BUBBA HO-TEP
Etats-Unis – 2002
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantastique, Comédie
Réalisateur : Don Coscarelli
Acteurs : Bruce Campbell, Ossie Davis, Ella Joyce, Heidi Marnhout, Bob Ivy, Edith Jefferson…
Musique : Brian Tyler
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 92 minutes
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 22 janvier 2025
LE PITCH
Une petite ville de l’Amérique est menacée par une terrible momie, Bubba Ho-Tep, qui veut absorber l’énergie vitale des habitants. Afin de la combattre, deux pensionnaires de la maison de retraite locale unissent leurs forces. Parmi eux, l’authentique Elvis Presley et un homme qui se prend pour le président John F. Kenndy… Elvis et Jack sont alors bien décidés à sauver leur maison de repos des griffes de la momie…
Long Live The king !
Créateur de la saga d’épouvante bizarroïde, mais passionnante, Phantasm, Don Coscarelli a bâti sa carrière autour d’une constante bataille pour son indépendance. Un petit maitre du cinéma fantastique parallèle, curieux et unique où trône bien évidement ce fameux Bubba Ho-Tep rencontre imprévisible entre un Elvis grabataire et une momie redneck.
Comme pour le reste de sa filmographie, croisant pas moins de quatre opus de Phantasm (il se contente du poste de producteur pour le 5ème), un totalement délirant John Dies At The End et un trip Fantasy, Dar l’invincible, kitch mais définitivement charmant, Bubba Ho-Tep possède clairement cet effluve des œuvres improbables, des projets que personne, ou presque, n’aurait osé mener à son terme. D’autant plus courageux que pour s’assurer une liberté de création totale (ce qui ne fut certainement pas le cas sur Phantasm II et Dar l’invincible justement) le cinéaste se charge en personne de l’écriture, de la réalisation, mais aussi de la production et dans une certaine mesure de la distribution. Un film de Don Coscarelli, de A à Z, qui forcément trouva dans la nouvelle déjà bien allumée de Joe R. Lansdale (Les Marécages, Les Mécanos de Vénus…) un joyeux terrain d’expérimentation avec cette évocation d’un Elvis Presley oublié, après avoir échangé sa vie avec l’un de ses sosies, prostré dans le lit d’une maison de retraite pas totalement salubre, obligé de reprendre le chemin de l’aventure alors que ses camarades pensionnaires se font dévorer les âmes (par l’anus) par une momie égyptienne. Ils ne sont d’ailleurs pas les seules curiosités des lieux puisqu’en plus d’un papy persuadé d’être la réincarnation du Lone Ranger (se trimballant avec ses flingues ne plastique et son loup de circonstance), Elvis va surtout s’allier avec Jack qui, selon ses dires, serait le véritable JFK déguisé en homme noir pour échapper à ses assassins. Bin voyons !
Ehpad Rock
Une petite maison de fous où la fin de vie n’est plus vraiment un long fleuve tranquille : combats contre de terrible scarabées géants, poursuites effrénées en déambulateur, final lancé à toute berzingue grâce à une chaise roulante… Mais Bubba Ho-Tep, toujours sur le fil, se refuse à tomber dans la parodie ou la comédie un peu trash, préférant cajoler ses atours de film d’horreur pour mieux souligner la tendresse du propos. Un joli film sur la vieillesse, ses limites physiques ou mentales, qui s’extasie sur le retour d’une érection que l’on croyait définitivement perdue, sur la naissance d’une amitié improbable entre deux ronchons. C’est aussi une œuvre sur la fin des légendes et de ce qu’elles laissent à la postérité. Faire incarner la défroque de l’ersatz du plus progressiste des présidents américains au vétéran Ossie Davis, aussi connu pour sa solide carrière d’acteur précurseur noir que pour ses combats politiques, dépasse évidemment la simple note d’intention. Mais le coup de génie de Bubba Ho-Tep reste la suggestion du copain Sam Raimi de proposer l’inénarrable Bruce Campbell dans le rôle-titre. Pas forcément connu pour son jeu plein de nuances, il utilise ici à merveille son cabotinage coutumier pour retrouver l’énergie rock’n’roll et le charisme du véritable Elvis, sans jamais perdre de vue la fragilité et la mélancolie de la légende au crépuscule d’une vie qu’il veut achever avec panache. Peut-être son meilleur rôle, en tout cas une prestation haute en couleur et sensible qui donne vraiment le ton à une comédie (légèrement) horrifique, douce-amère et au sens du décalage toujours aussi rafraichissant.
