CHAOS WALKING
Etats-Unis – 2021
Genre : Aventure, Science-fiction
Réalisateur : Doug Liman
Acteurs : Tom Holland, Daisy Ridley, Mads Mikkelsen, Demián Bichir, Cynthia Erivo, Nick Jonas, David Oyelowo…
Musique : Marco Beltrami et Brandon Roberts
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais et Français Dolby Atmos
Sous-titres : Français
Durée : 108 minutes
Editeur : Metropolitan Films & Video
Date de sortie : 1 septembre 2021
LE PITCH
Dans un futur proche, les femmes ont disparu. Le monde de Todd Hewitt n’est habité que par des hommes, et tous sont soumis au Bruit, une mystérieuse force qui révèle leurs pensées et permet à chacun de connaître celles des autres. Lorsqu’une jeune femme, Viola, atterrit en catastrophe sur cette planète, elle s’y retrouve en grand danger… Todd jure de la protéger, mais pour réussir, il va devoir révéler sa force intérieure et percer les sombres secrets qui étouffent son monde…
La traque
Chaos Walking est l’adaptation cinématographique du roman de science-fiction La Voix du couteau, premier tome de la trilogie littéraire Le Chaos en marche de Patrick Ness. Le film décrit un futur éloigné sur une planète inconnue où vivent les hommes. Et quand on dit les hommes, ce sont bien les êtres masculins car les femmes ont toutes disparu. Jusqu’au jour où Viola a la bonne idée de s’y écraser. Sa présence féminine fait l’objet de convoitises et la pousse à fuir, accompagnée du jeune Todd Hewitt…
Développé depuis une dizaine d’années par Lionsgate, Chaos Walking a connu une conception pour le moins chaotique (!). Robert Zemeckis est le premier réalisateur à être attaché au projet, avant que Doug Liman (Barry Seal : American Traffic) ne prenne place derrière la caméra. Ici, on aime bien Doug Liman, réalisateur plutôt adroit dans l’action (Go, La Mémoire dans la peau) et qui a fait de sa mise en scène un condensé d’énergie plutôt enthousiasmant. Tourné en 2017, le film subit des projections-tests pour le moins décevantes en 2018, ce qui conduit le studio à engager des reshoots. Problème : le tournage de ces scènes additionnelles est repoussé jusqu’en 2019 car les comédiens principaux Tom Hollande et Daisy Ridley sont contractuellement occupés sur les tournages de Spider-Man et Star Wars. Puis, c’est la crise du Covid qui repousse la sortie en salles en 2021 aux Etats-Unis. Avant une arrivée directe en vidéo par chez nous. Ultime coup de bambou sur un projet décidément bien compliqué, la réception critique est assez calamiteuse aux USA. Est-ce qu’un film au parcours créatif aussi sinueux peut réellement s’en sortir sans stigmates ? La réponse est non, et à la vision de la chose, on peut comprendre l’accueil mitigé de nos amis américains.
Space Cowboys
Le réalisateur Doug Liman est un habitué de la science-fiction aux concepts quelque peu ambitieux/tordus pour le pire (Jumper) comme pour le meilleur (Edge of Tomorrow). Dans Chaos Walking, on comprend tout de suite la subtilité du scénario qui a dû le titiller : l’impossibilité pour les hommes de garder leurs pensées pour eux, chacun pouvant capter les idées des autres par le truchement d’une évaporation colorée nommée “le Bruit”. Un concept intéressant sur le papier, mais assez risqué et hasardeux dans le sens où sa concrétisation à l’écran peut se révéler délicate. Si l’idée intrigue au départ et s’accommode assez bien de la présentation des personnages et du monde servant de cadre à l’histoire, le procédé finit néanmoins par tourner quelque peu à vide, sans réellement influer sur le déroulé de l’histoire. Un gimmick sans grand intérêt car pas suffisamment exploité, ce qui est bien dommage pour la seule véritable originalité d’un script par ailleurs bardé de lieux communs. La fuite des deux héros vers un hypothétique refuge n’a rien de bien nouveau. Les deux jeunes gens doivent affronter les obstacles tout en apprenant à se connaître, lui tombe inévitablement amoureux, mais ses pensées le trahissent rapidement. Elle, campée par une Daisy Ridley aux cheveux peroxydés, n’a pas grand-chose à