COLLATERAL
Etats-Unis – 2004
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Michael Mann
Acteurs : Tom Cruise, Jamie Foxx, Jada Pinkett Smith, Mark Ruffalo, Peter Berg, Bruce McGill, Javier Bardem…
Musique : James Newton Howard
Image : 2.40 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 anglais, Dolby Digital 5.1 français, allemand…
Sous-titres : Français, anglais, allemand…
Durée : 119 minutes
Editeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 7 août 2024
LE PITCH
Vincent est un tueur à gages calculateur et froid, à la pointe de son art. Max est un chauffeur de taxi rêveur, incapable de passer à l’action. Cette nuit fatidique, Max doit conduire Vincent vers son nouveau contrat. Une nuit, cinq arrêts, cinq cibles et une cavale. Réunis par hasard et chacun confronté au regard de l’autre, aucun des deux hommes ne sera plus jamais le même après cette nuit… Cette nuit où tout va basculer.
La nuit avec mon ennemi
Huit ans après le monument Heat, Michael Mann revenait avec Collateral aux polars et aux rues de L.A. Un nouveau face à face entre le bien et le mal, toujours simples versants d’une même pièce, qui capture comme jamais les ténèbres de la cité et l’(in)humanité moderne.
Comme souvent avec le cinéaste, Collateral est l’histoire de l’entrechoquement de deux trajectoires de prime abord opposées. D’un côté Max un simple conducteur de taxi, attendant depuis des lustres l’occasion de monter son entreprise de limousine de luxe, et de l’autre Vincent, assassin professionnel, froid et animal qui doit exécuter cinq contrats durant cette seule et unique nuit. Ce dernier engage puis prend en otage le premier et le rapport attendu de prédation se met en place. Mais si le scénario presque série B de Stuart Beattie (Pirates des Caraïbes, Australia) ne manque pas de petits clichés et de roublardises un peu faibles (en particulier le « twist » bien prévisibles de la dernière partie), le récit accroche immédiatement grâce aux subtiles évolutions que va mettre en place Michael Mann dans le jeu de miroir, de plus en plus poreux, entre ses deux protagonistes. L’un est infaillible, l’autre laisse échapper sa vie, mais leur « collaboration » forcée va amener Max à affirmer sa force de caractère et s’échapper de sa ligne de fuite toute tracée, là où Vincent va laisser affleurer cette humanité qu’il exècre et potentiellement rater ses cibles. Tout deux sont cependant enfermés dans leur quotidien, leur routine, laissant fuir une vie (ou une jolie avocate) qui aurait pu être toute autre.
Taxi driver
Jeux de regards, oppositions et rapprochements dans les plans et le montages, multiplication des échanges d’identités et de reprises de phrasés ou d’attitudes, Mann sait donner à ces caractères une stylisation épurée toute melvillienne tout en leur offrant une profondeur psychologique nuancée, fine et suggérée. Du pain béni pour Jamie Fox alors en pleine ascension depuis L’Enfer du dimanche, impeccable en héros malgré lui, et surtout pour Tom Cruise, en pleine phase « auteur » qui joue ici à merveille le contre-emploi avec son personnage de professionnel impassible, taiseux et misanthrope arborant le regard froid et les cheveux poivre et sel du vieux loups. Deux êtres dont l’enjeu vital reste encore et toujours de s’échapper, ou pas, d’une profession / fonction préétablie, reflet de leur nature et de leur caractère, mais aussi d’exister au cœur d’une cité décrite avec maestria comme une abstraction de la société tout entière. Un Los Angeles crépusculaire à souhait, constamment plombée par des ténèbres suffocantes, des rues déshumanisées réduites à des véhicules rutilants, des phares et des néons aveuglants, capturé comme jamais par une image numérique volontairement imparfaite. On retrouve aussi bien l’élégance et la ligne tendue des premières saisons de Deux flics à Miami, Le Solitaire, Manhunter et bien entendu Heat, mais avec une propension bien plus prononcée au chaos contenu.
Un film qui prend le pouls de son environnement, se laisse emporter par son rythme affolant, par sa musique (jazz, latino ou techno chinoise), par ses lumières et sa nuit, affirmant encore et toujours Michael Mann comme un maitre du genre. Il culmine ici dans une mémorable et sidérante scène d’action en pleine boite de nuit, démonstration vive et haletante d’une gestion de l’espace et de la chorégraphie sèche dont les expérimentations seront encore peaufinées dans le suivant, et parfait, Miami Vice.
Image
Collateral n’était pas forcément le film auquel on s’attendait le plus en UHD, en particulier pour son identité esthétique très marquée, essentiellement capturé en numérique 2K et ses atmosphères on ne peut plus sombres. La copie 4K est donc une upgrade d’une source certes d’excellente qualité comme en attestait le Bluray, mais qui forcément était habité par un bruit vidéo très présent et des teintes qui pouvaient déborder quelque-peu. Sans vraiment révolutionner le rendu, la galette UHD en peaufine tous les angles, gérant beaucoup mieux justement le bruissement constant (ici très discret), les achoppements de sources et les halos numériques, pour aboutir à une expérience bien plus vibrantes, fluides et organique, largement rehaussée par un traitement Dolby Vision qui sans excès éprouve la palette de couleurs initiales et en vivifie l’éclat. Grande gagnantes, les séquences les plus sombres sont ici parfaitement lisibles et pointues, assurées par une définition au meilleur.
Son
Pas de changement pour les pistes sonores qui sont à l’identique du précédent Bluray (présent dans le boitier), soit une performance un peu trop éteinte pour la version française Dolby Digital 5.1 et beaucoup plus marquantes pour la version originale DTS HD Master Audio 5.1 jouant habilement des ambiances urbaines et des accélérations nerveuses. Un petit Dolby Atmos n’aurait pas été de refus.
Interactivité
Rien de nouveau à se mettre sous la dent et surtout seul le très bon commentaire audio de Michael Mann est proposé sur le disque 4K. Mais la présence du disque Bluray permet tout de même de retrouver tous les anciens suppléments produits en 2004 pour le DVD collector : un making of très complet revenant allégrement sur les enjeux du film, le tournage digital et la préparation des acteurs, et une petite poignée de featurettes centrées sur l’entrainement de Tom Cruise, les répétitions des deux stars ou les effets spéciaux pour la scène finale. Un contenu plus qu’honorable.
Liste des bonus
Commentaire audio de Michael Mann (VOST), « Les lumières de la ville » : making of, Scène inédite commentée par Michael Mann, Documentaire sur les scènes extérieures, Documentaire sur les effets spéciaux, Répétition des acteurs.