BONES AND ALL
États-Unis – 2022
Support : Bluray
Genre : Fantastique, Drame
Réalisateur : Luca Guadagnino
Acteurs : Taylor Russell, Timothé Chalamet, Mark Rylance, Michael Stuhlbarg, Andre Holland, Chloë Sevigny, David Gordon Green, Jessica Harper
Musique : Trent Reznor, Atticus Cross
Image : 2.40 16/9
Son : Dolby Atmos True HD Anglais, Dolby Digital 5.1 français, anglais, espagnol
Sous-titres : Français, néerlandais, espagnol
Durée : 130 minutes
Éditeur : Warner Bros. Entertainement
Date de sortie : 29 mars 2023
LE PITCH
Maren part à la recherche de sa mère et rencontre Lee, un adolescent à la dérive qui va l’embarquer dans un road trip enflammé sur les routes de l’Amérique profonde. Leur amour naissant sera-t-il suffisamment fort pour résister à leurs démons, leur passé et le regard d’une société qui les considère comme des monstres ?
Love & Freaks
Luca Guadagnino retrouve Timothé Chalamet six ans après le succès de Call Me by Your Name. Une nouvelle quête existentielle dans l’Amérique des années 80, mais cette fois-ci parasitée par des aspirations plus horrifiques. Quand l’amour à une petite fringale…
Maren aimerait certainement être une adolescente comme les autres. De celles qui sont invités aux soirées pyjamas, qui palabrent sur tout et sur rien avec les copines… et certainement pas de celles qui croquent d’un coup le doigt de la dites copine. Une premier scène choc, bien amenée, entre l’horreur et l’absurde brutal, qui va totalement changer le monde pour la jeune femme. Abandonnée par son père, qui ne peut plus la protéger d’elle-même, elle décide alors de s’embarquer pour un voyage à travers le pays à la recherche d’une mère qu’elle n’a jamais connu. Simple chronique adolescente qui va se transformer en road trip romantique lorsqu’elle va faire la rencontre de Lee, lui aussi tenaillé par la même faim, lui aussi vivant en marge d’une société presque absente (le vide et l’absence habitent le plus souvent les cadres), lui aussi s’efforçant de rompre la solitude. Deux être fragilisés par leur statut hors des normes, par des rapports troublés avec leurs parents, et dont les rêves naturels de reconnaissance, d’existence, de fusion charnelle, vont se heurter à la dureté de l’existence. Le réalisateur italien n’évoque plus ici, comme dans sa version fascinante de Suspiria, les effluves sulfureuses de Dario Argento ou Andrzej Zulawski, mais réveille plutôt les fantômes du Terrence Malick de La Balade sauvage. Il s’engouffre alors dans les paysages désolés d’une Amérique d’à côté, entre parking miteux, squats oubliés et rednecks inquiétants, où les échappés dans les décors naturels et élégiaques sonnent d’autant mieux comme les échos d’un paradis perdus.
D’amour et de chair fraiche
Troublants, touchants, un peu bruts parfois, Taylor Russell (une révélation) et Timothé Chalamet frappent fort en grands gosses mal dans leur peau, capables de s’offrir pour quelques instants seulement « une vie normale ». Un joli drame adapté du roman éponyme de Camille DeAngelis qui mêlait à sa romance délinquante un environnante horrifique certains, faisant de Maren et Lee deux cannibales, plus métaphoriques et maladifs que maléfiques. Une mythologie étrange qui affleure, laisse entrevoir quelques monstres authentiques qui habitent les chemins abandonnés, quelques bribes de règles et de rites évoqués, mais dont manifestement Luca Guadagnino ne sait pas trop quoi faire, plus occupé à capturer les sentiments on ne peut plus normaux de nos deux héros. Une sensation de collage nait alors tout du long du film, comme si ces créatures dévorantes, les notes les plus glauques de la musique de Reznor et Cross, n’étaient jamais vraiment à leur place dans ce film qui se voudrait surtout poétique, contemplatif et presque naturaliste. Loin des sensations primaires attendues, entre petites notes de gore et de surnaturel bizarroïde à la David Lynch, ces quelques séquences qui jalonnent le film en entame surtout le rythme déjà fragile et lui confère quelques moments d’ennuis et d’inutiles.
Pas toujours convaincant, Bones and All ne sera sans doute pas le film générationnel qu’il espérait, mais le chemin est jalonné tout de même de très beaux moments.
Image
Malheureusement pas de sortie 4K pour Bones and All et ce malgré un tournage en 35 mm et une photographie ultra léchée et subtile signée Arseni Khachaturan. Reste tout de même un Bluray de très haute qualité avec une définition imposante qui incarne à merveille les paysages amples, souligne chaque détails des environnements et des personnages, avec un travail plus que convaincant sur les lumières, entre l’heure magique, les nuits toujours chaudes et les après-midis sous un soleil le plus souvent froid. Quelques petits artefacts de compression se laissent parfois entrevoir, mais cela reste fugace et discret.
Son
Superbe mixage anglais avec un Dolby Atmos qui retrouve toute la richesse des sensations perçues en salles. Une piste minutieuse autant sur ses effets naturels (vents légers…) et urbains (véhicules, passants hors-champs) que sur ses sensations enveloppantes, romantiques ou parfois bien inquiétantes véhiculées par les nappes musicales de Trent Reznor et Atticus Cross. A coté le Dolby Digital 5.1 du doublage français parait un peu triste et bien timide.
Interactivité
Cinq petites featurettes bien promo de deux minutes chacun se suivent, utilisant parfois les mêmes extraits d’interviews et quelques scènes du film pour illustrer… Autant dire qu’on y apprend, n’y voit, pas grand-chose d’intéressant.
Liste des bonus
« Une plongée au coeur du film », « Luca Guadagnino : sa vision de Bones and All », « À la rencontre de Lee », « À la rencontre de Maren », « Des marginaux amoureux ».