CERF VOLANT DU BOUT DU MONDE
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France, Chine – 1958
Support : Bluray
Genre : Comédie, Enfance
Réalisateur : Roger Pigaut
Acteurs : Patrick de Bardine, Sylviane Rozenberg, Jacques Faburel, Gérard Szymanski, Alain Astié, Henri Blanchar…
Musique : Louis Bessières, Tuan-Se-Tchung, Kia-Yi Wang
Image : 1.37 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0 mono Français
Sous-titres : Français
Durée : 84 minutes
Editeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 4 février 2025
LE PITCH
À Paris, sur la butte Montmartre, les enfants du quartier voient arriver un cerf-volant extraordinaire qui finit par se percher au sommet d’un arbre de la place du calvaire. Il est si fascinant avec ses couleurs et l’étrange personnage qu’il représente, qu’il attise toutes les convoitises. Tous les enfants veulent s’en emparer ! Mais ils s’aperçoivent vite que le cerf-volant cache un mystère : une lettre écrite en chinois et certains pouvoirs magiques…
Le voyage vers l’Est
Joli souvenir d’enfance pour de nombreux spectateurs ayant grandi durant les années 50, Cerf volant du bout du monde est un film rare. Triplement puisqu’en plus d’être peu distribué (merci Coin de mire pour ce Bluray), il est l’un des rares divertissement de l’époque à être totalement pensé pour le jeune public. Il est aussi historiquement la première coproduction franco-chinoise. En pleine Guerre froide, c’était du jamais vu.
Une petite période d’accalmie où la Chine communiste s’efforçait de s’ouvrir à nouveau un peu plus à l’occident et surtout à véhiculer une image moins austère, plus lumineuse et chaleureuse. Une coproduction qui pourrait avoir des petits airs de propagande et qui d’ailleurs connut de nombreuses réécritures pour se conformer aux désirs des autorités locales et qui due bien entendu accepter la surveillance d’un « coréalisateur », Wang Kia-Yi, catapulté par le régime. Le prix à payer certainement pour s’assurer la participation de la population et obtenir un droit de tournage dans tous Pekin et en particulier dans la fameuse Citée interdite. Des images certes aux accents touristiques, mais en 1958, surtout totalement inédite que Cerf-volant du bout du monde ne se contente pas de servir froidement, mais englobe dans la candeur des regards d’enfants, baignant le message « politique » sous une candeur plus universelle. Acteur à la carrière relativement modeste (on le croise dans La Peau d’un homme, Le Compte de Monte-Cristo avec Jean Mais mais aussi dans la série culte Les Chevaliers du ciel), Roger Pigaut abordait sa première réalisation en se remémorant quelques souvenirs d’enfances et surtout ses propres rêveries qui donnaient souvent corps à une Chine exotique, mystérieuse et lointaine.
« Enfants de la terre… »
Ainsi, passé une première partie durant laquelle le métrage suit les petites péripéties d’une très sympathique bande de gavroches qui se chamaillent et élaborent de grands plans pour récupérer un curieux cerf-volant et découvrir sa provenance, le récit va rapidement s’envoler vers l’évocation onirique alors que le jeune Pierrot, un peu le chef de la bande, reçoit la visite de Souen Wou Kong. Le Roi-singe, héros de multiples légendes et aventures qui transporte ici le gosse et sa petite sœur à Pékin sur les traces du petit chinois qui a envoyé ce message à travers le monde. Passage express devant un Empereur enfant et menaçants et surtout rencontre avec de nombreux jeunes chinois qui malgré les barrières de la langue vont s’empresser de leur prêter main forte. Une célébration charmante de l’amitié à travers le monde et les peuples, un grand livre d’images colorés, presque pastel, concocté par le maitre de la photo Henri Alekan (Les ailes du désir, La Belle et la bête, Vacances romaines…), profitant au passage de très jolies effets spéciaux et trucages optiques rappelant leur filiation avec l’art de Méliès. Le film doit aussi beaucoup bien entendu aux bouilles et à la gouaille de ses jeunes acteurs, qui ne sont justement jamais traités avec hauteur ou naïveté niaise. D’ailleurs si les séquences tournées en Chine impressionne par la majesté des lieux, celles tournées dans les quartiers populaires de Paris, donnant lieu à une illustration tout aussi attrayante de notre capitale durant les trente glorieuses et surtout de la petite vie communautaires (voisins, relations intergénérationnelles, sauvetage du chat par les gentils pompiers, gamins lâchés en libertés…) qui l’habitait.
L’image d’Épinal n’est jamais loin, mais petits et grands se laissent facilement prendre au jeu.
Image
Inédit en DVD et presque invisible ailleurs, Cerf Volant du bout du monde revient à la vie grâce à une superbe restauration produite par TF1 Vidéo et Coin de Mire à partir d’un nouveau scan 2K des négatifs originaux. Un travail admirable qui impose un nettoyage extrêmement soigné (plus aucun défaut visible sauf lors de quelques trucages), une stabilité inédite, un grain vibrant et organique et un traitement des couleurs riche et chatoyant. Idéal pour redécouvrir les charmes de ce voyage enfantin rehaussé par une définition tout aussi impeccable.
Son
Disposé en DTS HD Master Audio 2.0 le mono d’origine est très fidèle aux intentions premières avec une frontalité certaine et un dynamisme somme toute limité, mais là aussi la restauration frappe par une grande clarté de restitution et un équilibre constant dans les voix et les effets. Limpide et idéal pour profiter des accents, parigots ou asiatiques.
Interactivité
Comme toujours, et c’est tant mieux, Coin de Mire propose le Cerf volant du bout du monde accompagné en option par la fameuse séance complète. Un programme qui renoue avec l’atmosphère des cinémas d’antan et qui permet de redécouvrir les actualités de la 51eme semaine de 1958 où Nice surplombait le championnat de foot, où l’on remettait les prix Nobel avant d’aller au bal et où les dernières news people se confondaient étrangement avec une célébration des dictateurs en vogue… Des sujets sérieux suivis par la bande annonce de Le Grand chef avec Fernandel (disponible dans la même collection) et une sélection ô combien charmante et colorée de réclames (Miko, Krema, le spectacle « épique » de Monsavon, la jeunesse « in » qui plébiscite son chewing-gum Hollywood…) comme on en fait plus. Une fois n’est pas coutume, cet avant programme contient aussi un reportage cinéma sur les coulisses des productions France Ecrans, spécialiste des documentaires institutionnels et des réclames animées.
Toujours à l’affut de petits documents d’archives, l’éditeur propose aussi en sus une petite interview télévisée du réalisateur Roger Pigaut pour la sortie du film. Il y revient sur l’esprit du film, le lien avec ses souvenirs d’enfance et les petites difficultés à tourner avec de jeunes acteurs parfois un peu capricieux. Autre document d’archive, on découvre une interview des responsables des trucages visuels du film, avec explications didactiques de certains d’entre eux, enregistrée lors de la sortie d’un livre making of.
Liste des bonus
La Séance complète, Documentaire sur les coulisses de France Ecrans (10’), Interview de Roger Pigaut (4’), Interview à propos des Effets spéciaux (4’).