offrir, on ne sait pas réellement qui elle est, d’où elle vient ni pourquoi, juste qu’elle doit contacter le vaisseau-mère stationné pas loin… La traque par les hommes de David Prentiss, le maire du village interprété par l’inusable Mads Mikkelsen, en bad guy un peu trop archétypal, enfonce des portes ouvertes. Un constat qui vaut pour l’ensemble des protagonistes d’une manière générale qui sont tous sous-exploités ou caricaturaux au possible (le fils du maire, véritable tête à claque ; le prêcheur, qui ne sert à rien ; l’excellente Cinthya Erivo qui joue les utilités). Quant aux créatures que l’on nous annonce assez tôt, les “Spackles”, là encore, elles ne servent que d’alibi et ne sont jamais réellement exploitées, une caution antagoniste telle une baudruche qui se dégonfle à la vitesse d’un mano-à-mano sans intérêt. Sans parler des incohérences et de l’artificialité d’un monde auquel on ne croit jamais vraiment. Même si Doug Liman parvient par instants à façonner un semblant d’univers très “western” dans l’âme, qu’il emballe quelques scènes d’action avec un savoir-faire qu’on ne pourra pas lui retirer, Chaos Walking souffre de trop d’approximations pour convaincre, exsangue d’un intérêt qui le fuit continuellement, pas aidé par les nombreuses coupes subies et un final remodelé.
Malgré une ambition de départ que l’on devine aisément, cette traque brinquebalante, succession de péripéties anecdotiques, manque cruellement de substance et d’adrénaline pour être autre chose qu’un inoffensif pétard mouillé…
Image
Pas de mauvaise surprise pour cette édition Metropolitan qui offre un disque techniquement très abouti avec une image de toute beauté. Excellente définition, gestion de la luminosité et de la colorimétrie parfaite, malgré les nombreux environnements naturels, de jour comme de nuit, une image bourrée de détails, qui profite du disque UHD pour se permettre des noirs abyssaux et délivré un piqué à la netteté sans pareil. Un transfert 4K à la source, sans up grading, qui profite effectivement pleinement du potentiel du support avec même des teintes vertes et bleues parfaitement réhaussées.
Son
Gros travail également sur le son avec une édition qui ne déçoit pas non plus sur ce plan. Les pistes anglaise et française fourmillent de détails, avec une spatialisation de l’environnement sonore très équilibré, les dialogues sont clairs et détachés et les scènes d’action envoient du lourd. Bref, du beau travail et ce que l’on est en droit d’attendre d’un tel film.
Interactivité
La section des bonus est plutôt fournie avec, pour commencer, un commentaire audio du réalisateur Doug Liman, de la productrice Alison Winter et du monteur Doc Crotzer. Eternel problème chez Metropolitan, celui-ci n’est pas sous-titré en français. C’est dommage. Pour autant, l’amateur aura la joie de pouvoir se plonger dans bien d’autres suppléments, divisés en thématiques particulières, à commencer par un segment consacré au réalisateur Doug Liman. L’auteur du roman dont est tiré le film fait également l’objet d’une featurette, tout comme le concept du “Bruit” inventé et matérialisé à l’écran pour le film, les personnages et la musique du film. L’ensemble est globalement instructif mais ne sort jamais des clous. En revanche, la série de scènes coupées en dit long sur la conception du film et sur le résultat final. D’une durée de 45 minutes, ces scènes ayant fini à la poubelle sont commentées elles aussi par le réalisateur, la productrice et le monteur, et démontrent à quel point des choix drastiques ont été nécessaires pour le montage final. Passionnant.
Liste des bonus
Le commentaire Audio avec le réalisateur Doug Liman, la productrice Alison Winter et le monteur Doc Crotzer (VO) ; Le bruit d’un réalisateur (19’) ; Pensées intérieures avec Patrick Ness (9’) ; La source du silence (8’) ; Les citoyens de Prentisstown (10′) ; La musique de Chaos Walking (5’) ; Les scènes coupées avec ou sans commentaire Audio avec le réalisateur Doug Liman, la productrice Alison Winter et le monteur Doc Crotzer (45’).