CAVALE SANS ISSUE
Nowhere To Run – Etats-Unis – 1993
Support : Bluray & DVD
Genre : Action
Réalisateur : Robert Harmon
Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Rosanna Arquette, Ted Levine, Joss Ackland, Kieran Culkin, Edward Blatchford, …
Musique : Mark Isham
Durée : 94 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 16 février 2022
LE PITCH
Tout juste évadé de prison, Sam Gillen trouve refuge dans un bois à proximité de la propriété d’une jeune veuve et de ses deux enfants. Malgré le danger, il accepte de les aider face à un promoteur prêt à tout pour faire fuir la petite famille de ces terres convoitées, …
Le Chevalier belge
Honorable tentative de Jean-Claude Van Damme de prouver à ses détracteurs que ses talents d’acteur ne se limitent pas à faire le grand écart et à multiplier les coups de tatanes, Cavale sans issue donne dans le western contemporain et champêtre et oppose la star belge à un duo de salopards particulièrement coriaces pour les beaux yeux (et le reste) de Rosanna Arquette. Un peu en panne de crédibilité par instants, le résultat n’en reste pas moins sincère et attachant.
Admiré puis moqué avec la même ferveur avant d’être timidement réhabilité depuis quelques années, Jean-Claude Van Damme est aujourd’hui sur le point de prendre sa retraite. À l’heure du bilan, Cavale sans issue s’inscrit sans conteste parmi les films les plus réussis du karatéka belge. La conséquence d’une discrète remise en question.
Dans la foulée du joli succès d’Universal Soldier, son premier grand film de studio, Van Damme sait qu’il est à un tournant de sa carrière et que l’image qu’il s’est bâti à la force de ses poings et de ses pieds peut aussi le desservir. Pour durer à Hollywood, il faut se diversifier et muscler son jeu, comme dirait un certain Aimé Jacquet. Coup d’envoi d’un contrat pour trois films chez la Columbia, Cavale sans issue (qui faillit s’appeler Crossing The Line) est clairement pensé pour plaire à un public plus féminin, plus familial et plus exigeant avec un rôle qui, vingt ans plus tôt, aurait pu être proposé à Steve McQueen ou à Clint Eastwood. Braqueur de banques taciturne, Sam Gillen est aussi un homme droit et loyal, animé par un code d’honneur dont il ne déroge jamais. Pour protéger son jeune associé Billy de l’enfer de la prison, il se fait accuser d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Évadé et poursuivi par la police et le FBI, il prend le risque d’aider une inconnue et ses enfants contre un promoteur immobilier sans scrupules et ses hommes de main. Et Van Damme de jouer le chevalier blanc volant (littéralement !) au secours de la veuve et de l’orphelin. Mis à nu au propre comme au figuré, il se lie d’amitié avec un gamin qui le compare d’abord à E.T. (!) avant d’en faire un père de substitution et il abandonne grands écarts et coups de pieds sautés retournés pour ne jouer que des poings et de son regard de séducteur. Le Kurt Sloane de Kickboxer semble alors bien loin.
Auprès de ma blonde …
Au coude à coude avec le suspense et l’action, la romance. L’arme secrète de Cavale sans issue, c’est l’histoire d’amour entre Rosanna Arquette et Jean-Claude Van Damme. Ou du moins, c’est ce qu’espère le scénario de Leslie Bohem, version remaniée d’une histoire imaginée par cet adorable escroc de Joe Eszterhas et feu le réalisateur du Retour du Jedi, Richard Marquand. À l’écran, la sensualité et le charisme du couple fonctionne plutôt bien et culmine dans une étreinte torride où les fesses musclées de Jean-Claude et la poitrine généreuse de Rosanna sont mis en valeur comme s’il s’agissait d’effets spéciaux dernier cri. Une façon comme une autre de nous faire avaler de sacrées couleuvres. Comme cette scène où l’acteur découvre Rosanna Arquette pour la première fois en la reluquant sous sa douche comme un ado en chaleur (certes, il sort de prison … mais on a connu plus romantique !). Ou le fait que l’on essaie de nous faire passer une blonde fantasmatique qui prend des poses de modèle Playboy pour une femme au foyer, veuve, et qui s’occupe d’une ferme ! On n’est quand même pas loin du niveau de crédibilité de Denise Richards en physicienne nucléaire dans Le Monde ne suffit pas.