Un mélange unique et qui, malgré une carrière cinéma très limitée (en France le film sortira avec trois ans de retard), lui a fait gravir peu à peu les échelons du culte auprès des aficionados. Et même si Coscarelli annonce encore et toujours travailler à une suite et / ou préquelle intitulée Bubba Nosferatu : Curse of the She-Vampires, l’aspect doublement exceptionnel de Bubba Ho-Tep n’est pas une mauvaise chose.
Image
ESC utilise ici une restauration effectuée en 2022 à partir de nouveaux scans des négatifs originaux, et déjà croisée chez nos camarades américains et anglais. Le résultat est particulièrement appréciable chez nous où le précédent Bluray datait de 2010 et était issu d’un master vidéo daté. Les cadres ont été sérieusement nettoyés et stabilisés, plus aucune trace ou imperfection à l’horizon, tandis que la photographie, plutôt sombre et penchant presque vers le monochrome, gagne un soupçon de variété et d’élégance avec l’apport d’un Dolby Vision moins spectaculaire que délicat. Quelques réserves peut-être sur la définition qui certes affirme de jolis détails coté costumes, décors, et rides de toutes sortes, mais qui aurait sans doute pu être légèrement plus appuyée pour vraiment toucher la perfection.
Son
Pas de Dolby Atmos ici mais des propositions DTS HD Master Audio 5.1 tout à fait convaincante préservant l’aspect finalement presque intime du film, accompagnant avec limpidité et vivacité les dialogues, tout en lui apportant une jolie dynamique lors des scènes les plus excités. Quelques ambiances bien dessinées, une certaine emphase sur les musiques ou les extraits de prestations d’Elvis… Naturellement la version originale assure plus de rondeurs, mais la vf est plutôt sympathique.
Interactivité
Fourreau épais, digipack cartonné et édition numéroté limitée à 2000 ex pour Bubba Ho-Tep, accompagné par sa mini affiche, son petit sticker et un nouveau livret très complet retraçant pas à pas la gestion du film, ses transformations, sa production, son tournage et sa sortie sur les écrans. Un résumé des plus complets de l’imposante masse de suppléments vidéo que l’on retrouve partiellement sur le disque UHD, mais aussi et de manière bien plus complète sur le Bluray.
Un mélange assez opulent allant piocher autant du coté de l’ancienne édition collector française (il y a même le sujet sur les fans locaux d’Elvis) ou de la beaucoup plus récente itération de Shout Factory. On y découvre de toutes nouvelles interviews de Don Coscarelli et Bruce Campbell, qui se remémorent chaleureusement l’expérience du film, leur collaboration, le statut à part du métrage dans leur carrière, mais ne faisant en l’occurrence que plus ou moins répéter les propos déjà échangés dans leur commentaire audio commun, on ne peut plus détendu, ou dans les entretiens d’archives toujours présents. La parole laissée à Robert Kurtzman permet elle d’explorer la question des effets spéciaux, de la création de la fameuse momie aux maquillages de vieillissement et autres petites excentricités. Mais là encore tout, ou presque, avait déjà été dit dans l’excellent making of de près d’une heure produit en 2002, et abordant allègrement les questions du tournage, des SFX, des costumes, de la musique (entre autres) avec la participation collégiale de toute l’équipe (et donc quelques échanges avec Ossie Davis) et de nombreuses images des coulisses.
Reste encore un petit reportage lors d’une première à Londres avec présentation et Q&A en compagne de Coscarelli et petite vidéo hilarante enregistrée par Campbell, la lecture des premières pages du roman par Joe Lansdale en personne, le clip de la chanson générique et de petites scènes coupées / rallongées qui effectivement restent assez anecdotiques finalement.
Un programme qui se veut exhaustif, quitte à délivrer à de multiples reprises les mêmes informations, mais qui au moins ne nous laisse pas sur notre faim. Et ça Elvis aurait apprécié.
Liste des bonus
Un livret, une affiche, un sticker, Commentaires audio de Don Coscarelli & Bruce Campbell, « Qu’est-ce qu’un Cult Movie » avec Mathieu Jaborska (27′), Interview de Bruce Campbell (22′), Interview de Don Coscarelli (24′), Interview avec Robert Kurtzman, maquilleur (8′), Making of d’époque (48′), Entretien d’époque avec Don Coscarelli (20′), Entretien d’époque avec Bruce Campbell (11′), Scènes coupées (6′), « Elvis My Hapiness » : le fan-club français d’Elvis (15′), Avant-première à Londres (10′), Lecture par Joe Lansdale (7′), Clip, Bandes annonces.