CALTIKI, LE MONSTRE IMMORTEL
Caltiki, il mostro immortale – Italie, France – 1959
Support : Bluray & DVD
Genre : Science-fiction, Horreur
Réalisateur : Riccardo Freda, Mario Bava
Acteurs : John Merivale, Didi Perego, Daniela Rocca, Gérard Herter
Musique : Roberto Nicolosi
Durée : 77 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Italien et français PCM 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Artus Films
Date de sortie : 19 avril 2022
LE PITCH
Lors d’une expédition dans un ancien temple Maya, des archéologues découvrent la statue millénaire de Caltiki, la déesse de la mort. Un monstre surgit et s’en prend à un membre de l’équipe, lui greffant une substance gélatineuse. Au même moment, la comète Arsinoé passe près de la Terre, augmentant la radioactivité. La masse informe grossit progressivement, ravageant tout sur son passage.
Mario eXperiment
Signé officiellement Riccardo Freda, mais rapidement associé à son homme de l’ombre, Mario Bava, Caltiki, Le Monstre immortel est l’une des premières tentatives de science-fiction à l’italienne. Une œuvre parfois aussi pataude que sa créature à la croissance menaçante, mai traversée d’une certaine poésie macabre qui annonce une grande carrière à venir.
Après une première tentative d’imposer un fantastique local avec Les Vampires en 1957, Riccardo Freda, désormais sous le pseudonyme Robert Hampton plus rassurant pour les masses, réitère l’opération deux ans plus tard avec Caltiki, versant plus ouvertement vers l’horreur et la science-fiction. Et comme ce sera souvent le cas, ce dernier est ouvertement et largement inspiré par les derniers succès du genre aux USA comme Le Blob, ou en Angleterre avec le premier opus Hammer des Quatermass, alias Le Monstre, mis en scène par Val Guest. A l’un Caltiki reprend la créature spongieuse aux airs d’amibe unicellulaire qui dévore tout sur son passage, au second le personnage du pauvre aventurier contaminé qui se transforme à son tour en monstre violent. Un petit film d’exploitation qui doit batailler avec un budget tout rikiki et qui, il faut l’avouer, ne brille pas forcément par un scénario au déroulé prévisible, aux personnages caricaturaux, bavards et assez fades (les gentils, les méchants et la pauvre indigène éprise) et des acteurs sans grande envergure. Mais comme pour Les Vampires, et sans rien vouloir retirer aux talents d’artisans noble de Riccardo Freda, cette production profite à nouveau de la présence du camarade privilégie Mario Bava. Appelé bien souvent par son collègue pour ses immenses talents de chef opérateur et de petit génie des effets spéciaux, il fut aussi le sauveteur d’un Les Vampires déserté par un Freda colérique.
Dans l’abîme du temps
Si les origines de la prise de distance de ce dernier sur le tournage de Caltiki restent sujet à débat (volontaire pour mettre le pied à l’étrier à son poulain ou nouvelle prise de bec avec la production ?), il n’en reste pas moins que le métrage est aujourd’hui unanimement crédité à égalité, si ce n’est plus, à Mario Bava. On le reconnaît forcément dans les superbes peintures sur verre qui viennent habiller des ruines Maya oubliées et une jungle luxuriante mais inquiétante, dans la multitude de jolies scènes spectaculaires entièrement rendues en miniatures, ou même dans ce monstre gigantesque ressemblant tour à tour à un amas de serpillères savonneuses ou de lingettes cradingues au contact acide arrachant bras et visages. Mais aussi dans un superbe noir et blanc sculpté par les ombres, particulièrement oppressantes lorsque l’on s’approche des terres de mythes légendaires et de trésors oubliés. Grand admirateur des écrits de H.P. Lovecraft, on imagine parfaitement le futur cinéaste de La Planète des vampires inscrire son Caltiki dans une atmosphère de film d’horreur dont la source viendrait du fond des âges, de l’autre bout de l’univers, prenant la forme d’une chose innommable considérée comme un dieu dévoreur par les peuples primitifs qui se transmettent sa légende depuis des siècles. De quoi donner une aura particulière à ce petit film d’exploitation et ouvrir la porte, enfin, à la mise en scène complète pour Mario Bava quelques mois plus tard. Ça sera bien entendu avec le splendide Masque du démon.
Image
Restauré en Italie sous l’égide des petits gars d’Arrow, le master HD de Caltiki a été effectué avec la seule source encore disponible, soit un amalgame de différentes copies de négatif. Un scan 2K qui a tout de même permis de redonner un sacré coup d’éclat au film, de raffermir les noirs (très importants), de resserrer les contrastes et surtout de nettoyer avec beaucoup de soin des cadres qui avaient été largement abîmés par le temps. Le résultat est plutôt impressionnant et même si quelques plans bataillent un peu plus (de légers artefacts peuvent apparaître en arrière-plan), la définition est éclatante, le grain et les argentiques répondent présents.
Son
Artus a ici privilégié les pistes monos italienne, dynamique et équilibrée, et française, plus tranchée mais assez réussie, mettant de côté la post-synchronisation anglaise. Rien d’illogique surtout que celles-ci se montrent plutôt claires et rafraîchies.
Interactivité
Artus édite Caltiki sous la forme d’un mini coffret avec fourreau catonné. A l’intérieur un fin digipack comprenant le Bluray et le DVD ainsi qu’un livret d’une soixantaine de pages rédigé par Christian Lucas. Un ouvrage tourné vers les multiples inspirations du film et ses ramifications avec des productions plus récentes et qui s’efforce de décortiquer l’implication de Mario Bava et Ricardo Fredda dans cette ultime grande collaboration. Des questions qu’il soulève à nouveau dans son intervention vidéo qui étend légèrement le propos aux multiples interaction et associations des deux bonhommes. Outre le générique en version française, quelques photos et la traditionnelle bande annonce, on trouve aussi une présentation du film dans laquelle Stéphane Derderian tente de rattacher le film aux questions de genre et de bis.
Liste des bonus
le livre « Caltiki – Le monstre immortel » par Christian Lucas (62 pages), Présentation par Stéphane Derderian (19’), « Bava & Freda » : par Christian Lucas (10’), Générique français (1’21”), Diaporama d’affiches et photos (5’), Bande-annonce originale.