DANS LA LIGNE DE MIRE
In The Line of Fire – Etats-Unis – 1993
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Action, Policier
Réalisateur : Wolfgang Petersen
Acteurs : Clint Eastwood, John Malkovich, Dylan McDermott, Rene Russo, Gary Cole
Musique : Ennio Morricone
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, DTS HD Master Audio 5.1 Français, anglais, allemand…
Sous-titres : Français, anglais, italien, espagnol, allemand…
Durée : 128 minutes
Éditeur : Sony
Date de sortie : 18 janvier 2023
LE PITCH
Frank Horrigan, agent des services secrets américains, est hanté par le souvenir d’un échec douloureux. Il faisait partie de la brigade chargée de la protection de John Fitzgerald Kennedy. Trente ans plus tard, il est à nouveau appelé à faire partie de la brigade de protection du président des États-Unis qui entre en campagne de ré-élection…
Les hommes du président
Ragaillardi par le succès public et critique du superbe Impitoyable, Clint Eastwood délaisse le temps d’un film le giron confortable de sa société Malpaso et de la Warner pour tourner Dans la ligne de mire, thriller impeccable qui ressemble certes énormément à une authentique production Eastwood, mais avec quelques gouttes de sueurs en plus.
Projet qui traine, comme souvent, dans les placards de la Columbia depuis des lustres, Dans la ligne de mire ne prend effectivement vraiment forme qu’à l’arrivée du scénariste Jeff Maguire (A nous la victoire) qui transforme l’agent des services secrets attaché à la protection du président, en figure beaucoup plus faillible, vieillissante, hantée désormais par l’échec de l’assassinat de JFK. Une figure qui forcément séduit énormément Clint Eastwood qui retrouve là ce type de figure charismatique, de modèle américain, professionnel et jusqu’au-boutiste, mais dont les élans conservateurs, les airs de vieux cons, sont régulièrement tempérés par ses jeunes collègues… Et bien entendu une jeune femme séduisante et mordante, capable de lui tenir tête, incarnée avec malice par Rene Russo, tout juste révélée dans L’Arme fatale 3. Un terrain de jeu parfait pour l’ex Harry Calahan qui joue à merveille avec son image d’ancienne icone du polar expéditif, mais qui pousse alors plus loin que jamais la vision des fêlure qui l’habite : Frank Horrigan sue sang et eau en s’efforçant de suivre le convoi présidentiel, un bon gros rhume l’amène à commettre une lourde erreur, sa peur de la mort entraine indirectement celle de son collègue et amis et le vieil ours lâchera même quelques larmes et abandonnera sa carrière pour sa nouvelle compagne. Les temps changent et les dialogues, malins et ironiques, en attestent parfaitement offrant, entre autres, quelques superbes scènes au duo Eastwood / Russo.
Pour un assassinat
Un bel essai pour l’acteur qui trouve ici enfin l’occasion de se confronter à l’excellent John Malkovich avec lequel il espérait collaborer depuis quelques années déjà. Ancien Valmont des Liaisons dangereuses de Stephen Frears, Malkovich incarne ici le négatif du protagoniste, incarnant lui aussi un produit de la politique américaine, en l’occurrence un ancien assassin de la CIA décidé à se venger sur le symbole majeur du pays. Un prédateur insaisissable, efficace, infaillible, magnétique, machiavélique et définitivement inquiétant, qui vient rappeler par son portrait trouble d’un animal programmé et blessé les belles heures des thrillers politiques des 70’s. Pas étonnant dès lors d’y retrouver un Ennio Morricone en grande forme, installant une magnifique partition orchestral montant crescendo tout au long du métrage jusqu’à une explosion finale endiablée, quelques part entre ses anciens polars italiens et français et la rythmique implacable des Incorruptibles. Bien écrit, bien interprété, bien calé, Dans la ligne de mire est surtout un sacré morceau du thriller à l’américaine, rigoureusement emballé par le solide Wolfgang Petersen (Das Boot, L’Histoire sans fin, En Pleine tempête, Troie), et ce sans se faire bouffer par la star Eastwood, qui tout en imposant un rythme maitrisé, une tension palpable et un jeu du chat et la souris particulièrement vif, s’efforce constamment de crédibiliser ses personnages, de les inscrire admirablement dans la description éprouvée et inédite des services de protection du présent des États-Unis.
Il ne s’agit pas là de signer une révolution dans le genre, d’approcher une présence d’auteur ou de livrer une quelconque analyse politique du système américain, mais simplement de signer un thriller carré, intelligent et efficace. Un pari relevé haut la main et avec une sacrée classe.
Image
Si le bluray sorti il y a plus de dix ans s’avérait plutôt performant et reste aujourd’hui tout à fait honorable (il est directement glissé dans le boitier de cette édition), il était cependant marqué par l’utilisation de quelques filtres lissant faisant disparaitre la rugosité initiale de la photographie et de la pellicule. L’arrivée de Dans la ligne de mire en UHD permettait justement par une nouvelle restauration 4K de revenir à un rendu nettement plus proche de l’esthétique initiale avec un joli grain de pellicule bien présent mais admirablement géré, des argentiques mieux marqués et une profondeur ferme et naturelle. Un rendu filmique, fin et organique constamment souligné par un traitement HDR qui impulse des contrastes particulièrement marqué, amples et variés, et des noirs d’une rare fermeté. Superbe.
Son
Tout aussi impressionnant est la nouvelle piste Dolby Atmos anglaise qui sans jamais dénaturer l’expérience du film et trahir son âge et son époque, lui offre une amplitude inédite venant redessiner des arrière-plans sonores particulièrement riches (sur le bateau dans l’ouverture du film, en pleine rue, au cœur de la foule), tout en affirmant la clarté des dialogues et les accents symphoniques des musiques de Morricone. Une sacrée prestation loin devant le DTS HD Master Audio 5.1 français, certes assez dynamique et efficace, mais beaucoup moins opulente.
Interactivité
Le disque UHD reprend l’intégralité des suppléments déjà présents sur le Bluray, eux-mêmes déjà produits à l’époque du DVD. Forcément la définition est basse, et le propos est toujours entièrement tourné uniquement sur l’implication et les missions des services secrets américains. Au milieu de ces grands élans de propagande pas des plus passionnants on trouve tout de même une poignée de scènes coupées et un commentaire audio très complet et informatif du réalisateur Wolfgang Petersen. Dommage, ce changement de support était une bonne occasion de produire un nouveau making of rétrospectif.
Liste des bonus
Commentaire audio de Wolfgang Petersen et J.M. Kinney (VOST), « Le Sacrifice ultime » (22′), « Attraper les contrefacteurs » (5′), « Dans les coulisses du Service Secret » (20′), « Comment ont-ils fait ça ? » : effets visuels » (5′), 5 scènes supplémentaires (5′), Bande-annonce.