CASINO ROYALE
Royaume-Uni – 1967
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie, Espionnage
Réalisateur : John Huston, Kenneth Hugues, Val Guest, Robert Parrish, Joe McGrath
Acteurs : Peter Sellers, Ursula Andress, David Niven, Orson Welles, Joanna Pettet, Daliah Lavi, , Jean-Paul Belmondo, Woody Allen, Deborah Kerr, William Holden, Charles Boyer, George Raft, Barbara Bouchet, Jacqueline Bisset…
Musique : Burt Bacharach
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0 mono, Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 131 minutes
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 18 octobre 2023
LE PITCH
Décidément, rien ne va plus dans les Services Secrets Britanniques ! L’Organisation Criminelle SMERSH a entrepris de saboter la stabilité mondiale : pas moins de 11 agents ont disparu et pour couronner le tout, notre plus grand agent secret, 007, est parti profiter d’une paisible retraite. M ainsi que les chefs de la CIA et du KGB n’ont qu’un seul espoir : rappeler Sir James Bond et le persuader de se remettre au travail…
What’s New Your Majesty ?
Les années 60 furent les années James Bond. L’explosion de la bondmania. Pourtant en 1967, On ne vit que deux fois se fait devancer au box-office par un opus pirate : Casino Royale. Une farce rocambolesque, bordélique à souhait, ou Sean Connery se voit remplacé par David Niven, Peter Sellers, Ursula Andress, Joanna Pettet, Dalial Lavi, Terence Cooper, Barbara Bouchet et même Woody Allen… tous dans le rôle de James Bond !
L’aventure Casino Royale est née en 1954 alors que Ian Flemming n’avait alors justement qu’édité ce premier roman. Un joli succès amorçant, mais ne mesurant pas ce que lui réservait l’avenir, le romancier avait concédé de vendre les droits du titre pour un épisode spécial de l’émission américaine Climax !, faisant ainsi de l’acteur Barry Nelson (Airport, Shinning) le premier interprète, longtemps oublié, de James Bond. De fil en aiguille, les droits atterrissent quelques années plus tard dans l’escarcelle du producteur Charles K. Feldman (Sept ans de réflexions, Un Tramway nommé désir, Macbeth d’Orson Welles…) qui s’imagine pouvoir profiter à son tour de la bondmania qui a envahi le monde depuis la déflagration Goldfinger. Après quelques tentatives de rapprochements avec EON production ou de séduction d’un Sean Connery qui prépare déjà sa sortie, conscient de ne pouvoir donner naissance à un James Bond classique, Feldman change son fusil d’épaule et s’engouffre dans la voie de la grosse parodie. Difficile de choisir un nouveau visage pour l’agent 007 ? Peu importe, le James Bond interprété par David Niven (au départ le premier choix de Ian Flemming) décide de renommer tous les agents secrets british James Bond pour duper l’ennemi.
Le Meilleur des (autres) Bonds
Le début d’un sacré bordel qui n’est qu’un simple reflet de celui qui se déroulait en coulisse. Relativement parano mais enthousiaste, le producteur fit donc travailler des dizaines de scénaristes différents sans que la plupart ne voient jamais la totalité du script. Idem pour la petite poignée de réalisateurs engagés (dont John Houston tout de même) qui tournèrent chacun de leurs cotés leurs segments sans vraiment savoir ce que les collègues filmaient parfois dans un studio voisin. A cela s’ajoute les nombreuses réécritures de dialogues à même le plateau. Avec douceur pour Woody Allen, absolument hilarant en neveux catastrophique et méchant pathétique. Avec plus de scandales pour un Peter Sellers qui fera la misère à ses partenaires et s’en prendra plusieurs fois à un Orson Welles, sans doute trop jubilatoire en Le Chiffre, passant son temps à faire des tours de magie. Au départ engagé seulement pour mettre en forme les segments consacrés aux personnages de Woody Allen, l’excellent Val Guest (Le Monstre, Le Jour où la terre prit feu…) se verra confier la très lourde tâche de remettre le tout en forme avec un semblant de logique. Un casting grand luxe, des moyens démesurés, un humour totalement potache, décalé et pop au service d’un cadavre exquis chaotique à souhait, enchainant les séquences sans grande logique, s’éloignant plus que raisonnablement du roman initial, mais dont le résultat s’avère franchement réjouissant. Un film libre, très swinging london et psychédélique à la manière du récent What’s New Pussycat ? produit par le même Feldman deux ans plus tôt.
