CLASSE TOUS RISQUES
France, Italie – 1960
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Claude Sautet
Acteurs : Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Sandra Milo, Jean Servais, Marcel Dalio, Bernard Dheran…
Musique : Georges Delerue
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français pour Sourds et malentendants
Durée : 109 minutes
Editeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 23 mars 2024
LE PITCH
Abel Davos est recherché par toutes les polices du monde. Condamné en France, il poursuit ses activités criminelles en Italie. Après un dernier hold-up, il tente de regagner la France avec sa femme Thérèse, ses deux enfants et son complice Raymond. Mais les douaniers les surprennent. Thérèse et son ami Raymond se font tuer. Ayant réussi à s’enfuir, Abel et ses deux fils se cachent à Nice. Traqués de tous côtés, Abel téléphone à d’anciens complices à Paris mais ce sera un inconnu, Éric Stark, qui viendra les chercher. Les anciens amis ne veulent pas prendre de risques…
Journal d’un condamné à mort
Quelque peu dénigré à sa sortie, le premier « vrai » long métrage de Claude Sautet est pourtant un polar particulièrement solide, à la croisée entre la tradition française et les grands maitres américain. De toute façon avec un duo Ventura / Belmondo et José Giovanni a l’écriture, on imagine mal comment cela aurait pu ne pas être le cas.
Premier vrai film parce que le futur auteur de Les Choses de la vie et César et Rosalie, avait déjà signé la comédie Bonjour sourire ! avec Henri Salvador et Annie Cordy, autant pour se faire la main que pour rendre service, et repris en main en partie le tournage de Le Fauve est lâché de Maurice Labro. Si le cinéaste ne considérait pas ces deux métrages comment faisant partie « officiellement » de sa filmographie, le second lui permit tout de même de faire la rencontre de Lino Ventura, qui l’estimait beaucoup et qui justement voyait en lui un futur grand, à même de signer l’un de ss prochains projets : une adaptation du roman Classe tous risques, de José Giovanni. Ancien condamné à mort, finalement libéré en 1956 et dont la réhabilitation va se faire par la plume et sa description précise et alors très originale des mondes criminel. Forcément le cinéma n’aura de cesse que d’adapter ses ouvrages, et d’ailleurs Le Trou de Jean Becker sortis quelques mois plus tôt sur les écrans. Mais ce qui séduit tout particulièrement Lino Ventura dans Classe tous risques, c’est ce portrait d’un vieux truand, traqué de toute part, en bout de course, lassé par son métier et désabusé devant l’étiolement des règles nobles qu’il continuait, un peu en vain, à appliquer.
Le dernier roi des truands
Braqueur, voleur, tueur, soit, mais homme droit et camarade fidèle, qui sent ici la mort s’approcher alors que son meilleur amis et son épouse sont tombés durant la cavale, qu’il trimbale ses gamins d’un bout à l’autre de l’Europe et que ses vieux associés l’ont gentiment abandonné. Seul contre tous, mais déjà perdant, la masse Lino Ventura creuse la distance avec ses vieux rôles de gros bras (la série des Gorille par exemple) et assure d’une certaine façon celui plus complexe et torturé croisé dans Un témoin dans la ville ou 125 rue Montmartre. Le jeune réalisateur Claude Sautet lui y trouve certainement une belle évocation des grandes histoires d’amitiés masculines. Des anciennes qui parfois se diluent face au temps et à l’adversité, et des nouvelles qui se font presque par hasard, ici avec un jeune truand, charmeur et filou, incarné par un tout jeune Jean-Paul Belmondo qui venait à peine de tourner dans le A Bout de souffle qui allait le transformer en incarnation de La Nouvelle Vague. Tout ce beau monde débute ou presque, ou est en passe de se réinventer, mais Classe tous risques n’a rien d’un galop d’essai, affirmant sa filiation à une approche melvillienne du récit de gangster, mais la teintant avec un réalisme plus rare, débarrassé du folklore habituel, autant inspiré par le néo-réalisme italien, que le besoin de se construire sur de vrais personnages et leur épaisseur psychologique.
Les criminels ne sont clairement plus les chevaliers d’autrefois et cette histoire d’une chute inexorable, d’un destin funeste annoncé, ouvre justement la voie aux transformation profondes que va connaitre le genre dans la décennie suivante. A de multiples carrefours donc, le film de Claude Sautet, imposant déjà sa mise en scène sobre et ses études de caractères, est un admirable film noir à la française.
Image
Seconde sortie UHD pour Coin de mire avec Classe tous risques et une fois encore le résultat est éclatant. Un travail effectué en collaboration avec TF1 Studio à partir d’un nouveau scan 4K du négatif, qui a permis d’évacuer délicatement la moindre trace ou signe de faiblesses de l’image, ici immaculée et particulièrement nette, tout en redonnant au noir et blanc toutes sa richesse grâce, entre autres, à l’appui d’un traitement HDR10+ Dolby Vision. Luxueux donc, surtout que la plus grande qualité du master est sa finesse et ses subtilités, autant dans ses dégradés d’argentiques que dans son grain organique et vibrant. Naturellement la définition est optimale.
Son
La piste sonore mono d’origine profite pleinement elle aussi d’une restauration d’envergure. Disparues les moindres traces des années, les petites variations intempestives et les crissements lointains, ici tout est ferme, net et clair, avec un équilibre bien dosé et une restitution DTS HD Master Audio 2.0 cristalline.
Interactivité
Comme pour L’Homme de Rio édité en parallèle, Classe tous risques se présente sous la forme d’un joli digipack sobre et élégant avec une reproduction du livret de presse d’époque collé sur la reliure, et un fourreau cartonné. De quoi retrouver en partie l’esthétique éditoriale des premiers Mediabook de l’éditeur.
Sur les disques UHD et Bluray on retrouve bien entendu la fameuse spécialité de l’éditeur : la séance complète. Comme toujours, une belle manière de retrouver l’ambiance des séances de cinéma d’autrefois avec les actualités de la 12ème semaine de 1960, et un superbe sujet sur les bienfaits de l’exploitation du pétrole en Irak et dans le reste du monde (…), suivi de la bande annonce du Baron de l’écluse (dispo chez l’éditeur) et une sélection joyeuse et colorée de réclames rétro.
Mais le programme se poursuit aussi avec des scènes coupées et rallongées (et restaurées), totalement inédites, ajoutant souvent quelques détails sur les motivations des personnages ou étoffant par exemple les liens entre Abel et son épouse. Enfin, le journaliste suisse Julien Comelli revient pour livrer une présentation du métrage fortement axés sur les débuts d’auteur, et rapidement de scénariste, de José Giovanni, et sur les prémisses compliquées de Classe tous risques qui faillit devenir une comédie en trio avec Dario Moreno. Ouf.
Liste des bonus
La séance complète avec actualités Pathé, réclames publicitaires et bandes-annonces d’époque (25’), « Ne tirez pas sur l’ambulance » : Documentaire de Julien Comelli (20’), Scènes coupées inédites (11’), Bandes-annonces.