COMPANION

Etats-Unis – 2025
Support : UHD 4K
Genre : Science-Fiction, Thriller
Réalisateur : Drew Hancock
Acteurs : Sophie Thatcher, Jack Quaid, Lukas Gage, Harvey Guillén, Rupert Friend, Megan Suri…
Musique : Hrishikesh Hirway
Image : 2.40 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Digital 5.1 Français, Anglais, Espagnol…
Sous-titres : Français, Néerlandais, Espagnol…
Durée : 97 minutes
Éditeur : Warner Bros. Entertainment
Date de sortie : 4 juin 2025
LE PITCH
Dans un monde futuriste où les robots « companions » sont programmés pour aimer sans condition, Companion suit Iris, une androïde qui ignore sa véritable nature. Manipulée par Joshua, son propriétaire machiavélique, elle devient l’instrument d’un complot macabre : Joshua et sa complice Kat prévoient de tuer Sergey, l’amant de cette dernière, dans une maison isolée.
Les histoires d’amour finissent mal en général
Première réalisation et scénario cinéma pour Drew Hancock, croisé sur les séries Suburgatory ou My Dead Ex, Companion est la bonne petite surprise de ce début d’année. Un thriller pas vraiment romantique et un brin méchant qui vient surfer sur pas mal de thèmes dans l’air du temps (et ce n’est pas forcément un handicape), mais qui échappe assez efficacement au piège du produit trop standardisé.
On imagine en effet très bien ce qu’aurait pu tirer du concept de Companion l’un des nombreux petits poulains interchangeables de l’écurie Blumhouse. Comme dans les récents Megan ou L’I.A. du mal, il est bien question de creuser en apparence la question du développement des IA et de la robotique (pas de surprise tout est dit sur l’affiche, la jaquette et dans la bande annonce), avec cette vision d’un futur proche où tout un chacun peut se procurer un amoureux ou une amoureuse artificielle. Des compagnons personnalisables, aux attributs modulables grâce à une application téléphone et qui surtout ne sont pas conscients de leur nature. Les Androïdes rêvent-ils de mouton électrique ? En tout cas ils rêvent de grands amours, de tendresse et de satisfaire leur partenaire… Mais finalement, pas sûr que cela soit véritablement ce qui intéresse le plus Drew Hancock qui ne s’étendra jamais vraiment sur les origines ou les conséquences de cette évolution technologique, préférant le traiter comme un fait, un outil narratif qui permet de faire glisser son film vers la fable plus sociale que SF. Car naturellement la situation va trébucher, lorsque la pauvre Iris, dévouée à son Joshua va assassiner un magnat russe qui tentait de profiter d’elle. D’accessoire à menace, de joli trophée à femme à abattre, Iris est obligé de reprendre en main sa nature et son indépendance et donc de dépasser sa programmation initiale.
La bague au doigt, le doigt dans l’œil
Companion joue les thrillers criminels, les complots qui tourne court, le petit jeu de massacre ou avec un humour noir bien méchant les humains succombent chacun leur tour par malchance ou bêtise, et met surtout en place un face-à-face libérateur entre la jeune femme et son promis… Idéalement incarné par Jack Quaid (The Boys, Scream 5) spécialiste des rôles de petit connard orgueilleux mais pathétique. Le film aurait presque pu se raconter sans l’ombre d’un robot à l’horizon et traiter avec autant de justesse du carcan écrasant des relations toxiques et des maltraitances psychologiques, puis physiques, perpétré par ces braves misogynes qui se disent si facilement des « mecs bien ». La difficile quête d’émancipation face aux multiples manipulations sentimentales et à une supériorité psychologique qui profite constamment des faiblesses de l’autre, et en particulier d’un sentiment de dépendance, sont parfaitement illustrés ici. Avec même un double effet puisque la situation est quasiment dédoublée par le couple formé par Eli (Harvey Guillén, hilarant dans What We Do in the Shadows) et Lukas Gage (Road House, The White Lotus). D’authentique qualités d’écriture digne d’un très bon épisode de Black Mirror, portées admirablement par la performance sensible et fébrile de Sophie Thatcher (Yellowjackets, Heretic, MaXXXine…un profile affleure) auquel il ne manque véritablement qu’une mise en scène plus inventive et significative. Là Drew Hancock signe une copie plus sobre, assez efficace lorsqu’il faut profiter de quelques jaillissements plus violents voir légèrement gores, mais qui ne dépassera jamais finalement cette opposition initiale entre la photographie douçâtre, rose bonbon, des débuts, avec les lumières plus froides et tranchées de la dernière partie.
Une retenue un peu trop sage que l’on mettra sur le compte d’un premier film de cinéma qui n’en reste pas moins assez prometteur et tout à fait jouissif dans cette revanche de la « faible femme » (attention à l’hommage bien senti aux deux premiers Terminator). Certainement que beaucoup, humains ou androïdes, s’y retrouveront ou reconnaitront quelques vieilles histoires, ou quelques ex, qui auraient sans doute mérités le même sort.
Image
Warner glisse sur le disque UHD une copie 4K native de toute beauté. Si certains esprits chagrins regretteront l’absence du Dolby Vision (pourtant présent en salles selon les spécialistes) entrainant sans doute des plans sombres un poil moins dessinés, le transfert n’en est pas moins extrêmement précis, riche et finalement coloré. Pas une once de faiblesse à l’horizon, les contrastes sont puissamment dessinés et les noirs aussi profonds que fouillés, alors que la définition aux petits oignons met en valeur les personnages (costumes, grain de peaux…) et s’il le faut leur étrangeté.
Son
Si l’ambiance sonore de Companion n’est pas forcément une grande démonstration technique et un mixage particulièrement atypique et varié, la piste originale Dolby Atmos sait tout de même parfaitement la mettre en valeur assurant une dynamique bien présente lors des montées en pression, la poursuite à travers bois ou plus discrète sur les ambiances plus naturelles (vent, clapotis du lac, légers échos dans la riche demeure…). Solide et ample, cette dernière est nettement plus impressionnante que la version doublée française restée à l’étape Dolby Audio 5.1.
Interactivité
Le disque ne propose que trois petites featurettes ne dépassant pas les cinq minutes, avec qui plus est de l’une à l’autre des extraits de films et d’interviews réutilisés. La première traite largement du concept du film et de ses personnages, la seconde des deux couples du film et leurs reflets de fonctionnements amoureux réels et enfin le troisième se penche légèrement plus sur les cotés SF et horreur du film. Le ton est à chaque fois ultra promo, avec quelques pauvres gros mots ridiculement bipés.
Liste des bonus
“Je ressens donc je suis” (5’), “Bises, Eli” (5’), “Horreur et I.A.” (5’).