CANNIBAL FEROX
Italie – 1981
Support : UHBluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Umberto Lenzi
Acteurs : Giovanni Lombardo Radice, Lorraine De Selle, Danilo Mattei, Zora Kerova, Walter Lucchini
Musique : Roberto Donati, Fiamma Maglione
Image : 1.85 16/9
Son : Italien et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 93 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 mars 2023
LE PITCH
Des étudiants en anthropologie se rendent en Amazonie pour étudier les moeurs des tribus cannibales. Sur place, ils rencontrent Mike et Joe, deux américains trafiquants de diamants et de cocaïne, ayant réduit des indigènes à l’esclavage. A la suite du viol et du meurtre d’une fille de la tribu, les cannibales se révoltent contre leurs tortionnaires. Ces derniers vont être soumis aux pires outrages…
Sans grand appétit
Après Cannibal Holocaust il y eu Cannibal Ferox. Du film cultissime et profondément malaisant, Umberto Lenzi répond sans trop y croire par un gros film d’exploitation presque aussi gore et tout aussi critique sur le regard apposé par les occidentaux sur le monde sauvage.
Il le rappelle assez souvent, et ici encore en début d’interview, les films gores et les films de cannibales ce n’étaient pas vraiment son truc, n’hésitant pas même à caractériser son Cannibal Ferox de « sombre merde ». Amoureux du giallo tortueux, du polar crapoteux et des thriller urbain, Lenzi se retrouve à accepter quelques commandes sans passions comme La Secte des cannibales, L’Avion de l’apocalypse ou le présent Cannibal Ferox question de faire sa place dans le moule des films italiens bien craspecs dont les spectateurs étaient si friands en ce tout début des années 80. Naturellement Cannibal Ferox n’a pour but que de surfer sur le choc Cannibal Holocaust réalisé l’année précédente par Ruggero Deodato. Comme lui, Lenzi embarque sa petite équipe italienne dans la jungle amazonienne, mais à l’équipe de tournage d’un documentaire tendancieux répond une étudiante en anthropologie, convaincue que le cannibalisme est un mythe inventé par l’homme blanc, accompagnée de sa meilleure amie (plus que légère) et son frère. En cours de route ces trois là rencontrent deux compatriotes tout aussi égarés qu’eux, fuyant une peuplade qui les aurait attaqué et aurait massacré leur guide. Bien entendu, quand l’un est incarné par un Giovanni Lombardo Radice (Pulsions cannibales, La Maison au fond du parc, Bloody Bird…) cocaïné jusqu’au trognon, on se doute que la chose doit être bien plus compliqué que cela.
Par les tripes !
Toujours aussi chargé de la misanthropie propre au cinéaste (et comme un écho au film de Deodato bien entendu), la bestialité des peuples autochtones n’est encore une fois qu’une réponse à la sauvagerie immorale de l’homme blanc venu leurs voler leurs richesses et violer les femmes. L’homme est un loup pour l’homme et provoque sa propre chute qui sera, cela va de soi, particulièrement cruelle : une magnifique castration plein cadre, une cervelle ouverte à coup de machette avant d’être dégustée, une pauvre demoiselle pendue par des crochets enfoncés dans les seins, ainsi qu’un petit défilé de tripes évidées et dévorées toutes chaudes. Le b.a.-ba du genre, mais assenée avec une générosité bien bisseuse et savamment confectionné par l’excellent Gino De Rossi (L’Enfer des zombies, Frayeurs… Casino Royal !). Des scènes devenu cultes pour les amateurs, accompagnées de longues et sordides mises à mort (réelles celle-là) de pauvres animaux et qui entrainèrent une interdiction de diffusion dans une trentaine de pays à l’époque, sans compter sur les nombreuses copies tronquées. Mais cette grande aventure exotique et barbare, n’a cependant pas la même force que son modèle, délivrant son message « politique » dans de longues tirades peu naturelles éliminant toute ambigüité, reflet direct d’un scénario de toute façon un peu flottant jusqu’à la montée en puissance du grand final gore. Bizarrement, Cannibal Ferox s’appesantit aussi d’une trame parallèle new-yorkaise offrant certes à Lenzi l’opportunité de tourner dans la grande pomme, mais qui n’apporte rien au récit et alourdit considérablement le rythme.
Peu inspiré par le genre, le cadre et les paysages, Umberto Lenzi laisse le radeau voguer mollement entre les champs / contre-champs scolaires et quelques petites accélérations caméra épaules plus fiévreuses. Du film rageux et novateur de Deodato au rip-of pas dissimulé de Lenzi il y a un tout de même un sacré fossé.
Image
Inégale mais tout de même plus que satisfaisante, la copie HD intégrale de Cannibal Ferox (avec même deux courts plans totalement inédits chez nous), s’efforce constamment de redonner une patine plus pointue et vive que jamais, sans jamais oublier en cours de route les aspects les plus granuleux et sales de l’esthétique du film. L’ensemble des plans ont été plutôt bien nettoyés, la définition vient souvent creuser des détails presque invisibles jusque-là, mais doit batailler avec un grain important, vibrant mais fluctuant. Les teintes plus chaleureuses et contrastées que jamais redonnent là aussi un sacré coup de pep’s à un métrage dont on garde souvent en mémoire les premières découvertes sur VHS dégueux.
Son
Version originale italienne et française répondent présentes avec un DTS HD Master Audio 2.0 plus moderne. Le doublage local manque souvent de conviction et d’intensité mais sa restitution reste plutôt propre, là où la piste originale préserve une sécheresse plus directe et convaincante.
Interactivité
Rien de mieux pour ressortir Cannibal Ferox que d’affubler le fourreau cartonné du digipack d’une réinterprétation de la prouesse la plus célèbre du film.
Sur le disque proprement dit, on retrouve une sélection d’interviews récoltées sur les éditions anciennes ou étrangères. L’Actrice Zora Kerova, le spécialiste des effets spéciaux Gino De Rossi et le réalisateur en personne (qui balance méchamment, s’énerve sur quelques questions morales et se venge d’acteurs qu’il ne trouve pas assez reconnaissants) retracent un tournage sur place difficile entre un confort très précaire, une nourriture locale qui manque de spaghettis et des réseaux de trafiquant de drogue qui mettaient la région sous tension. Disparu il y a quelques semaines à peine, Giovanni Lombardo Radice profite pour le coup d’une bien plus longue rencontre, retraçant sur près d’une heure ses plus célèbres participations au bis italien. Lui non plus ne connait pas la langue de bois et évoque sans détour tout le peu d’amour qu’il peut avoir pour le Cannibal Ferox en question. Bonne ambiance…
Liste des bonus
« Accro à vous », interview d’Umberto Lenzi (20’), « On l’appelle le Bombardier », interview de Gino De Rossi, superviseur des effets spéciaux (25’), « Zora au pays des cannibales », interview de Zora Kerova (25’), L’aventure amazonienne de Danilo Mattei (21’), Les nombreuses vies et morts de Giovanni Lombardo Radice (51’), Bande-annonce.