CHRISTMAS EVIL
Etats-Unis –1980
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Lewis Jackson
Acteurs : Brandon Maggart, Jeffrey DeMunn, Dianne Hull, Andy Fenwick, Brian Neville…
Musique : Don Christensen, Joel Harris, Julia Heyward
Durée : 94 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS-HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 01 décembre 2021
LE PITCH
Enfant, Harry surprend sa mère en plein ébat avec le Père Noël. Cette vision le hantera toute sa vie. Trente ans plus tard, Harry travaille dans une usine de jouets et son existence entière tourne autour du Père Noël. Il souhaite incarner l’innocence que représente à ses yeux cette figure, mais l’époque a changé et le cynisme règne en maître. Harry va alors endosser son costume et distribuer lui-même les cadeaux… ou les châtiments…
And Merry Christmas To You Too !
Pas aussi répandu que la douce tradition des chants au coin du feu, mais presque, celle de détourner les joies de la trêve des confiseurs pour en faire un théâtre plus sanglant et noir a livré au cours des années quelques petites pépites. Modeste, longtemps resté dans l’ombre, mais profondément empreint de l’esprit sadique des fêtes de Noël, Christmas Evil est une jolie (re)découverte de la Midnight Collection de Carlotta.
Distribué un premier temps sous le titre You Better Watch Out (avant de devenir Terror in Toyland en VHS), Christmas Evil s’affirme dans son titre et son affiche comme l’un des nombreux films d’horreur se servant du contexte d’une fête traditionnelle pour massacrer son prochain. Apparu sur les écrans en pleine vague des slasher mécaniques, le troisième et dernier film de Lewis Jackson ne s’y apparente cependant qu’à de larges distances. On y trouve bien une aiguille plantée dans l’œil sur le parvis d’une église ou un pauvre dormeur réveillé par un égorgement à l’étoile de sapin, mais ces meurtres ne sont pas la motivation première du pauvre Harry. Il n’est pas un monstre sans âmes trucidant de l’adolescent lubrique, mais juste un pauvre type, traumatisé par sa vision d’un Père Noël (son vrai papa déguisé) batifolant avec sa mère, humilié et moqué par ses collègues, infantilisé par son frère, qui se pense investit de la mission de réhabiliter les vraies valeurs des fêtes hivernales. Mais malheureusement sa sainte mission, et sa propension à vouloir punir les méchants garçons et les dévoyés mercantiles, font quelque-peu glisser la soirée vers le cauchemar.
Le Père Noël n’est pas une ordure !
Une série B soit, produit avec de tous petits moyens et aucun nom vraiment connu (Glenn Close et Kathleen Turner, encore peu connues, ne furent pas retenues pour le rôle de la belle-sœur), mais qui verse surtout dans l’exploration psychologique de son personnage central. Dans une esthétique assez crue, grisâtre, sombre et granuleuse, Christmas Evil souligne le contraste existant entre la transformation de l’esprit de Noël en artifice commercial, et la réalité moins glorieuse de quelques exclus, comme ces enfants malades que l’entreprise de jouets utilise pour polir sa propre image. Inquiétant, définitivement malade et schizophrène, Harry qui se perd peu à peu pied avec la réalité se confondant de plus en plus avec le héros des enfants (voir comment il fouette sa fourgonnette comme si les rênes la traînaient), reste définitivement une figure tragique, un monstre incompris. Seuls les enfants sages bien entendu peuvent le reconnaître pour ce qu’il est, comme ce sera le cas dans une séquence très réussie où des gamins prennent la défense de ce Père Noël en bout de course menacé par leurs propres parents. Grand fan des classiques de la Universal, Lewis Jackson se fend même d’un très joli hommage à Frankenstein en rejouant dans une ruelle enneigée la poursuite entre la créature et des villageois armés de torches. Pas toujours des plus limpide dans sa narration, manquant certainement d’un peu plus de caractérisation et de subtilité dans les relations entre Harry et son frère, Christmas Evil n’en reste cependant pas moins un essai bien plus original et habilement fignolé que le célèbre, mais plus bourrin, Douce nuit, sanglante nuit.
Image
Petit film d’exploitation indépendant, Christmas Evil se dote désormais grâce à son statut relativement culte, d’un nouveau master 4K avec une restauration poussée. Cette dernière n’empêche pas l’apparition encore présente de quelques taches ou restes de griffures verticales, mais l’image n’a certainement jamais été aussi propre, ni n’a jamais aussi bien réussi à retranscrire la lumière sombre du film. Le grain est naturellement assez marqué, mais ne fait jamais décrocher la compression exemplaire.
Son
La piste mono originale en DTS HD Master Audio s’avère tout aussi solide, dans les limites de son mix initial et de sa captation cela va de soi. Le son est clair, bien posé, et doté d’une certaine énergie lorsque les sonorités bizarroïdes viennent cohabiter avec les petits tubes de jukebox.
Interactivité
Comme chez Vinegar Syndrome, Carlotta a repris les petits segments produits par la bande de Troma lors de la première exploitation du film en Bluray aux USA. Des rencontres avec le cinéaste et l’acteur Brandon Maggart qui portent la signature de la maison de Toxic Avengers avec une caméra qui zoom dans tous les sens et la présence inutile du Sgt Kabbukiman. On y décortique tout de même quelques petites infos sur la naissance du film ou le tournage, mais aussi sur la distribution hasardeuse du film (ses changements de titres…) et sa reconnaissance tardive. Le commentaire audio enregistré par Lewis Jackson, accompagné d’un rigolard John Waters (autoproclamé fan du film), creuse souvent bien plus loin les anecdotes entre deux allusions salaces et quelques plages silencieuses. Il est amusant aussi de retrouver ici une sélection de commentaires désastreux notés par les spectateurs des projections test. Les scènes coupées de leur côté s’avèrent assez intéressante venant explorer plus avant le quotidien d’Harry et surtout étoffer son glissement dans la folie.
Liste des bonus
Commentaire audio de Lewis Jackson et John Waters, Entretien avec Lewis Jackson (7′), Entretien avec Brandon Maggart (7′), Scènes coupées (7′), Avis des spectateurs (3′), storyboards (4′), Bande annonce.