DANSE MACABRE
Danza Macabra – Italie, France – 1964
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Épouvante
Réalisateur : Antonio Margheriti
Acteurs : Barbara Steel, Georges Rivière, Margarete Robsahm, Arturo Dominici, Silvano Tranquilli, Sylvia Sorrente…
Musique : Riz Ortolani
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0 Italien et Français, Audiodescription
Sous-titres : Français, Français pour sourds et malentendant
Durée : 91 minutes
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 3 décembre 2024
LE PITCH
2 Novembre, le Jour des Morts. C’est la nuit où se manifestent les esprits du Château de Providence, et Lord Blackwood, propriétaire de cette demeure historique, cherche, comme chaque année, un homme courageux capable de détruire la légende. Le journaliste Alan Foster ne croit pas aux récits effrayants selon lesquels personne ne serait jamais sorti vivant du château après y avoir passé la nuit. Certain de pouvoir tirer de l’aventure un excellent article, il accepte volontiers le défi…
The Haunted House
Porté par les belles épaules et le regard magnétique de l’icône du cinéma gothique Barbara Steele, Danse Macabre est l’une des grandes pierres apportées à l’édifice d’un cinéma fantastique italien alors florissant. Un conte d’épouvante peuplé de fantômes et de passions inextinguibles admirablement filmé par l’artisan Antonio Margheriti (La Vierge de Nuremberg, La sorcière sanglante, Pulsions cannibales) particulièrement inspiré.
Il n’était pourtant pas le premier réalisateur attaché au projet et fut même appelé par son collègue, ami et mercenaire Sergio Corbucci, qui a priori tourna tout de même quelques plans ou quelques scènes, car trop occupé par le tournage d’un nouvel opus des aventures de Toto. Une entreprise de toute façon mise en branle pour profiter à la fois des décors déjà réservés pour le tournage du Religieux de Monza et d’un créneau dans le calendrier chargée de l’actrice Barbara Steele venant d’enchainer Le Masque du démon, La Chambre des tortures, L’effroyable secret du Dr Hichcock et sa suite, et même une participation au 8 ½ de Fellini en à peine trois ans. Une œuvre de commande, une série B sans gros budget tourné en quasi huis-clos en deux semaines à peine, mais qui pourtant passionne Margheriti dès sa découverte du script rédigé par Giovanni Grimaldi (La Vengeance de Lady Morgan) et Bruno Corbucci (Le manoir de la terreur, Django). Une histoire de revenants où surnage à nouveau la grande influence des textes d’Edgar Alan Poe, figure littéraire qui fait même une apparition en personne en ouverture et conclusion du film, non pas pour inscrire les évènements dans une fiction pré-existante mais justement pour venir en discuter la véracité.
La Mort révélatrice
Une question au centre du dispositif de Danse Macabre dans lequel un jeune journaliste passe la nuit dans une demeure réputée hanté afin d’en exposer à tous le ridicule, puisque par un petit jeu d’escamotage, par des effets spéciaux toujours très discrets, par son récit déséquilibré voire déstructuré et par cette proximité entre le point de vue du personnage et celui du spectateur, la notion de surnaturel reste constamment suspendue aux bords du songe. S’inscrivant totalement dans la petite vague de films gothiques italiens de l’époque, Danse Macabre joue bien entendu sur ce même rythme relativement lancinants, sur ces ambiances lourdes et ces longues errances dans les couloirs seulement éclairés par le chandelier tenu à la main, et impose une photographie noir et blanc absolument majestueuse, mystérieuse et éloquente. Mais Danse Macabre se démarque aussi nettement du petit opus classique (et en particulier de l’école anglaise) en faisant constamment affleurer des tensions sentimentales et charnelles redonnant vie à ces esprits éternellement prisonniers de leur propre tragédie. Comme pris dans une bulle temporelle, les voici obligés de reproduire inlassablement les même évènements (même si l’un peu fade Georges Rivière va entrer dans la danse) et d’exprimer les mêmes névroses entre pulsions lesbiennes inassouvies, nymphomanie pas que suggérée et besoins insatiables de se nourrir de l’autre.
La mort, l’amour et le sexe toujours intimement liés dans un au-delà fascinant, passant d’une séquence de meurtre en cascade autour d’un lit, décidément très occupé, aussi improbable que lyrique, à un déshabillage suffocant d’une très jolie jeune mariée (présentée ici en version non censurée) rapidement assassinée par un colosse mutique torse-nu. Des échappées délicieusement baroques dans une œuvre à l’atmosphère fébrilement suave où certes Barbara Steele n’est pas de tous les plans, mais qu’elle personnifie à merveille par sa silhouette diaphane, ses élans romantiques fébriles et ce regard intense qui hante les cauchemars et les rêves plus sensuels. Pour elle et pour le reste, Danse Macabre reste l’un des joyaux de l’âge d’or du cinéma gothique.
