CURE
キュア – Japon – 1997
Support : Bluray
Genre : Policier, Fantastique
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Masato Hagiwara, Kôji Yakusho, Tsuyoshi Ujiki, Anna Nakagawa…
Musique : Gary Ashiya
Durée : 111 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 2.0 et 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 28 juillet 2021
LE PITCH
Un officier de police, Takabe, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un jeune vagabond est arrêté près de l’endroit où a été retrouvé le dernier corps. Il est vite identifié comme un ancien étudiant en psychologie, devenu fou et ayant d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels…
Infectieuse
Pour tous, Cure raisonne comme la première découverte du cinéma de Kiyoshi Kurosawa, aujourd’hui largement inscrit parmi les cinéastes les plus respectés d’Asie. Pas un premier film, mais l’éclosion d’une vision cauchemardesque d’un monde en plein délitement, entre thriller et film d’horreur.
Si la carrière de réalisateur de Kiyoshi Kurosawa a débuté, difficilement, dès 1983 du côté du Pinku Eiga et avait déjà été marqué par quelques thrillers fantastiques comme Sweet Home et Le Gardien de l’enfer (inédits chez nous), elle a véritablement explosé en s’inscrivant directement dans la fameuse vague J-Horror qui frappa le japon à la fin des années 90. A l’instar des célèbres Ring d’Hideo Nakata ou Ju-Hon The Grudge de Takashi Shimizu, Cure se confronte à une vision des plus contemporaines des anciennes émanations de l’au-delà, et l’inscrit directement dans un décor urbain aux contours sociaux marqués. Une photographie réaliste, froide, granuleuse mais aussi souvent opaque, qui souligne une réalité grise et étrangement vide, désertée. Une forme de silence, sonore et visuel, qui impose une atmosphère inquiétante, d’autant plus sourde qu’elle est régulièrement martelée par des sonorités industrielles, des frappes d’infrabasses, qui résonnent comme celles des premières œuvres de David Lynch.
Foule sentimentale
Une crudité de l’image, un retrait de la caméra qui pratique finement les plans longs et les plans séquences, dont le résultat n’a jamais rien de confortable, surtout lorsqu’ils font échos à la passivité de Mamiya, assassin hypnotiseur et amnésique, tueur miroir ne renvoyant à ses victimes, transformés ensuite eux-mêmes en tueurs aveugles, que leurs propres questionnements sur l’identité, le bien être, la raison de vivre, l’injustice du monde et la violence larvée. A la manière du tueur de Seven de David Fincher, celui de Cure, lui-même variation nippone des psycho thrillers américains des 90’s, révèle aux yeux du monde la vacuité de l’existence moderne, en particulier dans un Japon connu pour sa politesse de façade, ou chacun ne doit jamais faire de vague. Avec un calme olympien, mais une cruauté terrible, Cure fait rejaillir le mal être collectif, la brutalité de l’être civilisé, ébranlant jusqu’à l’équilibre même de sa structure. Sur fond d’organisation secrète, d’expériences mystérieuses, de théories fumeuses du mesmérisme, l’enquête se fragmente, se déconstruit inlassablement rendant la résolution impossible à atteindre pour le spectateur et le détective Takabe (impeccable Kôji Yakusho) symbole d’une machine institutionnelle déréglée, qui va être inéluctablement contaminée par le mal, voir en devenir un nouveau vecteur.
Un film magnétique, maîtrisé de bout en bout, dont la puissance anxiogène, tortueuse, à tendance à hanter le spectateur longtemps après le dernier plan.
Image
Nouveau Master HD déjà croisé du coté de Eureka en Angleterre, celui présent sur le disque Carlotta impose évidement une évidente amélioration par rapport au vieux DVD MK2. Un transfert assez net, débarrassé de toutes scories de pellicule, mais qui s’efforce constamment d’en respecter la nature (grains, argentique…) mais aussi la photographie volontairement terne, tout juste rehaussée de petites touches de couleurs. Un rendu organique, mais qui montre systématiquement ses limites lorsque la lumière s’estompe, se perdant dans des ombres neigeuses, épaisses. En demi-teinte.
Son
Si la version DTS HD Master Audio 2.0 restant très proche du mix initial est bien présent, on privilégiera pour une fois la modernisation plus dynamique du DTS HD Master Audio 5.1. Une dynamique qui ne semble jamais non naturelle et forcée, et qui surtout accompagne plus généreusement les atmosphères sonores inquiétantes et enveloppantes du film. Une piste claire, maîtrisée et équilibrée.
Interactivité
Pour cette première sortie HD du film en France, Carlotta reprend l’interview du réalisateur enregistrée pour le DVD collector de 2005. Une rencontre qui tente alors surtout d’offrir une présentation de ce dernier, ses thèmes privilégiés, ses figures, sa vision du monde et de l’avenir, mais avec des questions malheureusement pas toujours des plus lumineuses. On a aussi un peu de réserve sur l’analyse pas toujours pertinente du film par le journaliste Stéphane du Mesnildot (Les Cahiers du cinéma) qui dans « Le Jouet du démon » tente de décrypter les influences de Kurosawa et la place du film au milieu du reste de la J-Horror et des psycho-thrillers de l’époque.
Liste des bonus
Le Jouet du démon (22′), Entretien avec Kiyoshi Kurosawa (15′), Bande annonce.