Si le film ne cesse de se perdre, pédale régulièrement dans la choucroute, il est aussi constamment traversé de grands moments de drôleries et de délires sous acides, permettant ainsi de croiser Deborah Kerr à contre-emploi en châtelaine écossaises envoyant ses filles dans le lit de Bond (façon Sacré Graal), de découvrir une école d’espionnages à l’esthétique impressionniste muet en Allemagne de l’est, de rencontrer la délicieuse fille de Bond et Mata Hari, de se perdre dans une séquences de torture sous hallucinogène (avec Peter O’Toole qui passait par là), de voir atterrir un OVNI sur Piccadily Circus et de se jeter à corps perdu dans un grand final ubuesque et explosif avec cowboys, indiens, gangsters, otaries bagarreuses et un Belmondo bondissant. Un film hors-norme du début à la fin.
Image
Il n’existe pas d’autre copie HD de Casino Royale que celle déjà distribué en 2011 par FPE pour son tout petit Bluray. Un master hérité d’un transfert préexistant et usité lui-même pour le précédent DVD. Heureusement la copie avait été largement nettoyée, sérieusement stabilisée et généreusement réétalonnée. Avec quelques manipulations numériques à la clef, le pendant HD s’en sort donc étonnement bien avec des couleurs assez fraîches, voir pimpantes, et une définition assez confortable, capable même parfois de délivrer quelques plans resserrés aux piqués tout à fait convaincants. Reste tout de même que sans retour aux négatifs, le film commence à manquer sérieusement de matière, de grain et de profondeur, constamment baigné dans un rendu lisse et bien trop doux.
Son
Plutôt sympa même si pas forcément des plus spectaculaires, le DTS HD 5.1 est toujours mis en avant, mais Rimini a tout de même eu la bonne intention de récupéré l’excellente, et supérieure, stéréo d’origine (en DTS HD Master Audio 2.0) pour mieux profiter de l’équilibre général et de l’énergie toute particulière qui avait été apporté à la bande son de Burt Bacharach. Dans un mix relativement équivalent, mais avec un étouffement assez habituel, la version française d’époque est bien présente elle aussi.
Interactivité
Après un premier Bluray parcellaire en 2011 chez un autre distributeur, Casino Royale se voit enfin doter d’une édition digne de son nom… Voir même carrément classieuse, grâce à Rimini Editions. Le film rejoint d’ailleurs la longue série de très beau Mediabook de l’éditeur, avec rangés dans la couverture le disque Bluray, et les deux DVD (film + bonus) et au milieu un livret d’une centaine de page signé Marc Toullec. Dans celui-ci il est question de la longue gestation du film et du récit très complet de son tournage ubuesque, mais aussi de l’histoire même du roman Casino Royale, de sa première adaptation télé jusqu’à sa version moderne avec Daniel Craig en passant par la tentative de Quentin Tarantino. Un texte très riche et bourré d’anecdotes et d’infos.
Et sur les disques proprement dit, l’éditeur reprend tout naturellement l’excellent making of de 45 minutes revenant à grands renforts de témoignages et d’interviews sur l’expérience hors-normes de la fabrication du film. Si celui-ci était déjà visible sur le Bluray précédent, Rimini y ajoute enfin les deux bonus qui étaient encore restés inédits chez nous. Soit une bonne interview supplémentaire de Val Guest qui se penche plus précisément sur sa partie et l’esthétique psychédélique du film mais aussi le fameux épisode de Climax, première adaptation historique de Casino Royale dans sa version intégrale datant de 1954 ! L’occasion de revoir cet étonnant téléfilm tourné en quasi direct avec Barry Nelson dans le rôle d’un James Bond américain face à un Le Chiffre incarné par l’inquiétant Peter Lorre.
Et question d’y apporter sa petite touche, l’éditeur français s’est aussi fendu d’une rencontre avec le critique et historien du cinéma Laurent Aknin, histoire de bien replacer le film au cœur de la bondmania et de l’ère de l’Eurospy et d’en refléter la réception surprise du film lors de sa première sortie : certains spectateurs étant persuadés d’aller voir une vraie aventure de James Bond… On imagine leurs tronches à la sortie !
Liste des bonus
le livre « Casino Royale : Des James Bons pas comme les autres » rédigé par Marc Toullec (112 pages), Entretien avec Laurent Aknin, historien du cinéma (25’), « Bond… James Bond? – The Making of Casino Royale » (42’), « Psychedelic Cinema » : entretien avec Val Guest (20’), « Casino Royale » : épisode 3 saison 1 de la série « Climax! », réalisé par William H. Brown Jr. avec Barry Nelson et Peter Lorre (1954, 1.33, N&B, 48’), Bande-annonce.