CHARLIE MON HÉROS
All Dogs Go To Heaven – Royaume-Uni, Irlande – 1989
Support : Bluray & DVD
Genre : Animation, Aventure
Réalisateur : Don Bluth, Gary Goldman, Dan Kuenster
Acteurs : Burt Reynolds, Dom DeLuise, Judith Barsi, Melba Moore
Musique : Ralph Burns
Durée : 81 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Anglais en DTS-HD Master Audio 2.0 et 5.1, Français en DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 06 juillet 2022
LE PITCH
Charlie, un chien un rien roublard, est assassiné par le gangster Carcasse. Il n’a jamais fait grand-chose de bien au cours de sa vie, mais il est pourtant accepté au paradis des chiens. Décidé à se venger, Charlie trouve le moyen de ressusciter et de revenir sur Terre. Mais il va devoir choisir : continuer à vivre comme avant ou venir en aide à Anne-Marie, une orpheline poursuivie par Carcasse.
Un cartoon qui a du chien
Devenu grâce à Fievel et Le Petite Dinosaure la nouvelle star du cinéma d’animation américain, damant même le pion à son ancienne maison, le studio Disney en grande perte de vitesse, Don Bluth reprend son indépendance à Steven Spielberg et finit de s’expatrier en Irlande pour signer ce qui est, avec Brisby et le secret de NIMH, son projet le plus personnels, le plus marqué par sa vision non policée du dessin animé grand public.
Alors certes Charlie Mon Héros est bien le récit d’une amitié entre deux chiens et une petite orpheline capable de parler aux animaux, est traversé par quelques chansons plus ou moins enlevées et, le plus souvent, drolatiques et se consacre à la rédemption d’un joyeux filou, mais il reste très marqué par une atmosphère plus sombre et réaliste qu’à l’accoutumé. En plongeant dans ses souvenirs de cinéphile d’un certains cinéma américain des années 50, du mélodrame au films de gangsters (surtout), Don Bluth ancre son récit dans un monde animal fait de truands, parfois violents, souvent cruels, au mieux roublards comme Charlie, tous habités par les démons du jeu, du stupre (on croise même une vieille prostituée canine défraîchie) et de l’argent. Le vrai démon des films de Don Bluth ici personnalisé par le terrible Carcasse, pitbull ne reculant devant rien pour tenir tout ce beau monde sous sa coupe, manipuler la pauvre gamine et se débarrasser de son ancien associé, l’anti-héros par excellence Charlie. Le film s’ouvre même par la mort de celui-ci, qui par quelques œillades et roucoulades à une gardienne peut résistante, réussit à s’échapper du paradis pour revenir se venger. Les visions récurrentes de l’enfer qui l’attend et d’un Charon gigantesque qui l’invoque du royaume des morts sont particulièrement marquantes et mémorables.
Affaires canines
Et le cinéma de Don Bluth n’est jamais aussi brillant que lorsqu’il prend ses jeunes spectateurs pour des êtres intelligents, maniant à la volée un humour racé, décalé et ironique servi en anglais par les improvisations du duo formé par Burt Reynolds et Dom DeLuise, et amorce de réflexions quasiment politiques sur le monde tel qu’il est. Ici l’émerveillement magique est autant dû au fantastique du scénario qu’à une réalisation particulièrement inspirée par l’imagerie du vieil Hollywood, jusqu’à un morceau de comédie musicale des plus improbables avec un alligator géant adoré par un peuple rat dans les égouts de la ville. Atypique jusqu’au puces, bourré de caractère mais aussi d’une véritable fraîcheur apportée par cette irrésistible gosse des rues aux petits airs de Blanche Neige, animée avec toutes les mimique et la candeur d’une véritable petite fille. Jouant une nouvelle fois sur quelques séquences en rotoscopie (des éléments filmés puis redessinés par transparence), mais aussi une voiture brièvement calculée en infographie, Charlie Mon héros profite à nouveau de tout le savoir-faire de Don Bluth et son équipe, assurant une animation et une technique visuelle bien au-dessus de ce que proposait justement Disney à la même époque. Ironie, le film sortira en même temps que la renaissance du studio aux grandes oreilles, La Petite sirène, et devra attendre la vidéo pour se faire reconnaître à sa juste valeur. Celle d’un sacré cabot.
Image
Déjà disponible depuis plus de dix ans en Bluray aux USA, All Dogs Go To Heaven a été largement critiqué lors de sa sortie sur support HD. Surprise, alors avec la sortie de Rimini sur laquelle on ne retrouve que très rarement les défauts incriminés. Il faut dire que par chez nous le métrage a surtout été proposé en version recadré et dans des conditions franchement crados. Ici le master affiche les petits soucis habituels des productions Don Bluth avec quelques plans plus doux, des éléments marqués par un grain plus présent et des scories de pellicules parfois encore bien présentes, mais le rendu préserve une nature cinéma très agréable, offre des teintes bien plus marquées qu’autrefois et même une définition la plupart du temps très efficace et accompagnant avec ferveur les décors dessinés.
Son
Profitant aussi bien d’une version originale particulièrement colorée que d’un doublage français soigné et bourré de caractère, Charlie laisse le soin à l’auditoire de choisir entre les deux en fonctions de ses goûts (et de son âge). Les deux pistes DTS HD Master Audio 2.0 restent très proches des sensations frontales d’origine mais avec une netteté plus présente.
Interactivité
Nouvelle réalisation de Don Bluth a être éditée par Rimini en France (merci à eux !), Charlie reprend le packaging du précédent Rock-O-Rico avec boitier amaray glissé dans le fourreau cartonné et quatre cartes postales en cadeau. Sur le disque Bluray on retrouve aussi d’ailleurs le même intervenant Xavier Kawa-Topor qui continue d’explorer les grands moments de l’œuvre du réalisateur, s’attardant ici sur la tonalité très particulière du film, ses multiples inspirations et même du terrible assassinat par son propre père de la petite Judith Barsi, doubleuse de Anne-Marie, qui marqua la production d’une ombre pesante.
Mais l’éditeur français nous a aussi dégotté un joli trésor avec un reportage datant de 1990 dans les studios d’animation en pleine finalisation du film. Un documentaire aux allures de making of de plus de quarante minutes qui laisse dans un premier temps le loisir à Bluth d’évoquer ses débuts dans l’animation, son expérience et son départ des studios Disney et ses premiers films avant d’embrayer sur les étapes de fabrications du film, du doublage à la colorisation des cellulos en passant par les designs et les arrière-plans, avec de nombreuses interviews et précisions technique tout du long. Rare, informatif et très accessible.
Liste des bonus
4 cartes postales du film, Interview de Xavier Kawa-Topor, spécialiste du cinéma d’animation (26’), Visite des studios Sullivan Bluth à Dublin (archives RTBF du 12 septembre 1990, 41’).