BOITE NOIRE
France – 2021
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Yann Gozlan
Acteurs : Pierre Niney, Lou de Laâge, André Dussollier, Sébastien Pouderoux, Olivier Rabourdin…
Musique : Philippe Rombi
Durée : 130 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français Dolby Atmos et DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Aucun
Editeur : StudioCanal
Date de sortie : 12 janvier 2022
LE PITCH
Que s’est-il passé à bord du vol Dubaï-Paris avant son crash dans le massif alpin ? Technicien au BEA, autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile, Mathieu Vasseur est propulsé enquêteur en chef sur une catastrophe aérienne sans précédent. Erreur de pilotage ? Défaillance technique ? Acte terroriste ? L’analyse minutieuse des boîtes noires va pousser Mathieu à mener en secret sa propre investigation. Il ignore encore jusqu’où va le mener sa quête de vérité.
La note juste
Autrefois terre d’un cinéma policier, d’une certaine forme de thriller, maniant un réalisme implacable à une efficacité toute populaire, la France reprend un peu du poil de la bête. Dans cette nouvelle génération de cinéastes de ciné de genre, Yann Gozlan (Captifs, Un Homme idéal, Burn Out) n’est pas le moins intéressant, et Boite noire séduit autant par sa maîtrise formelle… que sonore.
Deux ans après l’étouffant thriller sous-marin Le Chant du loup, Boite noire vient lui aussi installer son suspens dans un paysage majoritairement sonore. Celui de Mathieu Vasseur (impeccable Pierre Niney) spécialiste des analyses sonores pour la BEA, qui va déceler dans le témoignage de la boite noire d’un avion crashé, des indices dissonants avec la théorie officielle. Un personnage obsessionnel, agaçant pour certains à cause de ses capacités pointilleuses, qui se laisse littéralement autant happé par son enquête que par la profusion de sons qui l’entoure. Une forme d’oreille absolue, qui entraîne cependant quelques crises d’acouphènes aux origines, semble-t-il, plus psychologique que physique. Le film relève donc énormément de l’expérience sensitive, absolument magnifiée par un mixage sonore foisonnant et incroyablement précis, qui plonge le spectateur aussi bien dans l’univers personnel du protagoniste (absolue pertinence du plan séquence et du hors champs) que dans l’enquête même, constamment à la recherche d’un élément auditif qui viendrait remettre en cause la ligne toute tracée… comme en apnée.
Bruit blanc
Déjà scénariste sur La Mécanique de l’ombre de Thomas Kruithof (là encore tout était dans l’écoute), Yann Gozlan renoue avec ce cinéma parano et potentiellement politique des années 70/80, effectuant le lien entre les modèles Conversation secrète de Coppola et Blow Out de De Palma, et le versant plus sec d’un Yves Boisset ou systématiquement le héros seul contre tous voyait tomber un à un les masques de la réalité qui l’entoure. Ici celui du monde de l’aviation, comme tout autre microcosme industriel, où tous les regards deviennent suspects, étrangers même, à l’instar de celui de la charmante épouse, Lou de Laâge un peu coincée, aux dents qui rayent le plancher. Simple mais efficace, le déroulé du récit ne se laisse jamais rattraper par la posture ou l’effet de style, délivrant avec un sens du rythme bien rodé un suspens implacable et exponentiel, qui va aussi bien reposer sur l’analyse récurrentes de quelques secondes d’enregistrement à peine déchiffrable que sur une redoutable séquence nocturne, traversée de bois à peine éclairés et plongée dans des eaux glacés, où les révélations sont enfin à portée de mains alors qu’une menace directe, mais invisible et silencieuse, se fait de plus en plus oppressante. Presque en retrait jusque-là, la musique de Philippe Rombi n’hésitera d’ailleurs pas dans cette dernière bobine à jour les Bernard Hermann en pleine psychose, comme pour adouber une mécanique parfaitement huilée et admirablement ludique.
Image
Malgré sa photographie voulu des plus réalistes, assez grisonnante et bleutée donc, Boite noire impressionne fortement sur support UHD. D’ailleurs la rehausse ne se fait pas là non plus sur un déluge de couleurs, mais sur une affirmation solide et impeccable des qualités déjà présentes à la base, outre des blancs plus nets et des bleus légèrement plus forts, la définition se creuse encore plus, les contours se dessinent avec plus de fermeté et l’ensemble retrouve directement toute l’intensité de sa source 4K.
Son
Primordial et pleinement au centre de la narration du film, le mixage sonore est proposé dans un excellent DTS HD Master Audio 5.1 et surtout sous la forme d’une piste Dolby Atmos impériale. Rarement un film n’aura immergé avec autant de finesses et de subtilités le spectateur dans une expérience sonore complète. La spatialisation est brillamment accaparée afin de faire ressentir la moindre sensation, laisser entendre le moindre détail et permettre au spectateur de joueur à son tour les détectives auditifs. Un impressionnant travail de design sonore au réalisme plus que probant, que ce soit sur la restitution du ressenti de Mathieu Vasseur ou le réalisme des ambiances directes (bureaux, aéroports…) retranscrites à chaque instant.
Interactivité
Pas de making of à se mettre sous la dent, il va donc falloir se tourner vers le commentaire audio enregistré par le réalisateur et ses deux coscénaristes. Heureusement, celui-ci va au cœur des choses, explorant les séquences les plus marquantes du film, la construction des personnages, l’importance du montage sonore et même l’avenir de l’aéronautique mondial. L’exercice est complété par une sélection d’extraits du story-board du film et le court métrage Echo du même Yann Gozlan qui gagna cette année-là le Prix du court métrage à Gérardmer. Il y est déjà question d’obsession sonore avec une femme enceinte qui scrute les bruits qui proviennent de l’appartement voisin. Une mise en scène déjà assez maîtrisée et une atmosphère percutante qui se perd peut-être dans un twist final un peu bateau.
Liste des bonus
Commentaire audio de Yann Gozlan, Nicolas Bouvet et Simon Moutaïrou, Court métrage : « Écho » de Yann Gozlan (23’), Storyboards (15′).