CITIZEN KANE
Etats-Unis – 1941
Support : UHD & Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Orson Welles
Acteurs : Orson Welles, Joseph Cotten, Everett Sloane, Dorothy Comingpore, Agnes Moorehead…
Musique : Bernard Herrmann
Durée : 119 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : DTS HD Master Audio 1.0 anglais, Dolby Digital 1.0 allemand, espagnol et italien
Sous-titres : Français, anglais, allemand…
Editeur : Warner Home Video
Date de sortie : 15 décembre 2021
LE PITCH
Le milliardaire Charles Foster Kane, magnat de la presse, vient de mourir dans sa fabuleuse propriété de Xanadu en prononçant un seul mot : Rosebud. A partir de cette maigre piste, le reporter Thompson va tenter de reconstituer la vie de cet étrange personnage.
THE movie
Monument du cinéma s’il en est. Œuvre mythique et naissance à la fois d’un génie du 7ème art et d’un monde hollywoodien s’ouvrant à une révolution formelle, Citizen Kane sera à tout jamais l’un des incontournable de l’histoire du cinéma. Une telle richesse et une telle flamboyance qui le préserve, lui, du vieillissement, imposant encore et toujours sa fière modernité.
Sur tous les points, Citizen Kane est dès son amorce un projet hors norme. Un contrat en or offert à un jeune prodigue du théâtre après son canular radiophonique historique faisant croire que La Guerre des mondes se déroulait dans les rues américaines, qui pour sa toute première réalisation cinématographique profitait d’une liberté inédite à Hollywood et même d’un Final Cut ! Révolutionnaire certainement, le jeune Orson Welles s’octroie même le crédit de la coécriture du scénario avec Herman Mankiewicz et le rôle principal. Celui de Charles Foster Kane magna de la presse et milliardaire collectionneur d’art se frottant au monde la politique, inspiré à la fois de William Randolph Hearst et d’Howard Hugues, symbole d’un monde financier à une distance faramineuse de la réalité du peuple, d’une politique économique à l’expansion horizontale et verticale, d’un pays trop assuré de sa propre grandeur. Un projet que l’on pourrait imaginé boursoufflé d’orgueil et asséché par la construction extrêmement réfléchie et minutieuse d’Orson Welles, mais qui pourtant dépasse justement la grandiloquence du personnage, la fresque biographique entre grandeur et décadence du monstre médiatique, en renversant tous les codes du cinéma classique alors en cours depuis quelques petites décennies en ouvrant le métrage par de fausses actualités au réalisme troublant, puis en fragmentant par ellipses et flashbacks le récit de la vie romanesque de son sujet.
Citoyen modèle
A la recherche d’un secret qui aurait échappé aux témoins, un journaliste part ainsi sur les traces d’un fameux « rosebud », dernier mot échappé des lèvres de Kane sur son lit de mort. Un mystère, un MacGuffin comme dirait Hitchcock, qui donne à redécouvrir les épisodes importants d’une vie passée à dépenser, à acheter (les entreprises, les proches…), à se lier d’amitiés et à se séparer, venant progressivement révéler un mal être profond, une solitude de plus en plus envahissante alors que les années marquent le visage du charismatique rentier. L’interprétation flamboyante puis intérieur de Welles, l’utilisation admirable de maquillages à la crédibilité impressionnante pour l’époque, creusent encore le mystère de Kane, personnage et film, dont la réalité semble s’envoler en fumée à chaque fois qu’on pense enfin l’approcher. Le portrait est passionnant et reflète d’une vision mélancolique de l’âme humaine (sans compter sur les références inévitablement shakespeariennes) alors que la réalisation est une constante démonstration de maîtrise, enchaînant les trouvailles photographiques, les plans impossibles, les collages invisibles, les constructions à la profondeur virtuose et les cadrages majestueux. Chaque image de Citizen Kane est à tomber à la renverse. Chaque mouvement projette le cinéma dans le futur. Et on ne compte plus aujourd’hui les perspectives, les jeux d’ombres ou les travellings insensés copiés dans moult œuvres ultérieures jusqu’à notre époque contemporaine.
