BOSS LEVEL

Etats-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Joe Carnahan
Acteurs : Frank Grillo, Naomie Watts, Mel Gibson, Selina Lo, Michelle Yeoh…
Musique : Clinton Shorter
Durée : 100 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Metropolitan Films & Video
Date de sortie : 6 mars 2021
LE PITCH
Piégé dans une boucle temporelle qui répète à l’infini sa mise à mort, l’ancien agent des forces spéciales Roy Pulver découvre des indices sur un projet gouvernemental secret qui pourrait dévoiler le mystère sur le piège infernal dont il est l’otage. Dans une course contre la montre, Pulver doit traquer le colonel Ventor, le puissant chef du programme gouvernemental, tout en devançant des assassins impitoyables déterminés à le supprimer.
Die Hard and Retry
Comme pour son précédent film, Stretch, le nouveau Joe Carnahan, Boss Level, atterrit directement en sortie vidéo, inévitable malheureusement ces temps-ci. Mais même sur petit écran, le cinéma de Carnahan est un rendez-vous que les amateurs d’action ne doivent pas manquer.
Un rendez-vous à ne pas manquer car il se fait de plus en rare malheureusement. Révélé dans les années 2000 avec Narc, excellent polar qui se plaçait à la fois en héritier de Friedkin (dans son âpreté) et de Mann (dans le spleen de ses personnages). Mais Joe Carnahan a très vite montré un autre visage dès son film suivant avec Smokin’Ace, un film d’action complètement déjanté remplis de personnages badass et hauts en couleurs mais qui avait la particularité de montrer des facettes étonnamment tragiques, qui leurs donnaient une profondeur assez inédite dans ce type de production (n’est-ce pas Guy Ritchie ?). Un virage vers le film d’action fun et bourrin qui s’est accentué encore plus avec L’Agence Tous Risques pour ensuite revenir dans le sérieux le plus total, avec ce qui est à ce jour, son meilleur film, le funèbre et magnifique Le Territoire des Loups.
C’est à peu près à cette époque que le projet de Boss Level a commencé à se développer. Sur la base d’une histoire écrite par deux frères, Chris et Eddie Borey, qui voit un homme coincé dans une boucle temporelle qui le force à revivre la journée de sa mort. Mort à laquelle il est difficile d’échapper puisqu’il est pourchassé par une dizaine d’assassins qui ne lui laisse aucune seconde de répit. Emballé par le script Carnahan décide pourtant d’y ajouter sa touche et ainsi, comme pour il l’avait fait pour Mise à prix, donner de l’épaisseur au film sorti de son concept de base.
New Game +
Et ce concept de base, on y est projeté dès les premières secondes du film, grâce à la voix off d’un Roy, nous présentant son quotidien, ayant déjà vécu plus d’une centaine de morts au cours de cette journée sans fin et maitrisant parfaitement son environnement et ses assaillants, jusqu’à une heure fatidique qu’il n’arrive pas à dépasser. Une introduction très énergique et efficace, qui permet de présenter dans les quinze premières minutes, les lieux que l’on va visiter (et revisiter) de nombreuses fois, les différents adversaires de Roy et les personnages secondaires qui l’aideront dans sa quête. Par contre une fois passée ce prologue, le film décide brutalement de faire marche arrière et de raconter comment le personnage s’est retrouvé dans cette situation, et là le rythme en prend méchamment un coup puisque qu’on passe sur un découpage beaucoup plus calme mais surtout sur des dialogues très explicatifs beaucoup moins ludiques que la voix intérieure de Roy qui nous accompagnait jusque-là. Un ralentissement qui est clairement le gros point faible du film et qui dure en plus, plus longtemps que le prologue qui était déjà censé nous expliquer les tenants et aboutissants de l’histoire. eureusement une fois cette deuxième introduction finie, le film recommence à s’amuser et nous aussi.
Car s’il y a bien une chose qui caractérise les films d’action de Joe Carnahan c’est bien leur générosité et de ce côté-là, entre fusillades, courses-poursuites, bastons à main nues et à l’épée et des mises à mort aussi nombreuses que variées, le film, et les acteurs, s’en donnent à cœur joie et ça fait vraiment du bien de retrouver des scènes d’action bien découpées et compréhensibles et surtout légitimées par le scénario. Ainsi certaines facilités de scénario sont facilement acceptées grâce au jeu des scénaristes ou du casting sur l’inconscient du spectateur, qu’il soit cinéphile ou gamer. On accepte plus facilement le maitre d’arme qui va entrainer Roy à manier l’épée parce qu’elle est incarnée par Michelle Yeoh ou qu’un personnage secondaire (un PNJ si on reste dans le domaine du jeu vidéo) va débloquer une situation une fois qu’on l’aura utilisé à bon escient. À l’instar d’un REC avec le found fortage, Boss Level exploite complètement et légitimise les mécaniques d’un jeu vidéo bien mieux que n’importe laquelle des adaptations que l’on se tape depuis 30 ans maintenant. Mais le vrai cœur du film, et ce qui fait l’intérêt des œuvres de Carnahan, c’est bien l’humanité qui anime ses personnages. Et la relation qui apparait au fur et à mesure de l’histoire, entre Roy et son fils devient au fur et à mesure le vrai cœur émotionnel du film et là se tisse un vrai lien avec la source originelle des films de boucle temporelle, Un jour sans fin. Passé le concept, qui amène la comédie dans le film d’Harold Ramis et l’action dans celui de Carnahan, ce sont deux récits qui parlent de la dépression et de la façon de s’en sortir. La sensation d’être bloqué dans sa vie, de ne pas avancer, et, où la clé pour s’en sortir est l’ouverture aux autres et la régénération que cela apporte à soi-même.
Il y a plusieurs points sur lesquels on peut critiquer Boss Level, sa structure scénaristique déséquilibré, son faible budget qui ne permet pas d’avoir des SFX convaincants parfois ou un casting pas toujours bien utilisé mais c’est un film sincère, généreux, qui ne se moque jamais du spectateur et qui a beaucoup de cœur. Bref c’est un film de Joe Carnahan et c’est trop rare pour passer à côté.
Image
Du très bon boulot comme d’habitude avec Metropolitan. Le film n’étant pas avare en explosions et scènes d’action en tout genre, le transfert blu-ray est un régal pour les yeux avec une excellente définition, des contrastes très bien gérés et un piqué très précis.
Son
Rien à dire là aussi, le bluray nous propose une piste DTS-HD Master-audio à la fois en VO et en VF. Une excellente façon d’apprécier les voix rauques de Frank Grillo et Mel Gibson (et profiter une dernière fois de la voix de Jacques Frantz en VF) mais surtout toutes les explosions, fusillades, duels à l’épée et aux poings, tous parfaitement mixés et bien équilibrés avec les dialogues (et la voix-off très présente) et la bande son.
Interactivité
Pas grand-chose à se mettre sous la dent malheureusement côté bonus. Un très court making-of qui tient plutôt de la featurette promotionnelle mais où on apprend quand même quelques infos intéressantes, notamment les réécritures de Carnahan pour se concentrer sur la relation père-fils. On aurait aimé voir ces infos plus développées dans un commentaire audio de Carnahan, Grillo et Gibson, les trois ayant l’ayant l’air, dans les images du making-of, de très bien s’entendre.
Liste des bonus
Making-of (8’), Bandes annonces.