BRIGADE DES MŒURS
France – 1985
Support : Bluray
Genre : Policier, Action
Réalisateur : Max Pécas
Acteurs : Thierry de Carbonnières, Jean-Marc Maurel, Gabrielle Forest, Christian Barbier, Lillemour Jonsson, Bernard Rosselli, Olivia Dutron, Brigitte Lahaie…
Musique : Léo Carrier, Jean-Paul Daine
Image : 1.85 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Durée : 97 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 14 décembre 2023
LE PITCH
Des travestis vendent leurs charmes dans le bois de Boulogne quand soudain surgissent des motards lourdement armés, qui abattent trois personnes parmi lesquelles Dolores, un indic de Gérard Lattuada, inspecteur à la brigade des moeurs. Celui-ci hérite de l’enquête. Investiguant dans les bas-fonds des pornos clandestins, aidé en cela par ses connaissances dans les milieux de la prostitution, Lattuada apprend qu’un dangereux caïd surnommé le Grec a commandité le meurtre de Dolores. Le policier et ses équipiers se verront bientôt entraînés dans un déchaînement de violence.
On est venu là pour se faire éclater
Grand spécialiste de la comédie franchouillarde et des nichons à l’air, Max Pécas renverse la table et pose ses balloches sur ce qu’il en reste en 1985 en signant, en plein cœur de la décennie du polar musclé hexagonal son rejeton les plus déviant et le plus nihiliste : Brigade des mœurs. De la grosse série B qui tache, violente à souhait, devenue avec les années totalement culte… avec une petite pointe de plaisir honteux en prime.
Entre les purs films érotiques, quelques sorties pornos et bien entendu un défilé de joyeuses comédies de plage célébrant autant la bêtise que les monokinis et les frotti-frotta, Max Pécas n’a jamais vraiment eu les honneurs d’un dossier spécial dans Les Cahiers du cinéma. Réalisateur forcément à part dans le paysage français, ce dernier est un authentique fournisseur de purs produits d’exploitation, de plaisirs rapides, cons, pas toujours bien fignolés, mais sincères et populaires. Et s’il avait déjà quelque peu versé dans le vague thriller policier dans ses premières années avec des objets comme Cercle Vicieux ou Douce Violence, c’est cependant son fils Marc Pécas qui est à l’origine de ce Brigade des mœurs, particulièrement attiré par toute la vague de polars coups de poings qui animent alors le box-office local. Un peu comme un retour aux sources, mais avec tous les excès que le genre peut revêtir durant cette décennie (blouson noirs, bastos dans la tronche et justice expéditive) avec des leviers poussés au maximum… Sans oublier la propension du metteur en scène à placer dès qu’il le peut quelques donzelles les poitrines et les fesses à l’air en visitant les boites à partouzes du coin de la rue. Les choses sont parfois bien faites.
A coups de bastos dans le bon goût
Pas un grand poète, par un grand théoricien non plus, Max Pécas s’enfonce jusqu’au coude dans la violence âpre et gratuite décrivant un monde criminel peuplé uniquement de truands brutaux, de sadiques pervers, s’étripant pour quelques grammes de coke et quelques billets verts, et dézinguant putes et femmes de juge au passage. Dès son introduction, Brigade des mœurs ne fait que peu de mystère sur la teneur du spectacle à venir offrant au spectateur médusé un défilé de travestis haranguant le client les faux nichons en évidence et la quéquette à l’air… juste avant qu’ils se fassent exploser le bide au fusil à pompe et qu’on les retrouve froidement exposés sur les tables de la morgue. Le sang gicle plus que de raison, les altercations s’achèvent à coups de mains tranchés, de hachoirs dans la tronche, de lacérations au couteau et les pauvres cachetonneuses se font constamment tabassée (au mieux) ou menacée de se faire arracher les ovaires à coups de tessons de bouteille dans le vagin. Vaste programme. Un décor sordide dans lequel notre brave héros, l’inspecteur Gérard Lattuada (Thierry de Carbonnières, plutôt convaincant) va être poussé à devenir le bras armé de la vengeance et éliminer le vilain gang à lui tout seul. Putassier, réac, bourrin, trash et surtout totalement bisseux, Brigade des mœurs ne se présente pas comme un grand acte politique ou idéologique, mais uniquement comme un divertissement bas du front, un peu con, cafouilleux souvent avec son scénario aux quatre vents et aux dialogues qui aimeraient tellement résonner comme du Audiard, mais indéniablement généreux et finalement plutôt bien troussé.
Régulièrement assez fainéant dans sa mise en scène Max Pécas semble ici bien plus inspiré livrant une copie relativement nerveuse, s’offrant même de tous petits effets très efficaces (les vues subjectives des exécutions au fusil), pour un résultat bien rythmé et oui, indéniablement divertissant. De là à dire qu’il s’agit de son grand chef d’œuvre, il n’y a qu’un pas… et hop.
Image
Le Chat qui fume n’a peur de rien, même pas de se lancer dans une restauration 4K de Brigade des mœurs. Un travail maison effectué, comme toujours, avec beaucoup de soin, à partir des négatifs originaux. Le master est désormais d’une propreté immuable, parfaitement stable, assurant dès lors un piqué bien senti et une définition constamment creusée. Aucun détail, scabreux, ne vous échappera mais il faut bien reconnaitre aussi qu’avec ce coup de jeune, le film perd clairement ce coté craspec et carrément fauché de l’image qui lui collait à la peau. La photographie reste froide et réaliste, mais se dote aussi d’accents beaucoup plus cinématographiques avec, entre autres, des noirs bien tenus. Un bluray on ne peut plus solide.
Son
S’il y a eu ici aussi forcément une restauration d’effectuée, elle est forcément un peu moins spectaculaire que pour l’image. Les petites dissonances sonores de la captation originale sont toujours perceptibles. En revanche les équilibres sont plus sensibles, les dialogues plus clairs et la légère dynamique stéréo n’est pas désagréable.
Interactivité
L’édition comprenant le disque UHD ayant été rapidement épuisé, Le Chat qui fume propose heureusement toujours une version Bluray simple du film. Un boitier scanavo classique mais avec les mêmes suppléments sur le disque, soit trois interviews inédites.
A commencer par celle de Thierry de Carbonnière, premier rôle du film, et qui revient sur cette expérience toute particulière, son personnage et quelques souvenirs de tournage. Très attaché au film, l’acteur n’hésite pas à raconter les difficultés du métier et le regard pas toujours très chaleureux de celui-ci sur sa participation au film en question. Olivia Dutron aussi a payé le prix de ses collaborations avec Max Pécas qui lui fermèrent l’accès à d’autres longs métrages cinémas (dont un film de Zulawski), mais elle garde cependant une vraie tendresse pour ces années de fraiches comédies. Autres noms assez fréquents dans l’entourage du fameux réalisateur, le directeur photo Jean-Claude Couty se remémore un peu le fameux tournage, mais étend aussi le propos à l’ensemble de sa carrière, des documentaires de Cousteau aux dossiers d’Arte, avec une simplicité et une modestie très touchante.
Le programme se conclue avec l’intervention, toujours un peu décalée et volubile, du critique Christophe Lemaire qui se souvient, vaguement, de sa découverte du film à l’époque de Starfix, mais aussi du statut et du parcours de Max Pécas dans les années 70/80.
Liste des bonus
« Flic de choc » avec Thierry de Carbonnières (33’), « La Belle, La Blonde et la Bronzée » avec Olivia Dutron (22’), « Photographe des mœurs » avec Jean-Claude Couty (24’), Souvenirs de Christophe Lemaire, Bande-annonce.