Œuvre définitivement audacieuse, fertile, démontrant ce que le cinéma pouvait engendrer de plus éclatant lorsqu’il lâchait la bride à ses créatifs, Citizen Kane sera pourtant un échec commercial… boudé par les jeunes spectateurs (un comble) et fera tomber Orson Welles de son piédestal. Sa carrière ne sera plus alors faite que d’œuvres bafouées (La Splendeur des Amberson), de créations tronquées (La Soif du mal) et de compromis artistiques et financiers… Cela n’enlève rien à la qualité du reste de sa filmographie, mais cela finit de faire de Citizen Kane une superbe anomalie.
Image
Même si la restauration HD 4K de 2011 avait déjà été coûteuse et particulièrement impressionnante, décision a été prise de repartir à nouveau à la source avec un nouveau scan 4K d’un négatif intermédiaire 35 mm et d’une seconde copie pour les passages les plus abîmés, suivis d’une restauration minutieuse de chaque photogramme de ce master composite. Et le résultat est éclatant avec à nouveau une image d’une limpidité surprenante pour un film s’approchant doucement du centenaire, le maintien d’un grain très présent mais toujours délicat et organique et même des plans à trucages visuels qui s’inscrivent sans contre-coup au milieu du reste. Là où cette ressortie UHD gagne des points, c’est certainement dans la gestion des noirs, plus imposants et profonds que jamais sans obstruer la vision, et l’étendue considérable des variations de gris argentiques. Sans surprise le film n’avait jamais été aussi puissant visuellement. Ce qui pour un film comme Citizen Kane n’est pas une mince affaire.
Son
Moins de surprise du côté du DTS HD Master Audio mono de la version originale, identique manifestement à celle entendu sur le bluray. Malgré une source là encore assez datée et abîmée, les techniciens ont réussi brillamment à arrondir les angles, à restituer le tout avec beaucoup de clarté et fermeté. Toujours pas de doublage français à l’horizon.
Interactivité
Petit changement de volume pour Citizen Kane qui passe du large coffret rouge Bluray à un boîtier noir beaucoup plus compacte pour l’UHD. Mais la plupart des documents qui étaient proposés au sein du livre ont cependant été conservé avec un livre moins épais mais les parties correspondant à la promotion du film et à la reproduction du programme souvenir ont été reproduites par le biais de mini livrets séparés. On retrouve aussi ici des photos au format carte postale et une affiche du film recto / verso.
Le fourreau en carton dur contient aussi bien entendu le boîtier scanavo contenant le Bluray du film et l’UHD. Là encore le contenu est identique à la sortie de 2015 soit une version bien trop light du matériel fournit par Criterion aux USA (exit le doc The Complete Citizen Kane, l’intervention de Martin Scorsese, les prestations filmées du Mercury Theatre, le court métrage de Welles…) et les commentaires audios, certes fluctuants, du regretté Peter Bogdanovitch et de Roger Ebert n’ont toujours pas été sous-titrés. Restent les sympathiques petites interviews made in VHS de l’actrice Ruth Warrick et du réalisateur Robert Wise et les images de la première du film en 41. Vu le monument et le matériel disponible (où est le doc The Battle Over Citizen Kane ?) cela parait un peu chiche.
Liste des bonus
Un livret sur le film (48 pages), une affiche du film recto/verso, 5 cartes postales d’affiches du film, 3 photos du film, le programme souvenir de la première du film (20 pages), reproductions d’articles de presse sur le film, Commentaire audio de Peter Bogdanovich, Commentaire audio de Roger Ebert, Actualités d’époque sur la première du film, Entretiens avec Ruth Warrick et Robert Wise, Galerie photos commentée par Roger Ebert, Galerie photos, Bandes-annonces.