CRUELLA
Etats-Unis, Royaume-Uni – 2021
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Craig Gillespie
Acteurs : Emma Stone, Emma Thompson, Joel Fry, Paul Water Hauser, John McCrea…
Musique : Nicholas Britell
Durée : 134 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 7.1, Français Dolby Digital plus 7.1, néerlandais Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, anglais, néerlandais…
Éditeur : Disney Disney France
Date de sortie : 29 octobre 2021
LE PITCH
Londres, années 70, en plein mouvement punk rock. Escroc pleine de talent, Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d’amitié avec deux jeunes vauriens qui apprécient ses compétences d’arnaqueuse et mène avec eux une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, ses créations se font remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode, terriblement chic et horriblement snob. Mais leur relation va déclencher une série de révélations qui amèneront Estella à se laisser envahir par sa part sombre, au point de donner naissance à l’impitoyable Cruella, une brillante jeune femme assoiffée de mode et de vengeance…
Le diable s’habille en Disney
Sans doute la plus flamboyante des vilaines du petit monde animé de Disney, Cruella suit le chemin de sa collègue Maléfique et devient la star d’un film tout à son honneur, s’efforçant de la transformer en héroïne malgré elle, voir en icône pop-rock. Mais ouf elle a arrêté la clope.
Prédatrice mondaine, kidnappeuse de chiots et hystérique de la fourrure, Cruella d’Enfer, en grande partie inspirée par les excentricités de l’actrice Tallulah Bankhead, a clairement volé la vedette aux charmants amis canins du film d’animation Les 101 Dalmatiens. A tel point d’ailleurs que le studio hésita à la faire revenir comme antagoniste des Aventures de Bernard et Bianca. Une vraie star, terrifiante et charismatique qui tenait aussi largement le crachoir dans les versions lives de 1996 et 2000 grâce à la performance survoltée de la géniale Glenn Close. Une méchante une vraie, folle et sans pitié, qui pourtant suit ici la voie de la réhabilitation made in Disney avec une prequelle, qui à l’instar de Maléfique, retourne dans le passé du personnage et s’efforce de découvrir les raisons de sa vilenie. Sauf que la nouvelle Cruella a déjà lâché le porte-cigarette et s’amuse ironiquement de son désintérêt moderne pour la vraie fourrure. Des détails certes, mais qui indiquent clairement là où ce Cruella se dirige : faire de cette réinterprétation du personnage (impossible de reconnaître celle des films précités), une figure post-moderne, une anti-héroïne dans l’air du temps, rebelle et affirmée.
Prêt à porter
A la rigueur pourquoi pas, et le choix d’inscrire ce nouveau film dans le turbulent et bouillonnant Londres des années 70, offre à la nouvelle Cruella un terreau fertile pour son épanouissement. La mouvance punk, le glam rock, l’effervescence du monde de la mode, les revendications sociétales, l’émancipation des femmes… Un contexte dont le réalisateur Craig Gillepsie (Fright Night, Moi Tonya) ne retient finalement que la devanture, la symbolique fantasmée projetée à l’écran sous la forme de quelques intentions esthétiques et surtout une bande sonore réjouissante, bourrées de classiques de l’époque (des Doors à Bowie en passant par les Clash et Blondie) qui s’enchaînent à la moindre occasion… mais sans véritable cohérence où véritable pertinence cinématographique. Quand une très courte échappée à bord de la fameuse DeVille se fait sur fond de quelques secondes de « Stone Cold Crazy » de Queen, impossible de ne pas penser à la démentielle poursuite finale de Baby Driver montée de manière symbiotique avec le « Brighton Rock » du même groupe. Bourrée de mouvements de caméra en standycam, de mini plans séquences, d’effets de montages, et de fenêtre musicale, ce Cruella n’est que dans la posture, dans le gratuit et finalement le vide clinquant où se suivent quelques péripéties bien répétitives (combien de cambriolages, de défilés interrompus, de flashbacks ?) sur une trame totalement calquée sur le modèle Le Diable s’habille en Prada, écrit par Aline Brosh McKenna qui, oh surprise, a signé le pitch de Cruella. Pour le révolutionnaire, on repassera.
En dehors du travail toujours exceptionnel de la costumière Jenny Beavan (Mad Max Fury Road, Gosford Park, Sherlock Holmes), le film peut vraiment remercier les performances assez jubilatoires des deux têtes d’affiches. Emma Stone apporte son charme décalé à une interprétation très ludique et excessive de la jeune Cruella, tandis que madame Emma Thompson bouffe tout le film dans les robes haute couture d’une authentique garce glaciale. Divertissant Cruella l’est certainement, mais ce sont elles qui font le show.
Image
Le master HD de Cruella a tout de la démonstration technique malgré justement un downgrading d’une source 4K (le disque UHD doit être assez monstrueux du coup). Absolument pas un début de défaut à l’horizon avec des cadres limpides, une texture numérique jamais envahissante, une compression aux petits oignons et un profondeur aussi naturelle qu’imposante. Le travail sur les couleurs, en particulier sur les rouges vifs et sensuels, est, lui aussi, impeccable.
Son
Autre performance de la galette le mix vo en DTS HD Master Audio 7.1 lossless qui déploie des sensations revigorent avec sa dynamique bien pétantes, sa clarté immuable et bien entendu sa restitution vigoureuse de la fameuse bande sonore. Énergique cela va sans dire. De son côté la version doublée française reste en Dolby Digital plus 7.1 et fait de son mieux.
Interactivité
Quelques featurettes viennent étoffer un peu la séance de visionnage. Une petite interview croisée des deux actrices principales, un détour du côté des personnages secondes, du côté des stars canines, un retour sur les liens avec les précédentes incarnations du personnage et le sacro-saint bêtisier achèvent de donner à l’ensemble l’image d’un tournage idyllique, novateur et très Disney. Là encore tout est bien trop sage.
Liste des bonus
The Two Emmas (11’), The Sidekick Angle (5’), Cruella Couture (10’), New Dogs… Old Tricks (6’), Cruella 101 (3’), Bloopers (2’), Bandes annonces.