Ces reproches s’évanouissent en grande partie au regard de la mise en scène on ne peut plus solide de Robert Harmon. Du spectaculaire accident d’un fourgon pénitentiaire qui ouvre le film à l’affrontement final en passant par un sauvetage dans une grange dévorée par les flammes, le réalisateur d’Hitcher combine maîtrise du cadre et plans chocs (des travellings aussi soudains que violents qui accompagnent la trajectoire des balles), bien assisté par Peter McDonald (Rambo III et Légionnaire, avec Van Damme justement) en réalisateur de seconde équipe, lequel signera quelques reshoots tardifs comme cette poursuite à moto et à cheval entre Sam et les forces de l’ordre. Bonne idée aussi que d’avoir confié les rôles des bad guys à Joss Ackland (L’Arme Fatale 2) et à Ted « Buffalo Bill » Levine. Ils incarnent une menace dans la plus pure tradition du western : le grand propriétaire terrien au sourire lourd de menaces et son homme de main sadique et sans scrupules.
Mécontent du scénario et des recettes du box-office, Van Damme n’a pas eu que des mots tendres pour Cavale sans issue. L’acteur se trompe : on aurait bien aimé le voir rempiler dans la peau de Sam Gillen, enfourchant sa Triumph à la sortie du pénitencier, prêt à répondre à l’appel de l’aventure et de la justice comme les chevaliers d’antan.
Image
Jamais sorti en haute-définition auparavant, Cavale sans issue nous parvient enfin dans un master acceptable mais perfectible. ESC a fait de son mieux mais il reste pas mal de grain et de bruit vidéo, essentiellement dans les scènes sombres, et les noirs semblent parfois voilés. La définition, les couleurs et les contrastes sont plus que satisfaisants. Le résultat final est même un cran au-dessus du blu-ray UK de 88 films sorti début 2021 avec une compression plus robuste.
Son
Deux pistes stéréo qui se valent et qui ne manque pas de punch. L’équilibre entre les dialogues centrés à l’avant et les basses qui enrobent les scènes d’action est exemplaire. On aurait pu craindre un mixage binaire et « boum-boum » mais les ambiances et la musique ne sont pas en reste, avec une belle présence de cette dernière lors du générique d’ouverture, très immersif.
Interactivité
Déjà la huitième box VHS collector consacré à Jean-Claude Van Damme ! Les goodies ne changent pas, pour le plus grand bonheur des fans de JCVD et la très belle affiche originale a été reprise telle quelle, ce qui n’est bizarrement pas le cas de l’édition « simple ». Dans un entretien passionnant, Arthur Cauras poursuit son analyse au long cours de la carrière de l’acteur en se concentrant cette fois-ci sur le doublé de Tsui Hark : Double Team et Piège à Hong-Kong. Frédéric Albert Levy revient pour sa part sur les personnages féminins de la filmographie de Van Damme et met en lumière la cohérence de l’acteur dans sa vision de la cellule familiale et de l’amour sur grand écran. Un making of d’époque riche en images de tournages mais malheureusement issu d’une copie VHS à la frontière entre le vintage et le très abîmé conclu une interactivité dans la bonne moyenne. Dommage que la formidable interview de Peter McDonald visible sur le blu-ray anglais n’ait pas eu la chance de traverser la Manche.
Liste des bonus
« Van Damme Le poing sur sa carrière – Partie 6 » par Arthur Cauras, « Van Damme et ses dames » par Frédéric Albert Levy, Making of (SD), Bande-annonce.