DANS L’EAU… QUI FAIT DES BULLES !
France – 1960
Support : Bluray
Genre : Comédie, Policier
Réalisateur : Maurice Delbez
Acteurs : Philippe Clay, Louis de Funès, Pierre Dudan, Marthe Mercadier, Maria Riquelme, Philippe Lemaire, Jacques Dufilho, Pierre Doris…
Musique : Pierre Dudan
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 90 minutes
Editeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 29 septembre 2023
LE PITCH
Jean-Louis Preminger a disparu, ou plutôt, il fait des bulles au fond du lac de Morat. Le destin s’acharne à ne pas le laisser en paix. Il continue à « gamberger off » sur sa vie tumultueuse, et sur les personnes qui découvrent malencontreusement son cadavre mais tentent de s’en débarrasser pour ne pas être compromis. Il faut dire qu’ils avaient tous un certain intérêt à le faire disparaître…
Mais qui a tué Jean-Louis ?
Pas vraiment la comédie la plus connue dans la longue carrière de Louis de Funès, Dans l’eau… qui fait des bulles fut tournée parmi d’autres quatre ans avec l’explosion Le Gendarme de Saint-Tropez / Fantômas. Une comédie à la fois bon enfant et gentiment noire qui détonne dans sa filmographie, mais qui ne démérite pas non plus.
Les amateurs de la star française connaissent peut-être aussi le métrage sous les titres de Le Garde-champêtre mène l’enquête ou Le Poisson sifflera… deux fois ! petites astuces opportunistes de distributeurs afin de faire croire à une nouveauté pour profiter du nouveau statut de l’acteur. Le film fut cependant bien tourné en 1960 alors que De Funès, malgré quelques succès populaires comme grand second rôle, à l’instar de La Traversée de Paris, commençait clairement à se faire un nom solide dans le métier et dans la mémoire des spectateurs. Pas encore assez pour porter un film sur ses seules épaules, mais en tout cas pour voir son nom en gros sur l’affiche à coté d’un collègue. Ici Pierre Dudan, chanteur en vogue rencontré déjà sur un précédent Certains l’aiment…froide ! qui vient de se lancer avec son épouse dans la production afin de rehausser sa popularité. Et ils ont jeté leur dévolu sur un roman de Marcel-Georges Prêtre, « La Chair à poissons » (dont certains prêtent la signature à son nègre Frédéric Dard) et sur le jeune réalisateur Maurice Delbez, ancien assistant de Denys de La Patellière, considéré comme un nouveau talent de la comédie depuis le succès de son second film A pied, à cheval et en voiture avec Noël-Noël. Ce dernier s’empressera d’ailleurs de remodeler considérablement le roman, le trouvant particulièrement inintéressant, améliorant considérablement le mélange entre comédie joyeuse et touches d’humour légèrement macabres.
Comme des poissons dans l’eau
Un peu comme dans le Qui a tué Harry ? d’Alfred Hitchcock, auquel il est difficile de ne pas penser, tout tourne autour d’un cadavre particulièrement encombrant que les suspects notoires semblent se refiler sans le vouloir comme dans une course de relais absurde. Ce sera tout d’abord le brave Louis de Funes justement qui le repêchera dans les eaux du lac alors que justement il est l’un de ses douloureux créanciers, puis se sera l’épouse du décédé et son amant qui tomberont sur lui en plein câlin, puis quelques autres personnages du même tonneau, finissant même par le trimbaler de maison en maison dans une jolie malle en osier… jusqu’au commissariat du coin. Un imbroglio qui croise la route de quelques criminels endurcis, receleurs de montre volées, pauvres touristes en caravane, un fossoyeurs philosophe joué par Jacques Dufilho ou un Chef Scout invasif profitant de la bonhomie de Pierre Doris, d’autant plus irrésistible qu’il est constamment commenté avec ironie par le mort en personne, profitant de la voix ironique et reconnaissable de Phillipe Clay (Notre-Dame de Paris). Un sacré défilé de personnages et de coupables haut en couleur où surnage bien évidemment la prestation en pointillé de Louis de Funès, angoissé et nerveux à souhait. Difficile ne pas se prendre au jeu et de quêter, entre deux numéros d’une bande bien sympathique, quelques rares indices sur l’identité d’un véritable coupable.
Futur metteur en scène du très joli Rue des Cascades, le finalement trop rare Maurice Delbez emballe le tout avec bonne humeur et une certaine élégance lorsqu’il emprunte les cadrages et les effets photographiques du film noir pour souligner l’aspect parodique que peut revêtir ce décidément très plaisant Dans l’eau… qui fait des bulles.
Image
Le film connait à son tour un petit traitement princier avec une restauration complète produite par M6 et Coin de mire effectuée à partir d’un nouveau scan 4K des négatifs. En dehors du générique d’ouverture et d’un ou deux plans faussement sous-marins (en aquarium plutôt) plus flous que le reste, le film est superbe. Les cadres ont été nettoyés de fond en comble, se montre très stables et surtout profitent d’une définition on ne peut plus solide. Le grain de pellicule est bien présent, organique, le piqué toujours dessiné, et on apprécie forcément ce très joli noir et blanc, contrasté, où viennent se lover les délicats reflets argentiques.
Son
La piste mono d’origine a manifestement profité d’un bon rafraichissement dans la foulée. La restitution est franche et claire, à tel point d’ailleurs qu’on entend nettement les différences de captation entre les prises sonores directes et les inserts postsynchronisés aux échos bien plus métalliques.
Interactivité
Malgré la simplicité du boitier bluray avec petit fourreau cartonné, Coin de mire reste fidèle à sa tradition nostalgique de la séance à l’ancienne. Le programme s’ouvre donc comme il se doit sur des actualités de l’année 1961 avec des reportages sur la dernière course des 1000 kilomètres à Paris, l’arrivée de l’automne et le départ des oiseaux migrateurs, un masque censé nous éviter les épidémies de grippe (raté !) ou un retour sur les 75 ans de la Statue de la Liberté. Après une petite bande annonce, on enchaine avec les délicieuses réclames d’autrefois : les esquimaux Gervais en dessin animé, la toute nouvelle boisson Nesquik, la voiture Ariane, Perrier etc…
Mais l’éditeur propose aussi d’autres suppléments inédits. A commencer par la longue intervention de Julien Comelli, Suisse de son état, qui en direct du lac de Morat (là où a été tourné le film) évoque les nombreux tournages étrangers qui se firent dans les années 60, avant de se tourner plus directement sur la carrière de Louis de Funès à ce moment-là et la création du film en question à grand renfort d’informations et d’anecdotes. Un propos très intéressant entrecoupé de quelques interventions inédites du réalisateur et des images d’archives d’interviews de l’équipe du film enregistrées pour un programme promotionnel. On retrouve d’ailleurs l’intégralité de celui-ci en fin de menu, ainsi qu’un petit reportage télévisé en noir et blanc sur le pont de la Truffière construit en 1835.
Liste des bonus
La séance complète avec actualités Pathé, réclames publicitaires et bandes-annonces d’époque (113’), « En eaux troubles… » : documentaire de Julien Comelli (42’), Interviews d’époque des acteurs et de Maurice Delbez sur le tournage (7’), Archives RTS sur le pont de la Tuffière.