve, il a même tourné des bouts d’essais avec des fans ! Troisième salve d’applaudissements et standing ovation.
Liste des bonus
Introduction de Dolph Lundgren / Introduction de Matthias Hues / Dolph Angel – Entretien avec Dolph Lundgren (22 minutes) / Le Dealer De L’Espace – Discussion avec Matthias Hues (35 minutes) / De Cronenberg à Dark Angel – Souvenirs de Mark Irwin, Directeur de la Photographie (3 minutes) / Retour sur Dark Angel avec Craig R. Baxley, Dolph Lundgren et Brian Benben (24 minutes) / Dolph vs Alien – Dark Angel raconté par Jérémie Damoiseau, spécialiste de Dolph Lundgren (46 minutes) / Dark Angel en France – Discussion entre Hélène Merrick et Jérémie Damoiseau (37 minutes) / – Dark Angel en VHS Vision (visionnez le film en VF, en qualité VHS) (1h28) / Galerie photos / Bande-annonce US / – Bande-annonce.