CRAZY BEAR
Cocaine Bear – États-Unis – 2023
Support : Blu-ray
Genre : Comédie
Réalisatrice : Elizabeth Banks
Acteurs : Keri Russell, Alden Ehrenreich, O’Shea Jackson Jr. Ray Liotta, Isaiah Withlock Jr., Brooklynn Prince, …
Musique : Mark Mothersbaugh
Durée : 95 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Français 7.1 DTS-HD, Anglais 7.1 DTS-HD
Sous-titres : Français, anglais, italien, …
Éditeur : Universal Pictures France
Date de sortie : 28 juillet 2023
LE PITCH
Rendu accroc à la cocaïne après qu’une cargaison de drogue soit tombée d’un avion au-dessus des Appalaches, un ours noir se transforme en machine à tuer et sème la terreur, …
L’ours de Colombie
Quatre ans après nous avoir asséné son insupportable version de Charlie’s Angels, Elizabeth Banks récidive. Prenant comme point de départ l’insolite histoire vraie d’un ours intoxiqué par une cargaison de cocaïne pure, la cinéaste s’essaie au mélange délicat entre la comédie noire et l’horreur mal élevée mais échoue sur les deux tableaux. La faute à un scénario qui tente de singer l’humour des frères Coen, le talent en moins, et à une mise en scène inculte et sans le moindre relief qui a la très mauvaise idée de se placer au-dessus des genres qu’elle aborde.
Septembre 1985, Andrew C. Thornton, ancien agent des stups reconverti dans le trafic de drogue à grande échelle, s’écrase avec le Cesna d’un associé dans le Tennessee. Auparavant, ce personnage peu recommandable s’était débarrassé d’une partie de la cocaïne qu’il transportait en la jetant en vol au-dessus des Appalaches. Trois mois plus tard, un ours noir est retrouvé mort à proximité des lieux, officiellement victime d’une overdose et l’estomac rempli d’une trentaine de kilos (!) de colombienne pure. Aussi cocasse que tragique, ce fait divers vaut à l’ursidé d’être empaillé, exposé et affublé du surnom « Pablo Escobear ».
Fin 2019, le duo Chris Lord / Phil Miller annonce la mise en chantier d’un film inspiré de cette histoire sur la base d’un scénario signé Jimmy Warden (The Babysitter de McG pour Netflix). Au-delà d’un point de départ forcément chtarbé et original, on peut tout de même se demander ce qui a pu convaincre ces deux lascars au palmarès génial (Tempête de boulettes géantes, 21 Jump Street et sa suite, La grande aventure Lego) d’investir dans un manuscrit aussi paresseux et foiré de bout en bout. Plutôt que de travailler au corps le sous-genre du film d’attaque animal (on rêvait d’un remake gore, spectaculaire et fendard du Grizzly de William Girdler, continuons de rêver !), Warden préfère suivre les traces des frères Coen en plaçant sur le chemin de cet ours en mode Tony Montana une interminable galerie de personnages débiles et antipathiques. Le scénariste a beau viser le pittoresque et le décalage constant (la palme à ce vieux policier noir flanqué d’un petit chien de concours avec petit nœud rose), le résultat est tout bonnement consternant et les péripéties s’enchaînent mollement et sans la moindre logique, l’ours ayant visiblement le don de se téléporter à volonté dans un parc naturel grand comme un département de la France.
Promenons-nous dans les bois
Combiné à ce matériau pour le moins décevant, la mise en image neurasthénique d’Elizabeth Banks aggrave encore un peu plus le cas de Cocaine Bear. Cadré et découpé au petit bonheur la chance, dénué du moindre sens élémentaire de rythme ou d’imagination, le long-métrage fait acte d’un naufrage artistique sans appel. On aurait pu croire qu’au contact de Sam Raimi ou de James Gunn, deux maîtres du genre, Banks aurait retenu certaines leçons utiles. Hélas, sans doute convaincue que le sujet de son film se suffit à lui-même et pourrait faire la blague, la cinéaste fait preuve d’un je-m’en-foutisme irritant et ne se donne pas la peine de traiter l’horreur, l’humour ou ses fabuleux décors naturels autrement que par une évidente condescendance.
Si Cocaine Bear échappe de justesse au zéro pointé, il le doit au talent et l’implication de certains. La scène où l’ours en titre attaque un duo d’ambulanciers est à ce point réussi qu’elle semble provenir d’un autre film, sans doute imaginé à l’étape du storyboard lorsque Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett devait en assurer la réalisation avant de s’en détourner pour s’engager sur Scream 5. L’ours numérique concocté par Weta FX et les différents effets gores font également mouche malgré un budget à quelques encablures de celui d’un blockbuster moyen. Enfin, Alden Ehrenreich et Ray Liotta (à qui le film est dédié, triste épitaphe) n’ont pas à rougir de leur prestation, leur charisme leur permettant d’épicer suffisamment les archétypes de malfrats neuneus qui leur ont été confié.
Actrice talentueuse, prolifique et attachante, Elizabeth Banks n’est malheureusement toujours pas parvenue à transformer l’essai derrière la caméra. Avec des recettes s’élevant à 90 millions de dollars pour une mise de départ de 35 millions, le succès relatif de Cocaine Bear pourrait cependant lui donner l’opportunité de s’entêter et de remettre le couvert. Une perspective peu réjouissante.
Image
Tourné en haute-définition native, Cocaine Bear écope tout naturellement d’un transfert faisant honneur au support avec une définition pointue, des contrastes aiguisés et dynamiques et une gestion irréprochable des scènes les plus compliquées à retranscrire, notamment un climax nocturne aux abords d’une cascade, avec de faibles sources de luminosité, des nuages de poudre qui volent aux quatre coins de l’écran et la fourrure sombre de l’ours qui a tendance à se confondre avec la roche. Chapeau bas.
Son
Score synthétique 80’s, effets multidirectionnels à gogo, profondeur de champ acoustique des grands espaces des Appalaches, rugissements de l’ours : les deux mixages en 7.1 restituent sans l’ombre d’une fausse note et avec une acoustique riche une bande sonore de tout premier ordre.
Interactivité
En dehors d’une featurette qui revient avec bonheur sur les effets spéciaux mis au point pour les différentes attaques de l’ours, l’interactivité verse dans l’ego-trip tous azimuts. Le commentaire d’audio d’Elizabeth Banks et d’un de ses producteurs se veut rigolard et complice et sans le moindre regret, deux featurettes de base balancent de la promo premier degré à s’en faire péter les chevilles et les quelques scènes coupées agrémentées d’une fin alternative et d’un bêtisier pas drôle ne parviennent pas toujours à nous faire croire que l’on a échappé au pire avec le produit fini. Bref, pas de quoi s’en relever la nuit pour s’envoyer un rail de coke.
Liste des bonus
Commentaire audio de la réalisatrice et d’un producteur (VOSTFR), Bêtisier, Fin alternative, Scènes coupées, Making-of, Featurette sur les SFX, Featurette sur les dialogues, Bande-annonce.