CREATION OF THE GODS : KINGDOM OF STORMS

封神三部曲之妖乱国殇 – Chine – 2023
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantastique, Action
Réalisateur : Wuershan
Acteurs : Huang Bo, Kris Phillips, Xuejian Li, Yu Xia, Kun Chen, Quand Yuan, Le Yangn Yosh Yu…
Musique : Gordy Haab, Monkodran
Image : 1.85 16/9
Son : Mandarin et Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 148 minutes
Editeur : Spectrum Films
Date de sortie : 28 mars 2025
LE PITCH
Tombé sous le charme d’une femme-renard, le Prince Yin Shou accède au trône des Shang dans le sang. Le sage taoïste Jiang Ziya descendu du Mont sacré Kunlun et Ji Fa, jeune guerrier élevé par Yin Shou, s’allient pour combattre le tyran.
Le retour de l’empire
Tourné sur cinq ans pour un budget ahurissant de plus de 400 millions de dollars, la trilogie Creation of the Gods est voulue comme l’équivalent chinois de la saga de Peter Jackson. Une entreprise pharaonique et indéniablement spectaculaire dont le premier opus a déjà rentabilisé tous les investissements avec sa sortie mondiale. Les moyens sont là et le savoir-faire tient bien la barre pour un spectacle qui effectivement sait largement s’imposer.
Depuis quelques années le cinéma chinois a décidé de sortir la grosse artillerie et d’aller concurrencer sur son terrain l’intouchable Hollywood à grand renfort de superproductions délirantes, d’actionner sidérants et de délires fantastiques dignes d’un épisode des Avengers… Où plus concrètement ici des deux trilogies du Seigneur des anneaux. Il faut dire que le fameux texte L’Investiture des Dieux de Xu Zhonglin publé au XVIIe siècle, par son mélange de récit historique épisodique et de mythologie débridée, a souvent été comparée à l’œuvre de J.R.R. Tolkien et qu’il a, de la même manière, largement infusé dans toute la culture locale. On en trouve des traces dans de nombreux romans fantasy chinois sortis durant les siècles suivants, et les adaptations non officielles ou directes (comme League of Gods avec Jet Li) s’avèrent finalement assez régulières. Avec le projet Creation of the Gods, les ambitions sont cependant démultipliées : tournage enchainé de 18 mois, un studio de 30000m² construit pour l’occasion, des milliers d’artisans impliqués et tout autant de figurants, des décors gigantesques et des effets spéciaux numériques de dernière génération et même, l’implication de Barrie M. Osborne, responsable de production sur… Le Seigneur des anneaux.
Sur la route des dieux
Colossal et ambitieux donc, le premier film en met effectivement plein les yeux, réactivant la magie virevoltante des wuxia classiques, cultivant une esthétique colorée à la fois moderne et très inspirée par les représentations anciennes. Il s’embarque constamment dans des scènes de batailles massives, des duels aériens et des combats aux sabres surnaturels surpuissants multipliant les apparitions de demi-dieux iconiques (dont le fameux gamin Ne Zha, esprit du vent), de monstres de pierre, de créatures volantes (le démon réussi, le dragon euh…) et même d’une renarde-démone particulièrement sensuelle. Tout le film baigne dans cette mythologie magique, entre mythes shinto et racines bouddhistes, et dans un croisement constant de divertissement grand public, voire parfois même légèrement comique avec le vieux sorcier carrément rouillé, et une célébration cruelle de l’héroïsme et du devoir. Réalisateur de Painted Skin ou encore de Mojin : La légende perdue, Wuershan connait parfaitement ses gammes, maitrise très solidement sa production, mais fait aussi de beaux efforts pour tempérer les excès un peu trop clinquants du wuxia moderne et rendre son univers plus accessible qu’à l’accoutumée.
Plus limpide et fluide que d’habitude, le récit très occupé par les longues lignées de chefs de guerres, les allusions héroïques et les complots de cours, ne fait pas tant d’effets de manches que cela, gardant de nombreux personnages au second plan. Cela lui permet de véritablement préserver un récit en flux tendu, concentré ici à la fois sur l’ascension au pouvoir du cruel et manipulateur General Zhou (Kris Phillips), dont on ne sait s’il est manipulé par la renarde ou non, la reprise d’indépendance du jeune soldat Ji Fa (Yosh Yu) et l’arrivée sur de trois envoyés des dieux, annonçant une plongée graduelle dans le fantastique. A ce titre, même si Kingdom of Storms possède un début et une fin et semble conclure sa trame centrale, il n’est bien entendu que le chapitre inaugural de la trilogie à venir… et les deux séquences post-générique à grands renforts de géants, de trolls à trois yeux et de sorciers maléfiques sont clairement là pour le rappeler.
On connait bien la recette, et les vieux de la vieille regretteront forcément un emballage trop sage et soigné (on est loin des délires cinétiques de Tsui Hark ou des chorégraphies renversantes d’un Yuen Woo-ping), mais les moyens considérables alloués, la beauté indiscutable de certains tableaux et l’efficacité autant de l’action que de la narration, font que Creation of the Gods : Kingdom of Storms séduit sans peine, dépassant aisément nombres de blockbusters américains récents, perdus dans un mélange de cynisme et d’auto-citations plombant. Ici, tout est à l’écran, géant, et en 4K.
Image
Intégralement produit en numérique (c’est la norme, ma bonne dame), capturé en 8K via des caméra Red Monstro, Kingdom of Storms a cependant été post produit en 2K. une bonne manière de réduire les coûts des nombreux effets spéciaux à fournir, mais qui forcément adoucis aussi quelque-peu le piqué de certaines scènes ou de certains éléments, ces derniers ayant été upscallés ensuite. Les yeux les plus aguerris observeront donc ces manipulations, mais il faut avouer que cela ne gène que très peu (ou pas) et s’intègre parfaitement à l’excellente technique du reste, baignant dans une masse considérable de détails naturels et creusés, de contrastes puissants et d’une palette de couleur généreuse. Sur le disque UHD, le film est chatoyant, constamment maitrisé par une compression et un bitrate de très hautes tenues, et soutenues par un Dolby Vision dévoué.
Son
La Chine ne serait-elle pas encore passée au Dolby Atmos ? Dommage en effet de ne pas en retrouver l’amplitude ici, mais les pistes DTS HD Master Audio 5.1 en mandarin et français sont largement satisfaisants avec d’imposantes ouvertures des canaux, une dynamique constamment soutenue et des basses qui percutent méchamment. Les plus grandes scènes fonctionnent à plein, réussissant à marier les musiques épiques (mais un peu génériques), les voix et les bruitages de flèches et de flammes sans jamais en perdre une miette.
Interactivité
Spectrum dispose le film dans un boitier scanavo noir avec fourreau cartonné, un tout petit livret, composé uniquement de photos de production, et les disques UHD et Bluray attendus. Les suppléments sont concentrés sur le second avec une courte présentation un peu trop enthousiaste pour être honnête par le youtubeur Merej, et surtout une reprise de la batterie de featurettes fournies par la production chinoise. Dix segments qui finalement constituent un making of de plus d’une heure assez complet dans ses thèmes (les origines, les personnages, les effets spéciaux, les collaborations internationales, la musique…), mais qui reste toujours à la surface, balançant quelques images de tournages et des coulisses, mais aussi et surtout beaucoup de superlatifs et de chiffres mirobolants toujours pour mettre en avant l’économie plutôt que la fibre artistique.
Liste des bonus
Un livret, Présentation de Merej (5’), Making of (75’), Bande-annonce.