Après des débuts américains sous l’égide de Charles Vidor (tout de même) avec Hans Christian Andersen, concrétisés par le plus déluré Anything Goes (alors quadrille d’amour) de Robert Lewis, Zizi Jeanmaire connue son premier succès entièrement français avec Folies-Bergère. Elle va donc poursuivre sa fructueuse collaboration avec le même Henri Decoin (Razzia sur la chnouf, Le Masque de fer…) qui pour le coup s’amuse avec son scénariste à donner un versant féminin au Adorables créatures de Christian-Jaque sorti cinq ans plus tôt et rédigé par le même Charles Spaak. Une nouvelle histoire de séductions, de quête de l’amour, du plaisir romantique et de la liberté mais où cette fois-ci les rôles s’inversent puisque Daniel Gélin (présent ici dans le rôle savoureux du voleur élégant) n’est plus l’objet central du désir, mais bien Ziz Jeanmaire, alias Lulu, qui volète entre ses multiples prétendants plus ou moins séduisants. D’un imposant industriel allemand (Gert Fröbe) qui pense arriver à ses fins grâce à sa fortune à un François Perier hilarant en homme marié des plus indécis, sans oublier le beau boxer Henri Vidal ou le gigolo Gil Vidal, madame papillonne, hésite, s’amuse, s’échappe, rebondis à la limite d’un libertinage totalement assumé.

Cabaret !

Relativement moderne, Charmants garçons affirme un féminisme des plus naturels et présente même un étonnant amis et impresario homosexuel, unanimement accepté et sans une once de caricature. Au milieu de ce costume royal où l’on peut même remarquer les apparitions d’un tout jeune Jean-Pierre Marielle, la star du film brille à chaque instant, autant par son espièglerie que par sa gouaille « parisienne » qui rappelle par certains accents la grande Arlety. Il faut d’ailleurs reconnaitre que les dialogues, vifs et balancés, ne manquent pas de piquant ni de justesse. Grand amateur du cinéma hollywoodien qu’il avait pu approcher en suivant son épouse Danielle Darieux aux USA, Henri Decoin habille cette comédie doucement dévergondée comme une grande comédie des studios, avec luxe et couleurs éclatantes. Il offre aussi à sa star quatre performances scéniques à la Liza Minelli. Quelques pas entre java (beh ouais) et danse moderne en collants presque fluos, chorégraphiées par l’époux chorégraphe, Roland Petit, et des chansons à la musique signée Michel Legrand et les paroles Guy Béart qui devinrent rapidement des tubes dans son répertoire : le « charmants garçons » titre, suivit de la « gambille », « qu’on est bien » et « moi, si je le voulais je le pourrais ».

Un joyeux divertissement, comme elle, bourré de charmes et de pointes d’impertinences.