BONS BAISERS D’ATHÈNES

Escape to Athena – Royaume-Uni – 1979
Support : Bluray & DVD
Genre : Guerre, Action
Réalisateur : George Pan Cosmatos
Acteurs : Roger Moore, Telly Savalas, David Niven, Stefanie Powers, Claudia Cardinale, Richard Roundtree, Sonny Bono, Elliott Gould…
Musique : Lalo Schifrin
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 119 minutes
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 6 mai 2025
LE PITCH
Le Stalag VII Z n’est pas un camp comme les autres : niché au cœur des îles grecques, les nazis y font travailler des prisonniers hors du commun au sein de l’unité de récupération des antiquités. Mais alors que les résistants organisent en 1944 la libération de l’île, les détenus y voient l’opportunité de s’évader en dérobant les trésors que recèle le monastère d’Athéna, caché dans les montagnes.
Sandwich grec
Malgré le titre français bien opportuniste (et qui ne fait même pas référence à la bonne période) et la présence de Roger Moore, Bons baisers d’Athènes n’est pas un chapitre oublié de la grande saga de 007. Un film de guerre et d’action plutôt mais cultivant effectivement la même décontraction et esprit BD que les trépidations du James Bond de l’époque.
Nettement mis en avant sur les affiches et durant la tournée promotionnelle du film, notre brave Roger Moore, qui vient tout juste de sortir du plus cosmique (et nawak) des James Bond avec Moonraker n’est cependant pas tout à fait le héros de l’histoire. Il interprète ici le Major Otto Hecht de l’armée allemande, responsable d’un camp de prisonnier caché sur une petite ile isolée des territoires grecs. Mais attention, le bougre est d’origine autrichienne, et ceci expliquant peut-être cela, ne se montre pas si enclin que d’autres à faire régner la terreur dans la région. Il s’oppose ainsi à un véritable général SS, et préfère organiser quelques spectacles pour ses pensionnaires, dragouiller une jolie effeuilleuse et mettre de coté quelques trésors locaux pour sa future retraite. Flegmatique, séducteur et plutôt sympathique dans ses aspects voyous, il incarne à la perfection l’âme de ce film décidément très décontracté dont le camp pratique beaucoup moins les privations et les mauvais traitements que la farce et la surveillance légère façon Papa Schultz. Et les soldats sur place, comme Richard Roundtree (le Shaft !) et Sonny Bono (le Sonny de Cher !) ne pensent bien entendu qu’à s’enfuir, menés par le vétéran, et archéologue joué par le grand David Niven (Une Question de vie ou de mort, Les 55 jours de Pékin, Casino Royale…). Une grande évasion qui n’est qu’un des multiples ingrédients de ce Escape to Athena qui, il faut bien l’avouer, bouffe un peu à tous les râteliers du film de guerre avec son duo d’artistes itinérants très américains joués par Elliott Gould et Stefanie Powers que l’on croirait presque échappés de la satire MASH, ainsi qu’un très charismatique Telly Savalas, seule figure presque sérieuse de l’affaire.
Tous frais payés
Dans la défroque d’un résistant grec, trouvant un peu de chaleur dans les bras de la sublime Claudia Cardinale en prostituée au grand cœur, il apporte quelques instances dramatiques, un vague sentiment d’urgence et d’honneur, dans une trame qui verse bien plus volontiers du coté de la grande blague (l’apparition de William Holden en clin d’œil à Stalag 17 en atteste) et du grand spectacle décomplexé, pas si loin que cela du film de mercenaire couillu à la 12 Salopards, mais sans la violence crue ou la noirceur. Et le film de s’embarquer alors dans une forme de chasse au trésor caché dans un monastère isolé, qui se révèlera au passage la base secrète d’une nouvelle arme de pointe pouvant faire basculer l’issue de la guerre. Chassez le Bond il revient au galop, jusque dans la défroque des gardes tout droits sortis d’un vieux film de SF kitch. Du cinéma BD, presque familial et en tout cas plutôt fun où la belle troupe d’acteurs, profitant manifestement joyeusement de quelques mois passés en bord de mer, prend grand plaisir à l’affaire, cabotinant juste ce qu’il faut entre deux cocktails, deux fusillades (« ratata-ratata ») et deux explosions. Il faut dire que le réalisateur s’efforce d’emballer le tout avec beaucoup de soin et d’énergie. Ancien assistant sur Zorba le grec, ayant fait ses preuves sur le film catastrophe Le Pont de Cassandra et s’apprêtant à fracasser les 80’s avec Rambo II et Cobra, George P. Cosmatos n’a pas forcément de génie mais beaucoup d’ambition, multipliant les grands travelling volant célébrant les superbes paysages du coin, s’engouffrant dans une spectaculaire poursuite en moto dans d’étroites ruelles ou libérant les feu de l’enfer dans un final pyrotechnique aussi réjouissant que parfaitement gratuit.
Certainement pas un grand film de guerre, passant allègrement à coté de toutes considérations historiques ou politiques, Bons baisers d’Athènes est un divertissement comme on en fait plus… et pas uniquement à tort. Désuet donc, mais définitivement sympathique et franchement généreux dans ses débordements.
Image
Pas toute jeune, la copie du film traine dans les cartons depuis une bonne quinzaine d’année et a déjà connu quelques éditions alentours. L’arrivée française un peu tardive souligne forcément un peu l’âge du master HD, conçu à une époque ou la 4K n’était pas la norme, mais n’en atténue pas totalement les qualités. Hérité d’un master vidéo à l’ancienne mais très joliment restauré, le Bluray propose donc une image bien propre, bien stable et où surtout la définition n’est jamais gâchée par l’abus de DNR et autres filtres disgracieux. Le métrage garde plutôt bien son grain et ses matières, délivre des couleurs assez intenses et des contrastes appréciables. Manquent forcément un peu plus de force et de relief dans le rendu global, un peu trop plat, mais l’ensemble est tout à fait confortable.
Son
De la même façon, la version originale n’a pas besoin de faire de grandes effusions pour souligner la solidité de restitution de son mono d’origine. Ici disposé dans un DTS HD Master Audio 2.0 bien clair, fluide et légèrement dynamique, il fait la nique à une version française, certes savoureuse dans son doublage, mais bien plus écrasée et mal équilibré dans son rapport voix / effets.
Interactivité
Eléphant Films nous propose comme à son habitude un combo Bluray / DVD d’apparence relativement sobre, mais avec en l’occurrence un supplément assez long et étonnant. Un montage de plus d’une heure d’interviews enregistrées sur pellicule dans les coulisses du tournage avec les participations plus ou moins sérieuses d’Elliott Gould, George P. Cosmatos, Claudia Cardinale, Anthony Valentine ou des producteurs, et qui évoque naturellement l’aventure du film, les personnages, les particularités (bien agréables) d’une production directement en Grèce et la volonté générale d’offrir un grand spectacle et de s’amuser. Un moment bien généreux et détendu auxquels il manque juste quelques images de plateaux pour se donner des airs de parfait petit making of.
A cela, l’éditeur français ajoute aussi une nouvelle présentation du film par le critique Justin Kwedi qui évoque le ton particulier du métrage, son casting de star, la trajectoire du metteur en scène et le mélange des genres qui fit le bonheur des téléspectateurs français durant de longues années.
Liste des bonus
Le film par Justin Kwedi (14’), Interviews de l’équipe du film (76’), Bande-annonce d’époque.