CENT JOURS À PALERME
Cento giorni a Palermo – Italie, France – 1984
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Giuseppe Ferrara
Acteurs : Lino Ventura, Giuliana De Sio, Lino Troisi, Stefano Satta Flores, Arnold Foà…
Musique : Vittorio Gelmetti
Image : 1.85 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Durée : 98 minutes
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 17 septembre 2024
LE PITCH
Printemps 1982. Après avoir brillamment combattu les Brigades Rouges, le général Dalla Chiesa accepte le poste de préfet de Palerme, ville contrôlée par la mafia sicilienne. Incorruptible, inflexible, il va devenir la bête noire de l’organisation criminelle.
Funérailles
Avant dernier film de Lino Ventura et nouvelle aventure italienne à laquelle il tenait beaucoup, au départ, Cent jours à Palerme ne fut pas pour lui une expérience des plus concluantes. En général plutôt discret sur les aléas du tournage, l’acteur n’a pas hésité à raconter ses agacements journaliers devant un metteur en scène trop indécis, manquant de caractère et de vision. Devant le résultat final, on serait plutôt enclin à lui donner raison.
Et à la sortie en salles les choses seront loin de s’arranger puisque Giuseppe Ferrara choisira de faire doubler intégralement la prestation italienne de Ventura par un autre acteur, ce qui amènera ce dernier à revoir la version française, se chargeant du doublage et de la traduction et demandant même quelques aménagements dans le montage. Triste ambiance donc pour un métrage qui partait pourtant d’une très bonne intentions en s’attachant aux trois derniers mois du Général Dalla Chiesa, devenu célèbre pour avoir maté les Brigade rouges, propulsé préfet de Palerme et missionné pour mettre fin à l’hégémonie de la Mafia. Un homme droit, fort, inarrêtable, prêt à tout pour arriver à ses fins, impeccablement incarné par le comédien français qui y apporte toute sa carrure et son charisme froid, effectivement idéal pour secouer les hommes et les institutions. Un homme seul contre le système (à nouveau) que le film montre se débattant avec un système politique apathique, un réseaux financier corrompu et une police désabusée. Malgré toutes les opérations mises en branle, les arrestations, les assauts lancés sur les banques et les commerces douteux, rien ne semble pourtant vraiment éreinter la cible. Au mieux l’agacer devant ce « manque de respect ».
Palerme ville close
Bonne idée d’ailleurs de ne jamais véritablement montrer les véritables autorités mafieuses, sans visage, toujours dans l’ombre, commanditant à d’autres les éliminations d’éléments gênants, soulignant progressivement la vacuité de ce combat et l’inéluctabilité de la tragédie à venir. Le film s’achève comme il avait commencé, par un assassinat violent et spectaculaire en pleine rue, démontrant qu’alors en Sicile rien ne pouvait vraiment changer. De bonnes pistes pour un film qui malheureusement n’arrive jamais à savoir s’il veut se diriger vers le polar corsé à l’italienne, le grand drame élégiaque (toutes les scènes avec l’épouse de Dalla Chiesa sont assez plombée) ou le pur film dossier aux lisières de la reconstitution documentaire. Cent jours à Palerme enchaine ainsi les scènes et les faits sans véritablement réussir à faire naitre une atmosphère notable, une véritable tension, où même à recréer à l’image l’identité si particulière de l’inquiétante Sicile de l’époque alors que le film n’a été tourné que deux ans après les faits. Cinéaste considéré comme un spécialiste justement des films sur le monde mafieux et sur les instances criminelles, Giuseppe Ferrara (L’Affaire Aldo Moro, Narcos, Secret d’état…) ne semble pourtant pas un metteur en scène des plus inspirés avec ses cadrages et son rythme très télévisuel et sa photographie blafarde qui confond réalisme avec fadeur.
Pas vraiment un grand moment de cinéma, très loin des hauteurs auquel le polar italien avait pu nous habituer (nous sommes en 1984 et l’industrie locale s’enfonce doucement mais surement), Cent jours à Palerme se suit alors essentiellement pour sa force de témoignage historique et son portrait d’un homme sacrifié face à la pieuvre… et bien entendu pour la prestation toujours impeccable, elle, du grand Ventura.
Image
Sortie assez tardive finalement en Bluray pour Cent jours à Palerme, même en Italie où l’édition est disponible depuis juillet, mais pas forcément dans une copie des plus impressionnantes. La source semble être un ancien master vidéo revisité avec toujours quelques traces persistantes et quelques restes de griffure. L’image est surtout marquée par un grain un peu lourd et un piqué relativement plat, pas vraiment aidés par la photographie froide et terne. Un Bluray tout à fait regardable mais à l’image vieillotte.
Son
L’édition Rimini ne propose le film que dans sa version doublée française (pour la vo, il faut voir les bonus) avec heureusement la voix de Ventura bien mise en avant, mais une équipe de doubleurs aux talents assez inégaux. En DTS HD Master Audio 2.0 la source mono n’apporte pas beaucoup de relief ou de dynamisme.
Interactivité
Dans le boitier scanavo lui-même logé dans fourreau cartonné, on retrouve le DVD du film et le Bluray. Sur ce dernier il est proposé de découvrir pour la première fois le montage italien (malheureusement uniquement en SD) de Cent jours à Palerme légèrement plus long et doté de quelques petites différences de montage (en particulier le générique d’ouverture) mais surtout avec une voix doublée italienne pour Ventura. Un sujet qui comme le raconte Clélia Ventura avait fait exploser l’acteur, dégoutté après avoir longuement travaillé son accent, point final d’ailleurs d’une mésentente bien connue avec Giuseppe Ferrara tout au long du tournage.Sa fille nous raconte aussi l’attachement de son père au personnage de Dalla Chiesa, son nouveau type de personnage après L’Armée des ombres et plus généralement son professionnalisme.
Et Rimini nous a encore dégotté une très belle interview inédite du coté de la télévision suisse où l’acteur vient présenter le film La 7eme cible mais aussi parler de Cent jours à Palerme qui vient d’être diffuser à la télévision. L’occasion pour lui de revenir sur ses reproches envers le réalisateur (qui pour lui n’en était pas un), mais aussi d’évoquer un projet entamé à Hong-Kong mais finalement abandonné (il s’agit de La Jonque chinoise, jamais achevé), et plus généralement les bouleversements qu’il pressant dans le cinéma mondial avec l’arrivée des grands divertissements « bande dessiné » américains. Toujours avec franchise, caractère et humour, le monsieur discute métier d’acteur, personnages, Jean Gabin, copains réalisateurs, défiance des politiques et cuisine. Passionnant et souvent assez drôle, même dans les coups de gueule.
Liste des bonus
Version italienne inédite du film (102’, SD), Interview inédite de Lino Ventura (30’), Interview inédite de Clélia Ventura (9’).