Image
Premier passage pour Artus Film au format UHD et sacrée réussite ! En association avec divers partenaires, dont Severin Films et L’image retrouvée, l’éditeur propose une copie splendide, admirablement restaurée où ne persiste que de rares traces de petites scories de la pellicule. L’ensemble du tableau n’est jamais bien loin de la perfection avec ses cadres bien stables et une restitution chaleureuse du grain de pellicule et des argentiques. Belle comme un sou neuf, l’éclatante photographie s’appuie au passage sur le Dolby Vision pour affirmer ses contrastes et l’impeccable tenue du noir et blanc. Ajoutons à cela une définition minutieuse et incroyablement creusée, et on obtient une résurrection en bonne et due forme.
Son
Pistes originales, italienne et doublée française, nous reviennent dans des DTS HD Master Audio 2.0 d’excellentes factures avec un nettoyage appréciable des oscillations des années. Le son est toujours clair, les dialogues joliment mariés avec les musiques et les effets. Bien entendu tout cela reste sobre, frontal et relativement discret avec un naturel plus marqué du coté italien.
Interactivité
Artus ne fait pas les choses à moitié et pour accompagner cette sortie évènement propose Danse Macabre sous la forme d’un superbe coffret d’un noir éclatant tout simplement rehaussé par la silhouette de la grande Barbara Steele dans un rouge impérieux. Bel objet qui contient des reproductions de photo d’exploitations ainsi qu’un livret conséquent de près de 100 pages prenant la forme d’un entretien passionnant entre Jean-Pierre Bouyxou (Siné Hebdo et défenseur du temple de la série B) et Vincent Roussel (Le Journal cinéma du Dr Orlof) autour de la naissance de la culture bis, de la belle époque du gothique, de l’émergence de l’icône Barbara Steele, de la carrière oscillante d’Antonio Margheriti et bien entendu du film lui-même.
Concernant les bonus vidéo, Artus a choisi, à raison, de tous les réunir sur un même Bluray dédié. Il faut dire que ceux-ci sont souvent bien longs comme cette rencontre de plus d’une heure avec Nicolas Stanzick (Dans les griffes de la Hammer, Midi-Minuit Fantastique) qui part d’une présentation et d’une remise en contexte complète autour du film, des grands noms qui y sont associés, du genre, pour glisser vers l’analyse plus poussée. Le supplément suivant reproduit plus ou moins le même cheminement mais cette fois-ci à trois voix : Olivier Père (Arte), Jean-François Rauger (La Cinémathèque française) et Paola Palma (spécialiste des coproduction franco-italienne). Là encore on revient sur l’impact important du métrage en question, ses proximités avec le cycle de Poe de Corman ou Le Masque du démon de Bava, et on y discute à nouveau de la paternité du film parfois partagée avec Sergio Corbucci.
Si vous avec encore un peu de temps devant vous, la galette contient aussi un très agréable visite sur les lieux de tournage italiens à Bolsena avec quelques témoignages d’habitants se remémorant la visite de l’équipe du film, une interview d’Edoardo Margheriti qui parle du cinéma de son père et de son lien privilégié avec Danse Macabre et un retour efficace et rapide sur les origines du film et différents faits qui font toujours débats (l’utilisation de plusieurs caméra en même temps, l’implication de Corbucci…) par le critique anglais Adrian Smith. Enfin cerise sur le (copieux) gâteau, une petite bobine inédite retrouvée lors de la restauration du film permet de découvrir une version inédite de la fameuse scène la plus érotique du film. Miam.
Liste des bonus
Le livret « Barbara conduit le bal » rédigé par Jean-Pierre Bouyxou et Vincent Roussel (100 pages), 6 cartes-photos du film, « L’Éclat d’un rêve d’opium » par Nicolas Stanzick (72’), « L’Aventure Danse macabre » avec Olivier Père, Jean-François Rauger et Paola Palma (93’), « Retour au château » sur les lieux du tournage à Bolsena, Italie (24’), « Le Réalisateur qui n’aimait pas le sang » : Entretien avec Edoardo Margheriti (14’), « Danse macabre, la véritable histoire » par Adrian Smith (9’), Prise alternative (2’), Diaporama d’affiches et photos (3’), Bande-annonce originale (3’).